L’État : un nouveau Baal ?

Aux membres du Conseil permanent de la Conférence des Évêques de France Copie : Mgr Jean-Yves Nahmias   Ozoir-la-Ferrière, le 10 janvier 2019 (actualisé le 6 décembre 2019)   Messeigneurs, Paroissien « ordinaire » du diocèse de Meaux[1], j’ai reçu, le 12 décembre 2018, via la « lettre interne » dudit diocèse, copie du communiqué du 11 décembre 2018 par lequel vous faites connaître à la presse l’appel que vous avez adressé, ce même jour, aux catholiques de France et à vos concitoyens, à propos de la « crise des Gilets-Jaunes ». Je me réjouis de cet appel et vous en remercie. L’objet de la présente lettre est de vous apporter mes réflexions et mes réponses au questionnaire qui figure à la fin de cet appel. La raison pour laquelle je ne les adresse pas à mes élus, comme vous le suggériez, apparaîtra clairement à la fin de mon texte. Transmettre la synthèse des idées et opinions très variées d’un groupe (je participerai à l’un d’eux, le 11 janvier 2019) me semble moins pertinent que donner des réponses individuelles. Démarche suivie. Je suis parti du principe que la crise (ou fracture) sociale mise en évidence par les Gilets-Jaunes, comme toute crise depuis la nuit des temps, trouve nécessairement son explication dans des textes que vous chérissez, je crois. Je veux parler de la Bible (le décalogue et l’Évangile, notamment) ainsi que la Doctrine Sociale de l’Église (« DSÉ », dans la suite de mon texte) et, notamment, le Compendium (« Comp. », plus bas) de fin 2005, qui en faisait la synthèse à cette date. M’inspirant du modèle fourni par les prophètes, je veux montrer que la crise des Gilets-Jaunes, comme toute crise sociale, résulte de notre manque de confiance en Dieu, de notre inobservation de sa Loi, de nos « infidélités » (notre idolâtrie, notre « prostitution »). Dans une première partie, j’analyserai la crise à la lumière de textes fondamentaux pour l’Église (DSÉ, décalogue, Nouveau Testament – essentiellement l’Évangile –, Catéchisme de l’Église Catholique – CÉC), afin d’en dégager une thèse. Puis je traiterai de réactions possibles à cette thèse : commentaires à l’appui de celle-ci, quelques objections reçues, quelques éclairages permis par la thèse, réponse à votre questionnaire. Dans une troisième partie, je chercherai quelle suite donner à cette thèse : analyser le rapport du Christ avec le pouvoir politique me permettra de dégager des pistes d’action, des orientations à proposer à l’Église. Un résumé du présent texte figurera en post-scriptum. Des notes de bas de page fourniront (entre autres) des extraits de la Bible, pour faciliter la compréhension de mes propos par des personnes moins versées que vous dans les Écritures. Je veux, avant de démarrer mon exposé, avertir que les explications (de la crise) à trouver dans les textes susvisés vont nécessairement surprendre, heurter une raison purement humaine, choquer, voire scandaliser : si tel n’était pas le cas, la plupart d’entre nous n’aurions pas écarté a priori ces explications, elles nous seraient apparues d’emblée évidentes et vous n’auriez pas ressenti le besoin de lancer votre appel, le 11 décembre dernier. N’est-ce pas ce qu’Isaïe voulait nous faire comprendre (« Vos pensées ne sont pas mes pensées et mes chemins ne sont pas vos chemins – Oracle du Seigneur. » Is 55, 8) ? N’est-ce pas non plus ce qui s’est passé pour Pierre, lorsque Jésus a voulu lui laver les pieds[2] ou lui a annoncé qu’il devait mourir sur la croix[3] ? Ou ce qui se passe dans la parabole des ouvriers de la onzième heure, où les ouvriers de la première heure sont scandalisés que le maître de maison prétende faire ce qu’il veut de son bien en leur versant un salaire égal au salaire convenu, certes, mais non supérieur à celui des ouvriers n’ayant travaillé qu’une heure[4] ? Je suis convaincu que notre difficulté à accepter la thèse et les explications susvisées vient aussi du conditionnement que nous subissons depuis l’enfance. L’idole que je dénonce dans les pages suivantes a tout intérêt à nous conditionner pour que nous ne la démasquions pas, et elle ne s’en prive pas ! Un peu comme le diable se présente comme le maître du monde lorsqu’il tente le Christ au désert[5], ou le loup qui se déguise en « pauvre brebis » dans le dessin animé « Les trois petits cochons ».
  • La crise à la lumière de textes fondamentaux.
    1. L’éclairage de la DSÉ.
La DSÉ est essentiellement composée de six principes (« personnaliste », « du bien commun », « de la destination universelle des biens », « de subsidiarité », « de participation », « de solidarité ») et de quatre valeurs (vérité, liberté, justice, qui trouvent leur source dans la charité). Leur prise en compte est censée conduire à une vie sociale paisible, produisant du bien-être, en satisfaisant les besoins essentiels de tous.  En toute logique, cela signifie que la crise sociale dont les Gilets-Jaunes sont un symptôme est consécutive, comme toutes les crises sociales, au non-respect d’au moins un des principes de la DSÉ. Le mouvement des « Gilets-Jaunes » s’adresse, en s’y opposant, à l’État et à son chef. L’État aurait-il enfreint un des principes de la DSÉ ? Pour répondre à cette question, je vous propose d’examiner le principe de base de la DSÉ[6], le principe personnaliste. Celui-ci affirme l’inconditionnelle, inaliénable, intangible et très haute dignité de toute personne humaine, de la conception à la mort naturelle, pour la raison que cette personne a été créée par Dieu, à son image. Au paragraphe 135 du Compendium, il est écrit : « L'homme ne peut tendre au bien que dans la liberté que Dieu lui a donnée comme signe sublime de son image[7](...) La dignité de l'homme exige donc de lui qu'il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d'une contrainte extérieure »[8]. Ces lignes nous font comprendre qu’il nous faut défendre notre dignité d’enfant de Dieu en veillant à préserver notre liberté intérieure (en refusant d’être asservis à la drogue, à l’alcool, au sexe, à la télé, à l’argent, à l’ordinateur, aux jeux, à la soif de prestige, de pouvoir, de vengeance, etc.) mais aussi notre liberté extérieure, menacée par la contrainte exercée par d’autres (sous forme de contrainte physique ou psychologique). Or que fait l’État[9], sinon exercer une contrainte sur les citoyens (par le biais des prélèvements obligatoires, d’une part, et par celui des lois et autres réglementations dont il impose le respect, d’autre part[10]) ? Un raisonnement logique (j’accueillerai avec bienveillance et gratitude toute preuve du contraire) et simple permet de conclure que l’État ne peut en aucune manière respecter le principe personnaliste, fondement de la DSÉ. Des raisonnements tout aussi simples et logiques permettent de réaliser que l’État ne peut respecter aucun des cinq autres principes et des quatre valeurs de la DSÉ. C’est particulièrement évident pour le principe de subsidiarité[11]dont l’énoncé précise les conséquences de son inobservation (« …ainsi, ce serait commettre une injustice en même temps que troubler de manière très dommageable l’ordre social… »). Ce que la DSÉ appelle les « troubles très dommageables à l’ordre social », ne sont-ce pas des « fractures sociales » ? À la lecture du paragraphe 1907 du CÉC[12], relatif au bien commun[13], il devient clair que l’État ne peut pas plus respecter le principe du bien commun[14] qu’il ne respecte le principe personnaliste, et ceci pour la même raison : usant de la contrainte, il ne respecte pas les droits fondamentaux de la personne (liberté, propriété). Toutes les entraves que met l’État au libre échange (ses monopoles, sa réglementation, ses prélèvements obligatoires) sont autant de manières de déroger au principe de la destination universelle des biens[15]. Ces entraves débouchent sur de multiples fractures sociales (le chômage, notamment). Les entraves précitées sont autant d’atteintes au principe de participation[16], puisqu’elles empêchent les citoyens de participer autant qu’ils le voudraient à la vie économique et sociale des communautés civiles dans lesquelles ils sont insérés. Enfin, lorsque l’État réduit les libertés, il réduit la solidarité, définie par la DSÉ comme « l'espace offert à la liberté humaine pour pourvoir à la croissance commune, partagée par tous »[17]. Il faut noter que ce que l’État appelle solidarité (comme la retraite par répartition, relevant, d’après lui, de la « solidarité intergénérationnelle ») et qu’il impose par la contrainte, est à l’opposé de la véritable solidarité, promue par l’Église.  
