Protection sociale et libertés individuelles

Protection sociale et libertés individuelles

 

Par Thierry Foucart

 

 

La liberté n’est pas donnée, elle se conquiert. Une fois conquise, elle doit être défendue, non seulement contre les ennemis de l’étranger, mais aussi contre ceux de l’intérieur : Il se rencontre aussi dans le cœur humain un goût dépravé pour l’égalité, qui porte les faibles à vouloir attirer les forts à leur niveau, et qui réduit les hommes à préférer l’égalité dans la servitude à l’inégalité dans la liberté 1.

 

 

En augmentant régulièrement les prélèvements obligatoires depuis 1981, les responsables politiques ont réduit les libertés individuelles et créé une sorte de bulle providentielle qui ne cesse de gonfler2. Avec plus de 45 % de prélèvements obligatoires, les intellectuels, journalistes, syndicalistes, etc. qui accusent le libéralisme d’être responsable de cette situation commettent un contre-sens évident.

Cette privation de liberté déresponsabilise les citoyens et génère depuis longtemps une tendance des foyers à réclamer toujours plus de prise en charge des difficultés individuelles par l’État, sans se rendre compte que c’est l’État qui est souvent à l’origine de ces difficultés et que ce sont les contribuables, c’est-à-dire eux-mêmes, qui le financent.

Le logement est caractéristique de cette tendance : les locataires reprochent aux bailleurs des loyers très élevés, ignorant que les prélèvements sociaux et l’impôt sur le revenu en prélèvent au moins la moitié (il faut bien financer les APL !), et la solution trouvée par les responsables politiques consistent à plafonner les loyers en augmentant parfois de façon outrancière les prélèvements (la taxe d’habitation a été augmentée de 60 % à Paris !). Les propriétaires sont pris en tenaille par des taxes exorbitantes et le plafonnement des loyers, auxquels s’ajoutent des normes écologiques très coûteuses les empêchant de louer leurs biens. Ces taxes sont devenues un impôt sur la fortune immobilière, fixé par un maire qui n’a pas été élu par ceux qui paient cet impôt puisqu’ils habitent souvent ailleurs.

La politique de santé est identique : on limite le nombre de médecins, on contrôle leur activité, on ponctionne leurs revenus, et les populations se trouvent devant des déserts médicaux. Certains politiciens veulent obliger les nouveaux médecins ou dentistes à s’y installer, alors que les administrations en sont parties. La médecine libérale est de plus en plus sous des contraintes administratives et financières dont l’objectif est de régler les difficultés que les règlementations antérieures, comme le numerus clausus, ont créées.

Ce procédé est général. Nos responsables politiques sont surtout des irresponsables sociaux : ils obligent les gens à financer leurs soins, mais ils ne peuvent pas les obliger à se soigner ! Vont-ils obliger tout le monde à souscrire une assurance automobile, même ceux qui n’ont pas de voiture ? Ils n’ont jamais compris que, surtout en cas de pénurie de tomates, il faut laisser faire les producteurs et non brider leur activité en les taxant, en fixant les prix et en leur imposant une production. C’est ce que faisait l’URSS.

Quand le goût du pouvoir et l’incompétence se retrouvent dans un responsable politique, syndical, la volonté de réussir lui fait perdre la probité : il se croit le meilleur et se met à tricher. S’appuyant sur les faibles dont il est issu, il substitue l’égalité dans la médiocrité à l’inégalité dans la liberté et le conformisme intellectuel à l’originalité de la pensée. Il renonce au progrès scientifique, économique et social, et continue de gonfler la bulle providentielle jusqu’à l’explosion finale.

1 Tocqueville AK., 1840, De la démocratie en Amérique, tome I, p. 115, Garnier Flammarion Paris, 1981

2 Foucart T., 2004, Pourquoi « la bulle providentielle » dénature la solidarité, Sociétal n°46, 4e trimestre 2004.




0 commentaire(s)


Vous souhaitez commenter ?

Votre adresse électronique ne sera pas publiée. Les champs requis sont marqués d'une *