Pour une Europe des nations avec la Russie
Pour une Europe des nations avec la Russie
Conférence de Marc Rousset du 4 juin 2022.
Merci de m’avoir invité au cercle Frédéric Bastiat.
Je vais essayer de me présenter : je suis essentiellement un chef d’entreprise, je lutte contre la décadence de notre pays et essaye d’éclairer notre parcours.
Une semaine avant l’opération russe sur l’Ukraine, au cours d’une interview sur TV Liberté, je m’étais permis de dire que la Russie l’envahirait, contrairement à l’opinion générale du moment.
Je déclarais même que si Poutine, compte tenu de ce qui se passait en Ukraine, ne l’envahissait pas, pour moi, il ne serait pas un grand homme d’État.
Je veux vous présenter la genèse de la sortie du livre que je vous présente :
J’ai produit tout d’abord 3 livres, l’un préfacé par Alain Peyrefitte, « La nouvelle Europe de Charlemagne », le deuxième préfacé par Yvon Gattaz « Les Euroricains », puis « La Nouvelle Europe Paris-Berlin-Moscou », enfin aujourd’hui, « Comment sauver la France. Pour une Europe des nations avec la Russie » qui est la synthèse des trois premiers.
Ce livre montre que si l’on veut sauver l’Europe, donc la France, il faut avoir une vision de la Grande Europe de l’Atlantique au Pacifique. Je me suis efforcé d’aborder toutes les faces de la question en donnant les éléments concrets et chiffrés sur la situation.
Les trois objectifs principaux de l’ouvrage sont le rétablissement de notre puissance militaire, de notre identité et de notre économie.
Pour ce faire il faut :
- Créer l’Europe des Nations, et non pas l’Europe fédérale, celle qui montre à la fois ses faiblesses et son autoritarisme.
- Établir un lien dynamique entre l’Europe telle qu’elle s’est peu à peu constituée, et la Russie.
Pourquoi ce plan est-il actuel ? C’est que la France est en faillite, ses élites parlent et pensent comme les Américains, elle importe tout produit de Chine et des pays émergeants, a de grandes chances de connaitre la guerre civile, au milieu d’une zone Euro qui finira par exploser, alors que, personnellement, j’étais un fervent supporter de la devise européenne.
Mon temps étant limité, je traiterai des relations possibles entre l’Europe et la Russie.
Un jour, j’ai eu l’occasion de parler avec l’ambassadeur de Russie qui m’a demandé pourquoi son pays semblait faire peur aux Français. Je lui ai répondu que c’était par un mélange de souvenirs historiques et de présentations médiatiques fortement inspirées par le soft-power américain.
Or il me semble qu’il est nécessaire d’avoir une Russie forte, qui puisse résister à la pression chinoise qui se fera de plus en plus forte vers l’Europe, avec laquelle cette nouvelle grande puissance a de vieux comptes à régler, datant du XIXe siècle, liés à ce qu’ils appellent « Les traités Inégaux ».
Quelle serait l’ambiance en Europe si la Chine atteignait l’Oural, ce qui est tout à fait possible compte tenu du rapport de force entre la Russie et la Chine, soit 140 millions d’habitants contre 1,4 milliards ? Ce serait un choc pire que celui subit par les Européens lors de la prise de Byzance par les Turcs en 1463.
On pourrait aussi parler de la protection russe contre la vague islamiste qu’elle a déjà brisée en Tchétchénie et en Syrie.
Le Président actuel de la Russie a l’ambition, que l’on peut comprendre, de rassembler le monde russe, c’est-à-dire Russie, Géorgie, Biélorussie, Nord du Kazakhstan, Est de l’Ukraine, Transnistrie. Ces régions russes avaient été séparées en 1991, à l’effondrement de la Fédération de Russie présidée par Boris Eltsine.
En ce qui concerne, l’Ukraine, il y a, chez les Russes, un sentiment comparable à l’Alsace-Lorraine pour les Français. C’est une province séparée, au moins pour la partie orientale.
La guerre en Ukraine est une guerre civilisationnelle, entre une démocratie autoritaire holiste russe contre la démocratie individualiste et hédoniste qui mène à la décadence que nous observons aujourd’hui, et qui ressemble étrangement à la fin de l’Empire romain.
La Russie n’a plus de capacité d’occupation d’espaces importants. Elle est sous-peuplée après les ponctions communistes et la 2eme Guerre Mondiale. L'URSS rassemblait cependant 250 millions d’habitants. La Russie n’en comprend plus que 140.