  1. L’éclairage du décalogue.
Je propose maintenant de voir si l’État respecte cette doctrine sociale plus ancienne  qu’est le décalogue. Il me semble que tout prélèvement obligatoire est un vol caractérisé, qui se fait sans le consentement conscient et libre de ses victimes (sinon, le qualificatif « obligatoire » serait superflu). Le fait que l’État rende au contribuable une partie de ce qu’il lui a volé, sous forme de prestations, ne saurait justifier qu’il ne s’agit pas d’un vol. À moins d’admettre que la Mafia ne vole pas, non plus, puisqu’elle assure aux victimes de son racket une prestation de protection. Le fait que les prélèvements obligatoires soient décidés par les « représentants du peuple, démocratiquement élus », ne change rien à l’affaire non plus. À moins d’admettre que l’avortement n’est pas un meurtre, là où il a été autorisé par les représentants du peuple. Peut-on contester que la plupart des États tuent également ? Que l’on songe à ceux qui déclarent des guerres[18] ou les provoquent[19], à ceux qui financement des avortements ou des euthanasies, à ceux qui assassinent des opposants politiques, qui prononcent des condamnations à mort, qui poussent au suicide un certain nombre de leurs ressortissants, etc. Quant aux mensonges d’État, ils sont trop nombreux et évidents pour qu’il soit possible de soutenir qu’ils n’existent pas. Un des mensonges les plus efficaces est celui visant à faire croire que voter est un droit qui permet à chaque citoyen de désigner ceux qui vont le représenter et prendre des décisions en son nom. Chacun peut constater que son vote n’a jamais rien changé quoi que ce soit, ni au résultat de l’élection, ni à sa vie[20].
  1. L’éclairage du Nouveau Testament.
Je note que plusieurs passages de l’Évangile tendent à conforter l’idée qu’aucun pouvoir politique n’est compatible avec le plan divin. Par exemple :
  • « Vous le savez : les chefs des nations païennes commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi » (Mt 20, 25b-26a), (Mc 10, 42b-43a) ;
  • Jésus donc, sachant qu’ils allaient venir s’emparer de lui pour le faire roi, se retira de nouveau dans la montagne, tout seul (Jn 6, 15).
  • « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 15-22 ; Mc 12, 13-17 ; Lc 20, 20-26). Cette célèbre parole du Christ pose la question de la légitimité de César à faire sentir son pouvoir par le biais de l’impôt (« Cet impôt qu’exige César, est-ce de l’argent qu’il vous aurait prêté et dont il demande le remboursement ? Si oui, il est légitime de lui rendre. Sinon…) et celle de la légitimité des César en puissance, que nous sommes tous, à tenter de prendre le pouvoir sur autrui.
  • L’assemblée tout entière se leva, et on l’emmena chez Pilate. On se mit alors à l’accuser : « Nous avons trouvé cet homme en train de semer le trouble dans notre nation : il empêche de payer l’impôt à l’empereur, et il dit qu’il est le Christ, le Roi. » (Lc 23, 1-2). Ce passage va dans le même sens que le précédent, en ce qui concerne l’impôt. À ceci près que Jésus n’a pas empêché de payer l’impôt mais seulement mis en question la légitimité des gouvernants à le percevoir. Comme nous le verrons en page 8, Jésus ne justifie pas la contrainte exercée par César, mais il nous invite à ne pas opposer la contrainte à la contrainte.
  • À ce moment-là, quelques pharisiens s’approchèrent de Jésus pour lui dire : « Pars, va t’en d’ici : Hérode veut te tuer. » Il leur répliqua : « Allez dire à ce renard (…). Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ! Voici que votre Temple est abandonné à vous-mêmes (…) » (Lc 13, 31-32a.34-35a)[21]
Le Christ m’invite à aimer mon prochain comme moi-même. Ceci suppose que je respecte ma liberté tout autant que celle dudit prochain, que je ne cherche pas à faire sentir mon pouvoir à celui-ci, à lui commander en maître. L’État ne peut pas respecter la liberté des citoyens. Saint Paul, lui aussi, nous invite à ne pas chercher à faire sentir notre pouvoir sur autrui :
  • « Par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres ; les femmes, à leur mari, comme au Seigneur Jésus (…).Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ » (Ep 5, 21-22). La soumission dont il est question ici n’est pas celle de l’esclave à l’égard de son maître, car celle-ci n’est pas réciproque (le maître n’est pas soumis à son esclave). Paul aurait pu écrire à la place « Par respect pour l’enseignement du Christ, aimez-vous les uns les autres, soyez respectueux les uns envers les autres, ne faites pas sentir votre pouvoir aux autres »[22].
    1. L’éclairage du Catéchisme de l’Église Catholique.
LE CÉC confirme l’importance du respect de la liberté et de la conscience de l’homme :
  • Paragraphe 1738. La liberté s’exerce dans les rapports entre les êtres humains. Chaque personne humaine, créée à l’image de Dieu, a le droit naturel d’être reconnue comme un être libre et responsable. Tous doivent à chacun ce devoir du respect. Le droit à l’exercice de la liberté est une exigence inséparable de la dignité de la personne humaine, notamment en matière morale et religieuse (cf. Dignitatis Humanæ 2).
  • Paragraphe 1782. L’homme a le droit d’agir en conscience et en liberté afin de prendre personnellement les décisions morales. " L’homme ne doit pas être contraint d’agir contre sa conscience. Mais il ne doit pas être empêché non plus d’agir selon sa conscience, surtout en matière religieuse " (DH 3).
  • Article 1800. L’être humain doit toujours obéir au jugement certain de sa conscience.
  • Article 2242. Le citoyen est obligé en conscience de ne pas suivre les prescriptions des autorités civiles quand ces préceptes sont contraires aux exigences de l’ordre moral, aux droits fondamentaux des personnes ou aux enseignements de l’Evangile. Le refus d’obéissance aux autorités civiles, lorsque leurs exigences sont contraires à celles de la conscience droite, trouve sa justification dans la distinction entre le service de Dieu et le service de la communauté politique (…) " Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes " (Ac 5, 29).
Ce dernier extrait du CÉC nous permet de comprendre pourquoi un État produisant une législation impérative, contraignante, est, au mieux, inutile. En effet, soit cette législation est conforme à ce que la conscience invite à faire, auquel cas elle ne sert à rien, soit elle n’est pas conforme, et il va falloir se battre contre l’État pour faire prévaloir la conscience. Dans la réalité, j’engagerai rarement ce combat, tout comme les évêques d’ailleurs. Il nous faut reconnaître, eux et moi, par exemple, que financer des avortements ou des subventions à l’association « Le Planning-Familial » via les prélèvements obligatoires dont nous sommes victimes n’est pas conforme à notre conscience. Dans de nombreux cas, me semble-t-il, tout se passe comme si la législation nous tenait lui de conscience : « C’est permis, donc je n’ai pas à me poser de questions et, si j’en ai envie, je le fais ». La façon la plus satisfaisante de nous opposer aux prescriptions des autorités civiles me semble être de lutter contre « l’étatolâtrie » ou l’usage de la contrainte par L’État.
  1. La thèse qui en découle.
Si le syllogisme[23] exposé ci-dessus est correct, alors la notion d’État, recourant à la contrainte, est incompatible avec l’enseignement social chrétien. L’État ne peut que provoquer des crises, des fractures, dont l’ampleur varie selon le degré de son emprise sur la société. Réduire l’importance des crises suppose de réduire l’emprise de l’État, supprimer les crises suppose de supprimer l’État ou de lui interdire de recourir à la contrainte. Je crois utile d’attirer ici l’attention du lecteur : si le syllogisme est invalide, parce qu’une des deux prémisses est fausse, ou parce que la conclusion tirée ne se déduit pas logiquement des deux prémisses, alors je lui recommande d’arrêter là sa lecture et le remercie par avance de bien vouloir m’expliquer mon erreur.
  • Diverses réactions possibles à notre thèse.
      • L’État, structure de péché par excellence ?
Pour aller plus loin, il me semble bien que les caractéristiques de l’État (comme celles de la Mafia, mais à une toute autre échelle) correspondent remarquablement à celles des « structures de péchés », énoncées au paragraphe 119 du Compendium[24]. Les États et les mafias ne sont-ils pas nés et ne se sont-ils pas développés, par exemple, suite à la décision de quelques-uns, pour assouvir leur « désir exclusif de profit » et leur « soif de pouvoir », « d’imposer aux autres leur volonté » par des « actions et des comportements contraires à la volonté de Dieu et au bien du prochain » (meurtres, vols, violation des serments,…) ?
  • Un moyen, direct ou indirect, de faire sentir son pouvoir.
La « soif de pouvoir » évoquée au paragraphe 119 du Compendium est probablement la motivation première de ceux qui prétendent au pouvoir politique, mais aussi d’une partie importante des électeurs : voter pour tel ou tel candidat peut me donner l’illusion que c’est pour moi un moyen d’imposer à autrui des mesures coercitives (ex : l’ISF) figurant dans le programme du candidat de mon choix[25].
  • L’État, le Baal des temps actuels.
Le 28 décembre 2018, sur Radio-Notre-Dame, j’ai entendu Mgr Aillet dire « On a remplacé Dieu par un autre, qui est le dieu Mammon : l’argent est roi… ». Il me semble que le principal « concurrent » de Dieu n’est pas Mammon, mais Léviathan : c’est vers l’État, la « puissance publique », que nous nous tournons spontanément lorsqu’un problème apparaît, et non pas vers Mammon. Baal et le veau d’or étaient des idoles inertes, elles n’avaient aucun pouvoir de régler quelque problème que ce soit, mais aucun pouvoir de nuisance non plus, hormis le fait de détourner du vrai Dieu. Alors que l’État n’est pas inerte, il a un fort pouvoir de nuisance[26], c’est lui qui génère les problèmes que nous lui demandons de régler[27] ! L’Église a conscience que l’État peut être une idole. C’est ce qu’elle écrit au paragraphe 2113 du CÉC : « Il y a idolâtrie dès lors que l’homme honore et révère une créature à la place de Dieu, qu’il s’agisse des dieux ou des démons (par exemple le satanisme), de pouvoir, de plaisir, de la race, des ancêtres, de l’État, de l’argent, etc. » Lorsque certains surnomment M. Emmanuel Macron « Jupiter », n’est-ce pas pour mettre en évidence la fascination exercée par le pouvoir politique et, « en même temps » démasquer l’idole ?.
