Revenu universel : expérimentations vouées à l'échec?
Les expérimentations du revenu universel sont-elles vouées à l’échec ?
Par Laurent Pahpy, publié le 12 février 2019 sur le site du Figaro Vox (lien)
Pas d’effet sur l’emploi. C’est la conclusion récente de l’expérimentation du revenu universel menée en Finlande sur une population test. Ce n’est pas la première fois que cette idée en vogue est évaluée sur le terrain. Mais l’échec est toujours au rendez-vous. Le revenu universel ne crée pas de valeur. Il ne peut pas faire baisser le chômage.
Des échecs à répétition
Avec le revenu universel, chacun a le droit à une subvention mensuelle de quelques centaines d’euros par mois, indépendamment de son âge, de son statut ou de son salaire. Cette subvention est financée par une flat tax dès le premier euro de revenu.
Moins contraints économiquement, les plus pauvres pourraient alors satisfaire leurs besoins de base. Ils auraient plus de facilités à trouver un emploi tout en évitant le paternalisme stigmatisant du maquis des aides sociales d’État.
Simplification administrative, indépendance de chacun, restauration du libre arbitre, lutte contre le chômage technologique, élimination des effets de seuil, les avantages seraient nombreux et l’idée fait des émules chez de nombreux politiciens, de Benoît Hamon à Barack Obama.
Pour voir si cela fonctionne en pratique, le gouvernement finlandais a tenté l’expérience pendant une année sur un groupe de 2000 chômeurs sélectionnés aléatoirement. Ils ont reçu chacun 560 euros par mois sur la période 2017-2018.
L’étude préliminaire des résultats montre que si les bénéficiaires se déclarent un peu moins stressés, le revenu universel n’a pas permis d’augmenter leur emploi par rapport au groupe de contrôle.
Ce n’est pas la première fois que de telles études grandeur nature sont menées. Entre 1968 et 1982, le gouvernement fédéral des États-Unis a subventionné quatre expérimentations de ce genre. Résultat, c’est même une baisse significative de l’emploi qui est observée à chaque fois.
Une fausse bonne idée pour lutter contre le chômage
Si l’idée du revenu universel peut paraître séduisante de prime abord, force est de constater qu’il échoue à sortir les populations tests de la dépendance. Et c’est parfaitement logique. Pour l’exemple, prenons Frédéric, un riche rentier, et Charles, un chômeur sans revenu.
Première possibilité, le revenu universel. L’État prend 560 € à Frédéric pour les donner à Charles. Certes Charles a un revenu, mais seulement pour un mois, il est maintenu dans l’assistanat, car toujours au chômage. Frédéric n’a rien eu en échange. C’est un jeu à somme nulle (voire négative si on prend en compte le coût de la bureaucratie).
Seconde possibilité, l’investissement. Frédéric investit ces 560 € dans l’activité productive. Ce capital permet de créer une entreprise qui va produire de nouvelles richesses. Pour cela, l’entreprise aura besoin de main-d’œuvre et pourra embaucher Charles. C’est un jeu à somme positive : Charles crée de la valeur et gagne un salaire, Frédéric crée de la valeur et gagne un retour sur investissement et le consommateur en profite. Tout le monde y gagne, c’est le fondement du libre-échange et de l’économie de marché.
Plutôt qu’un revenu subventionné, un marché du travail inclusif
Le revenu universel n’aide pas Charles à sortir de la dépendance, car il ne crée pas de valeur. S’il peut soulager certaines contraintes économiques à court terme, il maintient Charles dans la trappe à pauvreté de l’assistanat à long terme.
En Finlande, comme en France, le taux de chômage relativement élevé de 7,4 % (9,2 % en France) s’explique surtout par une inadéquation du système de formation et par un marché du travail réglementé et peu flexible qui crée des barrières à l’entrée pour les jeunes peu qualifiés.
Le progrès social est une question d’incitations que seule une économie de marché compétitive et innovante permet d’atteindre. Tous les pays qui l’adoptent observent actuellement des pénuries d’emploi. Le marché du travail doit rester inclusif. Pour cela, nul besoin de revenu universel. Il est surtout indispensable d’alléger les barrières à l’entrée telles que les conventions collectives étendues, le salaire minimum, la surprotection légale des insiders aux dépens des outsiders ainsi que les inadéquations entre la formation professionnelle et la demande de travail.
Une faillite morale en sus de l’échec économique
Au-delà d’un échec économique annoncé, le revenu universel ouvre la porte à une dangereuse dérive collectiviste. Ce droit positif permet à l’État de prendre en charge chaque individu du berceau à la tombe et crée une dépendance quasi illimitée à l’administration.
Augmentations électoralistes du montant du revenu universel, instauration de la progressivité, financement par la planche à billets ou la dette (donc par les générations futures) … Les dérives politiques d’un tel système ne se feront pas attendre.
Le revenu universel pourrait aussi laisser croire que le simple fait d'exister donne un droit de jouir du travail d'autrui. Ses défenseurs vantent l’autonomie qu’il confère, mais il crée en réalité une dépendance encore plus grande vis-à-vis du reste de la société. Cette faute morale mène à la destruction de la responsabilité, fondement essentiel de la civilisation.
Refuser le revenu universel, ce n’est pas refuser la solidarité, c’est la rétablir. Aider son prochain en situation de handicap ou d’infortune nécessite un don sincère, responsable et consenti. Frédéric Bastiat sonnait déjà l’alarme il y a plus de 150 ans : « Il m'est tout à fait impossible de séparer le mot fraternité du mot volontaire. Il m'est tout à fait impossible de concevoir la Fraternité légalement forcée, sans que la Liberté soit légalement détruite, et la Justice légalement foulée aux pieds. »
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