Les Russes souhaitent se rapprocher de l’Europe, malgré le fait que cette dernière représente actuellement un contre-modèle décadent quant au patriotisme et au respect de la tradition.
La Russie est bien sûr euro-asiatique mais son centre de décision est à Moscou. Sa civilisation s’est rapprochée de plus en plus de l‘Europe depuis trois siècles, et a produit des chefs d’œuvre fabuleux dans la veine européenne, en particulier en littérature et en musique. La période communiste a été un retour en arrière brutal vers des mœurs asiatiques cruels et autocratiques.
Le 29 mars 1949, au palais d’Orsay, le général de Gaulle s’est exprimé dans ces termes : « Moi, je dis qu’il faut faire l’Europe, avec un accord entre Français et Allemands. Avec une Europe faite sur ces bases, on pourra songer à construire, une fois pour toutes, une Europe avec la Russie. Il faut l’aider à changer de régime. Voilà le programme des vrais Européens. Voilà le mien. »
Une remarque au sujet de l’OTAN et de la conception gaulliste franco-germanique de l’Europe proche de la Russie : depuis la création de l’OTAN, aucun de 16 Secrétaires Généraux choisis par les Américains n’a été Français, et il n’y a eu qu’un Allemand, ce qui est assez significatif.
Le premier Secrétaire Général de l’histoire de l’Otan, un Anglais, lord Ismay, vieux militaire de l’armée des Indes, définissait l’OTAN comme une institution destinée à « garder les Américains dedans, les Russes dehors et les Allemands (ou les Européens) sous tutelle. »
L’avenir de l’Europe est euro-asiatique et n’est pas atlantique. L’Amérique, première puissance mondiale depuis un siècle pratique une politique qui cherche à bloquer tout rival, « Peer competitor », qui pourrait la gêner dans ses ambitions planétaires. Il faut, par tous les moyens, empêcher l’Europe de participer à la création d’un « Peer competitor ». Mitterrand avait bien vu et écrit, avant sa mort, que l’Amérique était un adversaire de l’Europe.
L’Europe et la Russie forment un bloc de 700 millions d’habitants contre 330 pour les USA. Les ressources en matières premières et hydrocarbures sont plutôt en faveur du bloc Europe-Russie. Un exemple de la situation ubuesque actuelle : faute de gaz russe, pour approvisionner l’Europe en gaz américain ou autres, il faudra 700 méthaniers pour remplacer Nord Stream 1.
L’Europe ne va pas de Washington à Bruxelles, avec entre les deux ce que les Anglo-Saxons appelle le Pond, la Mare, mais plutôt de Brest à Vladivostok, c’est-à-dire de l’Océan Atlantique à l’Océan Pacifique.
D’ailleurs pour les Asiatiques continentaux, l’Européen, c’est le Russe.
Actuellement la politique européenne inspirée par les USA, tend à pousser la Russie dans les bras de la Chine.
En 1991, l’ambassadeur US Robert Strauss a écrit à Washington, : « L’évènement le plus révolutionnaire de l’année 1991, ce n’est pas l’effondrement du communisme, mais la perte de l’Ukraine ».
Actuellement les Américains sont à la manœuvre en Ukraine. Zbigniew Brezinski, conseiller du Département d’État de Clinton et d’Obama écrivait en 1997 dans « Le grand échiquier » : « L’Amérique doit absolument contrôler l’Ukraine, car c’est le pivot de la puissance russe. En Europe, une fois séparée de la Russie, celle-ci n’est plus une menace ».
Alexandre Douguine, intellectuel nationaliste russe a écrit : « Ce n’est pas une guerre contre l’Ukraine mais contre BHL ( Bernard Henri Levy NDLR )et le globalisme, et sans la victoire en Ukraine, la Russie est morte. »
J’aimerais que les gouvernants européens se reprennent et aient une approche géopolitique plus factuelle sur l’avenir de leurs pays, en oubliant les mots d’ordre et les déclarations orientées confectionnées outre-Atlantique, qui vont à l’encontre de nos intérêts.
Croyez bien que cette conférence n’est pas une apologie de la Russie, mais c’est l’analyse historique, politique et économique de la situation européenne vue par un patriote français.
Retrouver la vidéo de cette conférence sur notre chaîne Youtube ainsi que la vidéo du débat qui a suivi. Marc Rousset Lire aussi « Le spectre d'un nouvel Holodomor en Ukraine? » et ce la politique que devrait suivre la France si l'on suit Bastiat
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Robot Bastiat
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