  • L’État, agent du collectivisme.
Depuis « Rerum novarum » (1891), le Magistère s’est toujours opposé au socialisme. Cette doctrine condamne le capitalisme, système fondé sur la propriété privée des moyens de production et d’échange, et elle prône donc le collectivisme, système fondé sur la propriété collective des moyens de production et d’échange. Or qu’est-ce que l’État, sinon le propriétaire collectif des moyens de production et d’échange, l’agent du collectivisme ? Ne serait-il pas logique que l’Église, condamnant le socialisme, condamne aussi celui qui le met en œuvre, c'est-à-dire l’État ?
  • L’État n’est pas respectable mais ses agents le sont.
La condamnation de l’État n’est pas celle des personnes physiques qui composent l’État, de ses agents, tout autant respectables que d’autres, mais celle de la personne morale, en raison du principe sur lequel elle repose : la contrainte, la force[28], « la violence[29] légale »[30].
  • Le marché libre.
Un autre point à signaler concerne le marché libre. Seul ce marché respecte la liberté humaine, seul celui-ci est donc conforme au décalogue, à l’Évangile[31] et à la DSÉ[32]. Le mécanisme du marché libre est spontané et efficace : le prix du marché se fixe de façon automatique de façon à permettre de maximiser les échanges et, donc, la production de biens et services. Si l’État intervient pour enrayer ce mécanisme, par exemple en fixant un prix maximum ou minimum, en réglementant pour interdire ou contraindre, en instituant un prélèvement obligatoire sur les transactions, cela décourage immédiatement l’offre et/ou la demande, cela fait diminuer les quantités échangées et la richesse créée. Il n’y pas à chercher plus loin l’explication du chômage, notamment, ou celle des SDF. La DSÉ fait l’éloge du marché libre[33]. L’État intervient sur presque tous les marchés et les dérègle. Un marché vraiment libre rendrait inutile la consultation nationale proposée par M. Macron, dans le cadre de la crise des Gilets-Jaunes : ce mécanisme gratuit permet à chacun de faire connaître ses souhaits personnels, ses préférences, et de les voir satisfaits ! Si le marché de l’assurance vieillesse était libre, il n’y aurait pas de grèves déclenchées par un projet de réforme des retraites. Si le marché des carburants était libre, il n’y aurait pas eu de crise des Gilets-Jaunes. Il n’y a pas meilleur outil de solidarité qu’un marché vraiment libre, que le libre-échange : un fournisseur et son client sont très attachés l’un à l’autre, sans recours à la contrainte. L’État et les monopoles qu’il attribue sont les seuls prestataires à utiliser la coercition. La prétendue solidarité imposée par l’État, parce qu’elle n’est pas libre, ne correspond pas à celle défendue par la DSÉ. L’État a perverti le mot « solidarité » comme il a perverti le mot « mariage » et bien d’autres. Si nous voulons êtres solidaires, comme nous y invite le Christ, de ceux qui ont faim, de ceux qui n’ont pas de domicile fixe, pas d’emploi, qui sont persécutés dans leur pays d’origine, le meilleur moyen d’y parvenir est le libre marché. Il n’existe aucun domaine de l’activité humaine où le marché libre puisse être moins efficace qu’un marché entravé par le pouvoir politique. Contrairement au travail des associations caritatives, le libre marché est durablement efficace : c’est une solution à long terme et non pas un pis-aller provisoire.
  • La libre concurrence.
La libre concurrence, louée par la DSÉ[34], est le corollaire d’un marché libre. Ne pas pouvoir faire jouer la concurrence, c’est être soumis à une injuste contrainte, opposée au principe personnaliste. Ne pas être soumis à la concurrence, c’est également être victime d’une injustice, en ce sens que la concurrence (ou compétition), comme nous le montrent chaque jour les plus grands champions sportifs, est le moyen le plus approprié pour atteindre les niveaux les plus élevés de performance et rendre ainsi les meilleurs services possibles[35].
  • Qui serait légitime à diriger l’État ?
Je veux également faire observer que l’Église, pourtant « experte en humanité », a peu à peu compris et admis qu’elle n’avait aucune légitimité à participer au pouvoir politique, c'est-à-dire à « faire sentir son pouvoir », à « commander en maître » ; il lui reste à comprendre et admettre qu’aucun groupe, aucune personne, n’a davantage de légitimité qu’elle.
  • La contrainte génère un considérable gaspillage d’énergie.
Utiliser la contrainte, c’est mettre en œuvre une volonté s’opposant à une autre volonté. C’est opposer une énergie humaine à une autre énergie humaine. Deux packs de rugby de force égale, lorsqu’ils s’affrontent, vont, chacun, dépenser une énergie très importante, sans que l’un ou l’autre ne gagne un pouce de terrain. C’est probablement la raison pour laquelle le Christ nous conseille de ne pas résister au méchant[36], à celui qui utilise la contrainte. Il invite Pierre à ranger son épée au fourreau[37]. Cette attitude de Jésus ne signifie pas qu’il justifie l’utilisation de la contrainte par « le méchant »[38]. Mais il veut nous dissuader, par ses paroles et son exemple, de répondre à la contrainte par la contrainte[39]. Un exemple devrait convaincre le lecteur du gaspillage d’énergie engendré par la contrainte étatique. C’est celui de l’assurance maladie. Si le marché était libre, il n’y aurait que 2 ou 3 acteurs :
  • Le professionnel prestataire (médecin, infirmier, pharmacien,…) et le patient ;
  • L’assureur, dans de rares situations (traitements coûteux, insupportables sans assureur ; on suppose alors que l’assuré et le patient sont la même personne).
Quand l’assureur n’intervient pas, le patient et le professionnel échangent une prestation contre de l’argent. Et c’est terminé ! Il n’y a qu’une relation à gérer, entre eux deux. Lorsque l’assureur intervient, il y a 3 relations à gérer, soit 3 fois plus qu’avant. Lorsque l’État entrave le marché, comme en France, il y a 5 acteurs : le patient, son employeur, le professionnel, la Sécu, la mutuelle). Le nombre d’acteurs est multiplié par 2,5 (pour passer de 2 à 5) et le nombre de relations à gérer est multiplié par 9 (patient-employeur, patient-professionnel, patient-Sécu, patient-mutuelle, employeur-Sécu, employeur-mutuelle, professionnel-Sécu, professionnel-mutuelle, Sécu-mutuelle).
  • L’État destructeur de richesse.
Les images transmises par les télévisions ou trouvées sur Internet font apparaître des violences et des dégradations choquantes commises dans le cadre des manifestations des Gilets-Jaunes. Cela n’est guère discutable. Toutefois, il me semble nécessaire de garder à l’esprit que les destructions de richesse correspondantes se chiffrent en millions d’euros, et tout au plus en dizaines de millions d’euros, alors que les destructions de richesse imputables à l’État, moins spectaculaires, se chiffrent en centaines de milliards d’euros. Deux exemples suffiront à me faire comprendre :
  • L’obligation de tenir une comptabilité. Les petites entreprises, notamment les unipersonnelles, sont obligées de tenir une comptabilité stricte, dont la seule utilité est de calculer leur résultat annuel, base de calcul de leur imposition. Cela représente donc pour chacune, annuellement, des dizaines ou des centaines d’heures de travail improductif, sans aucun intérêt puisque ce qui reste en caisse et sur le compte bancaire en fin de période donne à l’entrepreneur une idée suffisante de son résultat. En France, nous manquons de médecins (notamment, à cause de l’injuste « numerus clausus » inventé par nos gouvernants, qui entrave le libre marché de la formation médicale, et à cause du tout aussi injuste monopole de la Sécurité Sociale, qui enraye le marché des prestations de santé) et ceux qui exercent doivent consacrer du temps à tenir leur comptabilité plutôt qu’à soigner leurs patients.
  • La limitation du nombre de places dans l’enseignement libre. Malgré un coût plus élevé (lié à une injuste inégalité de traitement), l’enseignement privé catholique a des listes d’attente beaucoup plus longues que l’enseignement public. Ceci traduit très probablement une appréciation plus élevée, par les parents, même non catholiques, de la qualité de l’enseignement qui y est dispensé. Si l’État ne limitait pas arbitrairement le ratio nombre de places dans le privé / nombre de places dans le public, davantage de richesse (en matière d’enseignement) serait produite.
    • Notre conditionnement explique notre acceptation de la servitude.
L’État, qui veut nous maintenir sous son pouvoir, a d’abord pris la précaution de s’attribuer le monopole de l’utilisation des armes (armée, police), de l’établissement des lois et du contrôle, par la Justice, de leur application. Il nous a convaincus que ces fonctions étaient « régaliennes », qu’elles ne pouvaient être partagées, soumises à concurrence. Puis l’État a entrepris de renforcer notre conditionnement à accepter, voire à trouver légitime, d’être asservis par lui. Pour cela, tous les moyens sont bons. Le principal est la prise de contrôle de l’enseignement, par le biais de l’Éducation Nationale. Il est dans la logique des choses que l’État souhaite rendre obligatoire la scolarisation dès l’âge de 3 ans (« pour arracher l’enfant au déterminisme familial », comme disait le ministre socialiste Vincent Peillon). L’idée est de restreindre le rôle de la famille et de l’Église, notamment. L’étatisation de la monnaie, de la protection sociale et d’un certain nombre d’autres domaines de la vie économique et sociale a persuadé la population, le temps passant, que l’État était indispensable pour créer des routes et autoroutes, disposer d’une monnaie, de la sécurité sociale, d’un système de soins, d’un réseau ferré et de trains, d’un enseignement performant et gratuit, etc. Le formateur (en communication, notamment) Jean-Jacques Crèvecœur explique qu’une caractéristique de l’auteur d’une tentative de « jeu de pouvoir » est qu’il y a distorsion entre son message explicite et son message implicite, ce qui déstabilise sa victime, lui fait perdre sa vigilance et perdre conscience de ses enjeux personnels. Ayant été moi-même victime plusieurs fois de manipulateurs, avec des conséquences très coûteuses, je peux confirmer que cette distorsion m’a fait perdre toute ma raison, mon bon sens, m’a rendu aveugle aux messages implicites, pourtant évidents, envoyés par mon bourreau. Quel est le message explicite de l’État ? « Je suis là pour assurer votre sécurité et votre protection sociale, veiller au respect de votre liberté et des autres droits de l’homme, de l’égalité en droit ; je veux promouvoir la fraternité, la paix, la redistribution des richesses au profit des plus pauvres. Je veux assurer que chacun aura accès à des soins et un enseignement de qualité, aux arts, aux sports, à la culture, à un logement décent, aux services publics, etc. Je suis garant une véritable démocratie, qui donne le pouvoir au peuple ». Quel est le message implicite (de tout représentant) de l’État ? « Je veux vous faire les poches, vous maintenir sous mon pouvoir, assouvir mon besoin de richesse, de pouvoir et d’honneurs. Tout ceci passe avant votre liberté et vos droits. Vous n’êtes que des enfants, souvent ni très intelligents, ni très cultivés (alors que moi, j’ai fait l’ÉNA !). Je sais beaucoup mieux que vous ce qui est bon pour vous et me conduis avec vous comme si j’étais votre père. Je suis votre père. » Nous déconditionner suppose de prendre conscience de cette distorsion et de la déstabilisation, de la perte de jugement qu’elle a entraîné chez nous avant notre prise de conscience.
  • La pression sociale du groupe.
Diverses études montrent la difficulté qu’il y a à résister à la pression sociale des groupes auxquels nous appartenons. L’effet de mode en est un exemple. Ce qui était à la mode il y a dix ou vingt ans est devenu dépassé, ringard, ridicule, mais reviendra peut-être à la mode dans cinq ou dix ans ! Le conte d’Andersen « Les habits neufs de l’Empereur[40] (ou du Grand duc) » illustre, à sa manière, la pression qu’exerce sur nous le groupe. Nous avons peur d’être stigmatisés, exclus, si nous ne conformons pas nos actions, nos opinions, à celles de la majorité. Il me semble que nombreux sont ceux qui craignent, inconsciemment, d’être rejetés s’ils adhéraient ouvertement à l’idée que le pouvoir politique n’a aucune légitimité et cause de grands malheurs. À la fin du conte, refuse d’admettre ouvertement qu’il a été trompé, qu’il s’est trompé. Quelle difficulté est la nôtre d’admettre notre erreur, en particulier lorsque nous sommes censés être particulièrement compétents dans le domaine concerné !
  • L’étatisme, révélateur de notre manque de foi en Dieu ?
J’ai conscience que plus d’un lecteur jugera outrancières mes conclusions. Celles-ci ne sont-elles pas, pourtant, celles que l’auteur du chapitre 8 du 1er livre de Samuel[41] voulait nous faire partager ? Je crois qu’il souhaitait aussi nous faire comprendre que notre idolâtrie[42] du pouvoir politique est signe de notre manque de foi en Dieu. C’est à la même conclusion qu’arrive l’économiste Frédéric Bastiat, dans les dernières lignes de son texte « La Loi »[43](juin 1850).
  1. Réponse à quelques objections.
Certains me soupçonneront de prôner l’anarchie (ou l’anarchisme). Celle-ci est spontanément associée au chaos, à la pagaille, mais sur quel fondement ? En réalité, il faut bien voir que le mot « anarchie » (absence de pouvoir) est trompeur : il ne s’agit pas de supprimer le pouvoir politique, mais de le restituer à ses propriétaires légitimes : les personnes humaines. Chacune d’entre elles ayant le droit naturel de gérer sa propre vie comme elle l’entend, selon sa conscience. Cette restitution est la condition nécessaire et suffisante au complet respect du principe de participation, le cinquième principe de la DSÉ. Pour dire les choses autrement, il me semble nécessaire de revenir de l’oligarchie actuelle (pouvoir essentiellement concentré dans les mains de quelques-uns), déguisée en « démocratie représentative », à une polyarchie naturelle et originelle, qui serait une véritable démocratie : chaque élément du peuple gouvernerait sa propre vie. D’autres m’opposeront l’idée qu’une société ne peut pas fonctionner sans règles (sous-entendu : sans règles fixées par un pouvoir politique centralisé). Ce qu’on a l’habitude (erronée, comme vu ci-avant) d’appeler anarchie n’a rien à voir avec l’absence de règles, l’anomie. En fait, dans une société libre, rien n’empêche les personnes de convenir librement, entre elles, des règles (comme celles du décalogue) que chacune s’engage à appliquer. Nous constatons tous que nous avons besoin des autres pour vivre et que nous avons besoin de trouver des règles de conduite communes pour vivre dans la paix. Ce constat est naturel, nous le faisons tous lorsque nous dégustons les fruits de l’arbre de la Vie. C’est une illusion de croire qu’il nous serait nécessaire de disposer de chefs, supposés avoir mangé des fruits de l’arbre de la connaissance du bien et du mal et sachant donc mieux que nous ce qui est bon ou mauvais pour nous. C’est, je crois, la raison pour la quelle réclamer un roi, un pouvoir politique centralisé, est un manque de confiance en Dieu. C’est croire qu’il n’a pas prévu la possibilité d’un ordre spontané[44], issu de sa providence, et qu’un ordre stable ne peut être que construit par quelques hommes supérieurement intelligents (nos dirigeants). Notre manque de liberté intérieure, susceptible de nous pousser au conflit avec autrui, peut être un obstacle à l’obtention de l’ordre souhaité. Mais un pouvoir politique centralisé ne règle en rien cette difficulté, bien au contraire ! Il est vrai que le Magistère n’a jamais contesté la légitimité du pouvoir politique et a même reconnu le rôle que devait jouer celui-ci. C’est clair dans Rerum NovarumQuadragesimo anno ou le Compendium, par exemple. Il me semble cependant qu’aucun des passages qui vont en ce sens ne relève du domaine doctrinal (autrement dit, aucun de ces passages ne découle logiquement d’un des principes de la DSÉ), mais plutôt du domaine « prudentiel » (c'est-à-dire exprimant une opinion). Dans le Compendium, ces passages sont trop nombreux pour que je les passe tous en revue. Je me limiterai donc à deux :
  • 168 La responsabilité de poursuivre le bien commun revient non seulement aux individus, mais aussi à l'État, car le bien commun est la raison d'être de l'autorité politique.[45] Je ne sais pas d’où sort cette idée que « le bien commun est la raison d’être de l’autorité politique » ; en tout cas, ni de la Bible, ni d’un principe de la DSÉ.
  • 188 Diverses circonstances peuvent porter l'État à exercer une fonction de suppléance.[46] Que l'on pense, par exemple, aux situations où il est nécessaire que l'État stimule l'économie, à cause de l'impossibilité pour la société civile d'assumer cette initiative de façon autonome. L’idée que l’État peut stimuler l’économie mieux que la société civile est diffusée par l’État français, via l’Éducation Nationale, mais elle est contestée par les économistes libéraux et ne s’appuie ni sur la Parole de Dieu, ni sur les principes de la DSÉ. De plus, comme indiqué par ailleurs, l’État ne peut, par la contrainte qu’il exerce, qu’entraver l’économie, et non la stimuler.
En outre, chacun pourra juger comment le Magistère semble embarrassé pour fixer la frontière entre la légitime intervention des pouvoirs publics et la juste liberté des personnes. Il est curieux de voir comment la liberté fait peur, au point qu’il faudrait lui mettre des limites, la doser : de la liberté, oui, mais pas trop ! Un peu de servitude aussi. C’est comme si l’on disait « Un peu de justice, oui, mais un peu d’injustice aussi est nécessaire ». Ou « Un peu d’amour, mais pas trop, car il faut un peu de haine également ». Et l’on pourrait faire de même avec les couples (vérité, mensonge), (honnêteté, malhonnêteté), (douceur, violence), etc. Dans le CÉC, plusieurs passages légitiment l’intervention d’une autorité. Par exemple,
  • Paragraphe 1897 " À la vie en société manqueraient l’ordre et la fécondité sans la présence d’hommes légitimement investis de l’autorité et qui assurent la sauvegarde des institutions et pourvoient, dans une mesure suffisante, au bien commun " (Pacem in terris 46). On appelle " autorité " la qualité en vertu de laquelle des personnes ou des institutions donnent des lois et des ordres à des hommes, et attendent une obéissance de leur part.
  • Paragraphe 1898 Toute communauté humaine a besoin d’une autorité qui la régisse (cf. Léon XIII, enc. " Immortale Dei "; enc. " Diuturnum illud "). Celle-ci trouve son fondement dans la nature humaine. Elle est nécessaire à l’unité de la Cité. Son rôle consiste à assurer autant que possible le bien commun de la société.
Ces passages ont un caractère prudentiel, et non pas doctrinal : ils ne s’appuient sur aucun des principes de la DSÉ (auxquels ils s’opposent même, comme vu précédemment). Ils reposent sur l’idée que l’ordre de la société ne peut être que construit et non pas spontané, polycentrique. Ils traduisent, je crois, notre manque de confiance en Dieu, en sa providence, en sa Loi. Ces paragraphes mettent sur le même plan la nation et les autres communautés humaines (entreprises, associations,…). Or, dans celles-ci, l’obéissance à une autorité, ses lois et ses règles, n’est que la conséquence logique d’un contrat signé librement, sans contrainte : contrat de mariage, contrat de travail, contrat de vente, bail, etc. Si un salarié ne veut plus obéir aux ordres de son employeur, il lui suffit de démissionner. L’employeur, en donnant des ordres, ne fait qu’exercer son droit de propriété (ou celui des actionnaires) sur l’entreprise, dans le cadre d’un contrat de travail qu’il fait signer aux salariés en dehors de toute contrainte. L’État (que ce soit l’État central ou les collectivités territoriales), en revanche, ne dispose d’aucun droit de propriété sur la nation et ne signe aucun contrat avec les citoyens (le fameux « pacte social » est une fiction) : il agit uniquement par la contrainte.
  • Paragraphe 1899 L’autorité exigée par l’ordre moral émane de Dieu : " Que tout homme soit soumis aux autorités qui exercent le pouvoir, car il n’y a d’autorité que par Dieu et celles qui existent sont établies par lui. Ainsi, celui qui s’oppose à l’autorité se rebelle contre l’ordre voulu par Dieu, et les rebelles attireront la condamnation sur eux-mêmes " (Rm 13, 1-2 ; cf. 1 P 2, 13-17).
Je crois que, comme nous y invite la bibliste Marie-Noëlle Thabut, il faut tenir compte du contexte pour interpréter ce texte de saint Paul. Il me semble que celui-ci nous indique une fausse piste à éviter : répondre à la violence (du pouvoir politique, romain, à l’époque) par la violence, répondre à la contrainte (du pouvoir politique) par la contrainte. Saint Paul invite à la conversion, non pas à la rébellion. On retrouve la même logique dans sa lettre à Philémon[47](notamment au verset 14) où il refuse d’utiliser la contrainte pour forcer Philémon à libérer son esclave[48], Onésime (qui a fugué, s’est réfugié auprès de Paul et a été baptisé par celui-ci).
  • Paragraphe 2199 Le quatrième commandement[49] s’adresse expressément aux enfants dans leurs relations avec leurs père et mère, parce que cette relation est la plus universelle. (…) Il s’étend enfin aux devoirs des élèves à l’égard du maître, des employés à l’égard des employeurs, des subordonnés à l’égard de leurs chefs, des citoyens à l’égard de leur patrie, de ceux qui l’administrent ou la gouvernent. Ce commandement implique et sous-entend les devoirs des parents, tuteurs, maîtres, chefs, magistrats, gouvernants, de tous ceux qui exercent une autorité sur autrui ou sur une communauté de personnes.
Ce commandement s’explique facilement : les enfants n’ont pas les moyens physiques et intellectuels de satisfaire eux-mêmes leurs besoins. Leur conscience n’est pas encore développée et ils ne peuvent donc agir librement, en suivant ladite conscience. Ce commandement paraît bien naturel, conforme au projet divin. En revanche, son extension aux employés, aux subordonnés, aux citoyens semble pour le moins curieuse. L’Église assimilerait-elle cette population à des enfants, et assimilerait-elle la population des employeurs, des chefs et des gouvernants à des parents ? Cette infantilisation des gouvernés n’étonnerait pas si elle était énoncée par les gouvernants ! Mais venant de l’Église ! Et quel principe de la DSÉ ou quelle parole du Christ pourrait justifier cette extension ? Bien d’autres objections peuvent être faites à la thèse présentée. La presque totalité de celles reçues jusqu’à présent consistent à énoncer une opinion selon laquelle l’État est indispensable pour telle ou telle raison[50]. Il faut bien voir que si l’une de ces objections est vraie, alors ceci signifie, soit que notre syllogisme initial est invalide, soit que le problème n’a pas de solution et qu’il y aura toujours des crises. Il m’a été objecté, aussi, que la solution n’était pas de supprimer l’État, mais de limiter son champ d’intervention. Mais cette solution ne fait que limiter, et non pas supprimer, le recours de l’État à la contrainte, donc les injustes privations de liberté des personnes contraintes !
  1. Éclairages apportés par notre thèse.
    • Des dirigeants politiques systématiquement décevants.
Si j’admets qu’aucun pouvoir politique, autre que celui dont dispose naturellement chaque personne, n’est légitime, alors un certain nombre de choses deviennent plus claires. Par exemple, la participation de plus en plus faible aux élections, la déception systématique d’une partie importante de la population, vis-à-vis de ses dirigeants politiques, le caractère insoluble de certains problèmes (comme l’immigration) lorsqu’ils sont traités de façon coercitive par l’État et non pas librement par chaque citoyen (je devrais être libre d’accueillir chez moi qui je veux et à mes conditions : ce n’est pas aux dirigeants politiques, mais à chaque personne humaine que le Seigneur adresse l’invitation à accueillir l’étranger), etc.
  • Liberté rime avec prospérité.
Il ne faut pas s’étonner si les pays les plus prospères, en termes de Produit Intérieur Brut par habitant, comme la Suisse ou le Luxembourg, sont ceux où l’État est le plus léger, le plus discret. Et les pays les plus pauvres, ceux où l’État est le plus envahissant. Dans l’épisode du buisson ardent, Dieu promet à Moïse un pays ruisselant de lait et de miel, qui a pour préalable la libération de la main des Égyptiens[51]. La prospérité présuppose la liberté !
  1. Réponse au questionnaire.
Il est désormais aisé de répondre au questionnaire. 1/ Quelles sont selon vous, en essayant de les hiérarchiser, les causes principales du malaise actuel et des formes violentes qu’il a prises ? Une seule cause : nous nous tournons vers le nouveau Baal qu’est l’État, au lieu de faire confiance à Dieu, à sa Loi (ou à la DSÉ, ce qui est la même chose, exprimée autrement) pour faire disparaître tout trouble social. 2/ Qu’est-ce qui pourrait permettre aux citoyens dans notre démocratie de se sentir davantage partie prenante des décisions politiques ? La disparition de tout pouvoir politique autre que personnel (c'est-à-dire le pouvoir de chaque personne humaine sur sa propre vie).Ce ne serait plus « notre démocratie » mais « la  véritable démocratie ». 3/ Quels sont les lieux ou les corps intermédiaires qui favoriseraient cette participation ? En l’absence d’État, la notion de corps intermédiaire perd toute signification. 4/ Quel « bien commun » recherché ensemble pourrait fédérer nos concitoyens et les tourner vers l’avenir ? Assurément, le respect de la liberté de chacun (la nôtre comme celle du prochain), comme nous y invite le Seigneur. Ce respect est la principale, voire la seule, condition sociale « qui permette, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée » (définition du bien commun).Ceci est fort bien expliqué dans le paragraphe 1907 du CÉC (voir note de bas de page n° 7, ci-dessus).   5/ Quelles raisons d’espérer souhaitez-vous transmettre à vos enfants et petits-enfants ? La toute puissance de l’amour que porte à chacun de nous notre Seigneur, son Alliance avec nous, sa fidélité. Il nous a promis la vie éternelle : nous pouvons lui faire confiance.
  • Suite à donner à la thèse.
Quelle attitude l’Église pourrait-elle désormais adopter, pour être lumière des nations, comme c’est sa vocation ? Avant de proposer une réponse à cette question, j’aimerais en traiter une autre : pourquoi le Christ n’a-t-il pas exprimé clairement l’idée qu’aucun pouvoir politique « collectivisé » n’est légitime ?  Pourquoi a-t-il refusé le pouvoir politique qui lui était proposé par la foule, sans le contester ouvertement (contrairement à Jean-Baptiste) ?
  1. Le Christ et le pouvoir politique.
Il me semble que cela pourrait être pour manifester que la libération intérieure (ou conversion) de chacun passe avant la libération (d’une contrainte) extérieure. Les États continueront à exister tant que les hommes ne se seront pas libérés de poussées instinctives irrépressibles vers le pouvoir (direct ou délégué) sur autrui, pour certains, ou vers l’idolâtrie de l’État, pour le plus grand nombre. En effet, pour se libérer durablement d’une servitude, d’une contrainte extérieure, sans y avoir recours soi-même suppose une double libération intérieure, une double conversion : celle des esclaves et celle des maîtres. Le peuple hébreu a été libéré de la servitude en Égypte après utilisation de la contrainte, de la violence (symbolisées par le meurtre d’un Égyptien par Moïse ou par les dix plaies d’Égypte envoyées par Dieu) contre les Égyptiens. Il a ensuite été libéré de la servitude à Babylone après utilisation de la contrainte, de la violence (celle des armées du perse Cyrus II contre les troupes babyloniennes). Aujourd’hui encore, Israël dispose d’une relative liberté, au prix d’une contrainte, d’une violence (qui semble réciproque) exercée contre les Palestiniens. Toutes ces libérations obtenues en exerçant une contrainte sont éphémères. Le Christ assume son rôle de libérateur, de sauveur, de rédempteur, mais il veut nous indiquer la seule voie qui nous assure une libération durable : ne pas répondre à la contrainte par la contrainte, à la violence par la violence, comme l’imaginaient ceux qui attendaient d’être libérés du pouvoir romain ; mais commencer par nous convertir, nous libérer intérieurement (c’est plus facile à faire, puisque ça ne dépend que de nous), aimer ceux qui nous asservissent pour qu’ils se convertissent à leur tour, qu’ils perdent leurs chaînes intérieures (la soif de pouvoir, notamment). En d’autres termes : la conversion : oui ! La révolution : non !
  1. Pistes pour l’Église.
Persuadé que la crise ne va faire que s’accentuer au cours des prochaines décennies, à cause, notamment, des bombes à retardement des retraites, de la dette publique, de la manipulation de la monnaie et des taux d’intérêt par les États, je  crois urgent que l’Église intervienne de façon claire et ferme dans le débat actuel.
  • Les chrétiens, lumière du monde ?
Nous, chrétiens, sommes censés être la lumière du monde[52] et un peuple de saints (c'est à dire tout autres, très différents, par leur comportement, des non-chrétiens) ; force est de reconnaître que nous n'éclairons pas grand chose sur les questions sociales (hormis ce qui concerne "la famille") et économiques, sur lesquelles notre discours ne tranche pas avec celui de M. Toulemonde, avec celui de la classe politique et de la classe médiatique.
  • Les chrétiens idolâtres ?
Il me semble que nous nourrissons davantage notre esprit avec la parole des 2 classes précitées qu'avec la Parole de Dieu (Bible, reprise dans la Doctrine Sociale de l'Église, CÉC), à qui nous ne faisons pas confiance pour résoudre les problèmes économiques et sociaux. Pour dire les choses autrement, observons-nous vraiment les premiers commandements ? N'idolâtrons-nous pas ceux qui finissent par modeler nos pensées et en faire des pensées bien différentes de celles de Dieu ? Ne faisons-nous pas plus confiance à Emmanuel Macron qu’à Jésus Emmanuel ? À « Jupiter »[53], à nos gouvernants, qui nous asservissent, qu'au Christ, Roi de l'univers, Prince de la Paix, qui nous libère ?
  • Une priorité pastorale authentique.
D’après le Compendium (paragraphe 7), « le chrétien sait qu'il peut trouver dans la doctrine sociale de l'Église les principes de réflexion, les critères de jugement et les directives d'action sur la base desquels promouvoir un humanisme intégral et solidaire. Diffuser cette doctrine constitue, par conséquent, une priorité pastorale authentique, afin que les personnes, éclairées par celle-ci, soient capables d'interpréter la réalité d'aujourd'hui et de chercher des voies appropriées à l'action ». La crise des Gilets-Jaunes me semble un moment propice pour que l’Église mette en œuvre cette priorité pastorale et que les chrétiens (re)deviennent ainsi lumière du monde.
  • Démythifier le pouvoir politique.
L’attitude du Christ nous montre la voie à suivre pour l’Église : celle-ci est invitée à démythifier le Baal de notre époque, l’État, fauteur de crises économiques et sociales. Il n’est toutefois pas question pour elle de susciter une rébellion contre l’État, une révolution politique, mais plutôt d’inviter chaque personne humaine à la liberté intérieure, à la conversion, à l’amour (donc au respect de la liberté) du prochain. Je crois que l’erreur des « Gilets-Jaunes, c’est de répondre à l’injuste contrainte et au vol exercés par l’État, par une autre contrainte (en bloquant la circulation, par exemple) à l’égard de personnes qui, de plus, pour la plupart d’entre elles, ne leur ont rien fait. Démythifier le pouvoir politique, comme l’a fait le Christ, suppose que l’Église cesse d’inviter à participer aux élections, qu’elle éclaire les consciences sur les notions de prétendu « droit de vote », de « représentant du peuple », de « pacte social » (que personne n’a jamais signé), de « démocratie représentative », qui participent à la manipulation de la population et la conduisent à trouver normal d’être asservie à l’État[54]. Que l’Église appelle les citoyens à remplir les églises, plutôt que les bureaux de vote : cela aura beaucoup plus d’impact sur leur vie !
  • Ne plus faire sentir notre pouvoir via l’État.
J’invite également l’Église à cesser d’inciter l’État à légiférer dans un sens favorable aux idées qu’elle défend, si cela conduit à exercer une « contrainte extérieure » sur les personnes. Je pense particulièrement à des sujets comme l’avortement, l’euthanasie, la PMA/GPA, où je crois que le rôle de l’Église est d’éclairer les consciences, mais pas de faire sentir son pouvoir, via l’État, ce qui me semble contraire au principe personnaliste. Je veux être clair : je suis résolument hostile à l’avortement, à l’euthanasie et à la GPA. Les faire disparaître passe par une libération intérieure des personnes concernées, et non par la contrainte. À moins d’admettre que les premiers responsables d’un enfant ne sont pas leurs parents, mais l’Église ou l’État. Le récit du jardin d’Éden[55], l’évangile de la femme adultère[56] et la parabole du bon grain et de l’ivraie[57], tout cela nous interroge : avons-nous mangé du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, sommes nous exempts de péchés, pour prétendre juger et condamner autrui, sommes nous plus forts que le maître qui attend la moisson avant de séparer le bon grain de l’ivraie ? Le Christ, qui nous révèle le Père, nous dit qu’il n’est pas venu juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé[58].
  • La pédagogie de Dieu.
La pédagogie de Dieu consiste à respecter notre liberté, à ne pas agir à notre place, à ne pas nous contraindre, à nous laisser tirer des enseignements de nos expériences, quoi qu’il arrive. Il ne nous punit jamais (c’est nous qui nous punissons nous-mêmes), ne nous condamne pas, ne nous reproche jamais rien ; il est d’une discrétion remarquable et n’intervient qu’à notre demande, en nous éclairant par son Esprit. L’exemple du Christ en croix l’illustre admirablement[59]. Pourquoi ne pas le suivre ?
  • Cessons de livrer le Christ au pouvoir politique !
Le Christ est mort sur décision du pouvoir politique (Ponce Pilate), à la demande de certaines autorités religieuses, soutenues par une partie du peuple élu, la plupart pensant probablement agir pour de justes raisons. Je crois que lorsque nous soutenons l’existence des pouvoirs publics, sachant que ceux-ci  infligent de grandes souffrances (chômage, pauvreté, mal-logement, contraintes multiples, instruction défectueuse, etc.), nous prenons notre part de responsabilité dans ces souffrances qui sont infligées au Christ lui-même[60].
  • Le Seigneur est saint, pas les chefs d’État !
Je crois que cette crise est l’occasion, pour l’Église, de montrer aux Gilets-Jaunes et à l’ensemble de la population pourquoi le Seigneur, le Christ, roi de l’univers, est vraiment tout autre (c’est le sens du mot « saint ») que les « chefs des nations » et seul susceptible de ne pas nous décevoir :
  • Le Seigneur respecte intégralement notre liberté, il ne nous punit jamais ; sa Loi est un enseignement, une brève liste de recommandations visant notre bonheur, un guide, et non pas une montagne de prescriptions impératives susceptibles de nous valoir des sanctions.
  • Le Seigneur n’a que des mains douces[61]: les cadeaux qu’il nous fait (la vie, un corps, des talents, des qualités, une famille, l’univers, etc.) nous sont offerts gracieusement, sans contrepartie. Alors que les cadeaux faits par nos gouvernants de leur main douce sont financés par l’argent qu’ils nous ont soutiré de leur main rude[62].
  • Le Seigneur n’a pas d’intérêt personnel, de position hiérarchique, de statut à défendre (contrairement aux insinuations du serpent) : il souhaite nous unir à sa divinité, partager avec nous sa toute-puissance, que seul l’amour donné procure. Quel dirigeant terrestre serait prêt à donner sa vie par amour pour nous, comme il l’a fait ?
  • Le Seigneur est vérité, il ne nous trompe pas et il est fidèle à sa parole.
    • La communication respectueuse.
Un domaine dans lequel je recommande à l’Église de s’investir est celui de la formation à la communication (ou aux relations) interpersonnelle(s) respectueuse(s), à la lumière de la DSÉ. Aucune formation de ce type n’est actuellement dispensée au cours des études, en France, alors que nous passons le plus clair de notre temps à communiquer avec autrui et que c’est essentiellement là qu’il est possible de mettre en application l’appel à aimer (respecter) son prochain comme soi-même (ou le principe personnaliste). Suivre une telle formation permet de réaliser le degré élevé d’irrespect (vis-à-vis de nous-mêmes et d’autrui) que nous manifestons dans nos relations interpersonnelles, le plus souvent de façon inconsciente et involontaire, avec les meilleures intentions du monde.
  • Église et écologie.
Les thèses écologistes (dérèglement climatique d’origine anthropique, dangers du nucléaire, pollution - entraînée par le capitalisme -, épuisement des énergies non renouvelables,…) conduisent systématiquement  (est-ce leur but, comme je le crois ?) à justifier l’intervention des États, par la contrainte (taxation, règlementation) pour « sauver la planète ». Ces thèses sont élaborées par des spécialistes engagés et rémunérés par les États ou par des organisations internationales (ex : le GIEC est financé par l’ONU). Il me semble que ces thèses contredisent
  • le principe personnaliste, pour lequel le recours à la contrainte ne respecte pas la dignité de la personne ;
  • le Christ lui-même : « Qui d’entre vous, en se faisant du souci, peut ajouter une coudée à la longueur de sa vie ? (…) Ne vous faites donc pas tant de souci ; ne dites pas : “Qu’allons-nous manger ?” ou bien : “Qu’allons-nous boire ?” ou encore : “Avec quoi nous habiller ?” Tout cela, les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine » (Mt 6, 27. 31-34) ;
  • Saint Paul (Ph 4, 6-7) : « Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus » ;
  • Saint Jean-Paul II : « N’ayez pas peur ! »
J’invite la hiérarchie de l’Église à bien réfléchir à cette question avant de poursuivre, à la suite de François, son engagement en faveur d’idées visant à justifier l’utilisation de plus en plus massive de la contrainte par les États. En matière d’écologie comme de religion ou dans tout autre domaine, si nous avons foi en Dieu, alors la liberté de chaque personne doit être respectée et la contrainte bannie[63].
  • Église et libéralisme.
Il me semble que la plupart des catholiques, notamment les clercs, ont connaissance  médiocre, une vision très déformée et très négative du libéralisme[64]. Il n’est pas rare d’entendre de leur part « L’Église a toujours condamné le libéralisme ». Les deux définitions qu’en donne mon dictionnaire Larousse sont les suivantes.
  • Doctrine économique de la libre entreprise, selon laquelle l’État ne doit pas, par son intervention, gêner le libre jeu de la concurrence.
  • Doctrine politique visant à limiter les pouvoir de l’État au regard des libertés individuelles.
Comment ne pas voir la convergence de cette doctrine avec la DSÉ ? Le libéralisme a, selon moi, un défaut majeur et un avantage, par rapport à la DSÉ. Son défaut principal est qu’il ne s’intéresse qu’à la contrainte extérieure, notamment celle de l’État, alors que notre foi nous invite à donner la priorité à la recherche de liberté intérieure. Son avantage est que ses partisans (dont beaucoup sont chrétiens) ont beaucoup plus réfléchi que les chrétiens à l’importance de l’absence de contrainte étatique, aux fruits que cette absence donnerait, aux fractures sociales qu’elle éviterait. J’invite donc l’Église à favoriser la connaissance de la doctrine libérale par les clercs et les laïcs[65].
  • L’individualisme.
Il est courant d’entendre les catholiques (notamment les clercs) décrier l’individualisme, cause, à leurs yeux, d’une bonne partie des maux de notre société. Je souhaite leur faire observer qu’une définition de ce mot est la suivante : « Tendance à privilégier la valeur et les droits de l’individu contre les valeurs et les droits des groupes sociaux. »[66] En disant que « les droits de l’homme sont universels (parce qu’ils sont présents dans tous les êtres humains, sans aucune exception de temps, de lieu et de sujets), inviolables et inaliénables »[67], la DSÉ promeut la conception précitée de l’individualisme, me semble-t-il.
  • La prière universelle.
J’invite l’Église à réfléchir aux prières universelles « pour les dirigeants des affaires publiques » : celles que j’entends me semblent rester systématiquement non exaucées[68], de façon tout à fait explicable[69].
  • Le mariage civil.
Je suggère que l’Église cesse d’exiger des futurs mariés qu’ils contractent d’abord un mariage civil. Un ami m’a fait observer ceci : « L’Église ne te suivra probablement pas sur ce point, car elle souhaite sans doute éviter que ses prêtres, de moins en moins nombreux, aillent peupler les prisons. En effet, l'article 433-21 du Code pénal dispose que : Tout ministre d’un culte qui procédera, de manière habituelle, aux cérémonies religieuses de mariage sans que ne lui ait été justifié l'acte de mariage préalablement reçu par les officiers de l’état civil sera puni de  six mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende. » Peut-être l’ai-je su à une époque. Cette disposition montre que ceux qui s’engagent dans le mariage (catholique) ne le font pas vraiment librement, sans contrainte, puisqu’ils doivent d’abord céder à l’injonction du pouvoir politique et aller s’unir devant monsieur le maire, qu’ils le veuillent ou non.
  • Un acte de charité indispensable.
La dernière phrase de la première partie du Compendium[70] me semble remarquable. J’invite l’Église à faire un acte de charité indispensable en favorisant l’affaiblissement progressif de l’État, sans la moindre violence, jusqu’à sa disparition complète (ou sa transformation en organisation n’ayant plus recours à la contrainte), si possible. La population pourra alors se détourner de ses idoles (dont l’État) et se tourner vers le Christ, Roi de l’univers, seul libérateur. Simultanément, la misère disparaîtra. Amener les dirigeants politiques à renoncer à leur pouvoir, basé sur la contrainte, est un acte de charité envers eux tout autant qu’envers le peuple enfin libéré.   Je ne compte pas transmettre cette réponse à mes élus. Que pourrais-je dire d’utile à Baal ? Comment celui-ci pourrait-il supporter de m’entendre le désigner comme une idole ? De plus, j’attends de voir comment vous recevez ce texte. Si vous n’y trouvez pas d’intérêt, alors que vous connaissez mieux que moi la plupart des textes sur lesquels je m’appuie, comment les élus censés me représenter pourraient-ils y porter la moindre attention ? Et si vous y trouvez un peu d’intérêt, il me semble préférable que ce soit vous, avec l’autorité qui est la vôtre, qui fassiez connaître plus largement les idées ayant retenu votre attention.   Je vous remercie par avance de votre bienveillante lecture ; je vous présente mes meilleurs vœux d’excellente année 2019 et vous prie d’agréer, Messeigneurs, l’expression de mes sentiments très respectueux, Signature   P.-S. : résumé : L’État, parce qu’il recourt massivement à la contrainte, entrave la liberté et ne peut respecter ni le décalogue, ni les principes de la DSÉ, ni l’enseignement du Christ. L’État est un modèle de « structure de péché ». Dès lors, le poids de l’État explique la crise sociale actuelle, comme toutes les autres. La thèse qui en découle est qu’une condition nécessaire à la disparition progressive de ces crises est que l’État renonce à la contrainte, ou disparaisse lui-même. Cette thèse est ici appuyée par divers commentaires, elle peut rencontrer des objections, mais aussi permettre quelques éclairages. Elle facilite la réponse au questionnaire de la CEF. L’analyse de l’attitude du Christ à l’égard du pouvoir politique permet de dégager des pistes d’action pour l’Église. La crise actuelle est un moment favorable pour une « priorité pastorale authentique » : la diffusion de la DSÉ, afin que « les personnes, éclairées par celles-ci, soient capables d’interpréter la réalité d’aujourd’hui et de chercher des voies appropriées à l’action. » La population pourra alors se détourner de ses idoles (dont l’État) et se tourner vers le Christ, Roi de l’univers[71], Prince-de-la-Paix, seul libérateur. [1] Président fondateur de Syndicatho (syndicat s’appuyant, comme la CFTC, sur la Doctrine Sociale de l’Église et cherchant à la faire connaître dans le monde professionnel) et membre de l’AEC (Association des Économistes Catholiques). [2] Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » (Jn 13, 7-9) [3] À partir de ce moment, Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches : « Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas. » Mais lui, se retournant, dit à Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » (Mt 16, 21-23) [4] Ceux qui avaient commencé à cinq heures s’avancèrent et reçurent chacun une pièce d’un denier. Quand vint le tour des premiers, ils pensaient recevoir davantage, mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d’un denier. En la recevant, ils récriminaient contre le maître du domaine : “Ceux-là, les derniers venus, n’ont fait qu’une heure, et tu les traites à l’égal de nous, qui avons enduré le poids du jour et la chaleur !” Mais le maître répondit à l’un d’entre eux : “Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi. N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ? Prends ce qui te revient, et va-t’en. Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ? Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ?” (Mt 20, 9-15). [5] Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! Car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte » (Mt 4, 8-10). [6] « Toute la doctrine sociale se déroule, en effet, à partir du principe qui affirme l'intangible dignité de la personne humaine. » (Comp., 107. Cf. Jean XXIII, Encycl. Mater et magistra: AAS 53 (1961) 453, 459.) [7] Cf. Catéchisme de l'Église Catholique, 1705. [8] Concile Œcuménique Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et spes, 17: AAS 58 (1966) 1037; Catéchisme de l'Église Catholique, 1730-1732. [9] Dans le présent texte, toute appréciation négative de l’État ne porte sur lui qu’en tant qu’organisation détentrice d’un monopole légal de la contrainte, et en aucun cas sur ses agents ou dirigeants, qui, d’après le principe personnaliste, disposent d’une très haute dignité. [10] Une contrainte extérieure n’est légitime que lorsqu’elle a pour objet de s’opposer à une autre contrainte, de faire respecter les droits naturels d’autrui, notamment sa vie, sa propriété et sa liberté. Ainsi, sont seules légitimes les lois qui empêchent le meurtre (« Tu ne tueras pas »), le vol (« Tu ne voleras pas ») ou qui imposent le respect de la vérité (qui rend libre : « Tu ne mentiras pas ») et le respect des engagements pris (« Tu n’établiras pas de faux serments »). [11] «De même qu'on ne peut enlever aux particuliers, pour les transférer à la communauté, les attributions dont ils sont capables de s'acquitter de leur seule initiative et par leurs propres moyens, ainsi ce serait commettre une injustice, en même temps que troubler d'une manière très dommageable l'ordre social, que de retirer aux groupements d'ordre inférieur, pour les confier à une collectivité plus vaste et d'un rang plus élevé, les fonctions qu'ils sont en mesure de remplir eux-mêmes» (Comp., 186). [12] « Il (le bien commun) suppose, en premier lieu, le respect de la personne en tant que telle. Au nom du bien commun, les pouvoirs publics sont tenus de respecter les droits fondamentaux et inaliénables de la personne humaine. La société se doit de permettre à chacun de ses membres de réaliser sa vocation. En particulier, le bien commun réside dans les conditions d’exercice des libertés naturelles qui sont indispensables à l’épanouissement de la vocation humaine : " ainsi : droit d’agir selon la droite règle de sa conscience, droit à la sauvegarde de la vie privée et à la juste liberté, y compris en matière religieuse " (GS 26, § 2). [13] par bien commun on entend: « cet ensemble de conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu'à chacun de leurs membres, d'atteindre leur perfection d'une façon plus totale et plus aisée » (Comp. 164 ; Concile Œcuménique Vatican II, Const. past. Gaudium et spes, 26) [14] Une société qui, à tous les niveaux, désire véritablement demeurer au service de l'être humain, est celle qui se fixe le bien commun pour objectif prioritaire, dans la mesure où c'est un bien appartenant à tous les hommes et à tout l'homme(Comp. 165 ; Cf. Catéchisme de l'Église Catholique, 1912). [15] Chaque homme doit avoir la possibilité de jouir du bien-être nécessaire à son plein développement: le principe de l'usage commun des biens est le « premier principe de tout l'ordre éthico-social » (Comp. 172 ; Jean-Paul II, Encycl.Laborem exercens, 19). Destination et usage universel ne signifient pas que tout soit à la disposition de chacun ou de tous, ni même que la même chose serve ou appartienne à chacun ou à tous (Comp. 173). [16] La conséquence caractéristique de la subsidiarité est la participationqui s'exprime, essentiellement, en une série d'activités à travers lesquelles le citoyen, comme individu ou en association avec d'autres, directement ou au moyen de ses représentants, contribue à la vie culturelle, économique, sociale et politique de la communauté civile à laquelle il appartient (Cf. Concile Œcuménique Vatican II, Const. past. Gaudium et spes, 75)La participation est un devoir que tous doivent consciemment exercer, d'une manière responsable et en vue du bien commun (Cf. Catéchisme de l'Église Catholique, 1913-1917). Elle ne peut pas être délimitée ou restreinte à quelques contenus particuliers de la vie sociale (Comp. 189). [17] Comp. 194. [18] Estimations trouvées sur Wikipédia : les pertes humaines de la Première Guerre mondiale s’élèvent à 18,6 millions de morts et celles de la Seconde Guerre mondiale s’élèvent à plus de 60 millions de morts. [19] Le journaliste Pierre Jovanovic, dans son livre « Adolf Hitler ou la vengeance de la planche à billets » explique que l’arrivée au pouvoir d'Hitler est la conséquence du fait que l’État français a exigé des pénalités de guerre exorbitantes à l’Allemagne, puis que l’État allemand, pour payer ces pénalités en monnaie de singe, a « fait tourner la planche à billets » à plein régime. Ceci a conduit à l’hyperinflation et à répandre la misère dans le pays. Pour lui, la guerre de 14-18 n’aurait pu durer qu’un an, à peine, si les États allemand et français avaient dû se contenter de leurs réserves en or pour payer les soldats et financer la guerre, s’ils n’avaient pas décidé de rendre leur monnaie inconvertible en métal et de faire tourner sans retenue la planche à billets. Il explique que c’est la même cause (impression immodérée d’assignats) qui a conduit à la prise de pouvoir de Bonaparte, avec les conséquences guerrières que l’on sait. [20] Ceci fait partie du conditionnement évoqué en introduction. En réalité, il a été décidé, sans consultation du peuple, que le détenteur du pouvoir serait le candidat le plus consensuel auprès de la population concernée. L’élection est un outil de mesure du degré de consensus, plus précis et beaucoup plus coûteux que le sondage. Le degré de précision est parfaitement inutile, mais cela permet de faire gober au citoyen qu’il participe au pouvoir, via un représentant pour qui il n’a souvent pas voté, qui ne le connaît pas et se moque complètement de ce qu’il pense et désire. [21] Ce passage éclaire, en la démentant, la célèbre métaphore de l’écrivain autrichien Ferdinand Kürnberger « Le libéralisme, c’est le renard libre dans le poulailler libre » : pour le Christ (comme pour les partisans du libéralisme), le renard, qui menace de dévorer le Seigneur et ses enfants, n’est autre que le dirigeant politique, personnifié par Hérode ! [22] « Par respect pour le  le Christ » peut être entendu « Par respect pour l’appel du Christ à nous aimer les uns les autres ». Cette interprétation est confortée par le parallélisme entre « Vous, les femmes, soyez soumises à vos maris » et « Vous, les hommes, aimez votre femme ». [23] Prémisse n° 1 : « La dignité de l’homme exige (donc) de lui qu’il agisse selon un choix conscient et libre, mû par une conviction personnelle, et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d’une contrainte extérieure » (principe personnaliste = principe de base de la DSÉ). Prémisse n° 2 : l’action de l’État est essentiellement basée sur la contrainte vis-à-vis des citoyens (prélèvements obligatoires, lois et règlements,…) Conclusion : l’État ne peut pas respecter le principe de base de la DSÉ. [24] « Les conséquences du péché alimentent les structures du péché. Celles-ci s'enracinent dans le péché personnel et, partant, sont toujours liées à des actes concrets des personnes qui les engendrent, les consolident et les rendent difficiles à éliminer. C'est ainsi qu'elles se renforcent, qu'elles se répandent, qu'elles deviennent source d'autres péchés et conditionnent la conduite des hommes. Il s'agit de conditionnements et d'obstacles qui durent beaucoup plus longtemps que les actions accomplies dans le bref laps de temps de la vie d'un individu et qui interfèrent aussi dans le processus du développement des peuples, dont le retard ou la lenteur doivent aussi être jugés sous cet aspect. Les actions et les comportements contraires à la volonté de Dieu et au bien du prochain et les structures qu'ils induisent semblent aujourd'hui être de deux sortes: « d'une part le désir exclusif du profit et, d'autre part, la soif du pouvoir dans le but d'imposer aux autres sa volonté. Pour mieux définir chacune des attitudes, on peut leur accoler l'expression “à tout prix” » » (Comp. 119). [25] « L'État, c'est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde. Car, aujourd'hui comme autrefois, chacun, un peu plus, un peu moins, voudrait bien profiter du travail d'autrui. Ce sentiment, on n'ose l'afficher, on se le dissimule à soi-même; et alors que fait-on? On imagine un intermédiaire, on s'adresse à l'État, et chaque classe tour à tour vient lui dire: « Vous qui pouvez prendre loyalement, honnêtement, prenez au public, et nous partagerons » (Frédéric Bastiat, « L’État », 1848). [26] « L’État est une institution fondamentalement illégitime qui se fonde sur l’agression systématisée, le crime organisé et banalisé contre la personne et la propriété de ses sujets. Loin d’être nécessaire à la société, c’est une institution profondément antisociale qui parasite les activités productives des citoyens honnêtes » (Murray Rothbard, « Éthique de la liberté », chapitre 24). [27] « Dans cette crise actuelle, l'État n’est pas la solution à notre problème ; l'État est le problème. De temps en temps nous avons été tentés de croire que la société est devenue trop complexe pour être contrôlée par la discipline de chacun, que le gouvernement par une élite était supérieur au gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Et bien, si personne parmi nous n’est capable de se gouverner lui-même, alors qui parmi nous a la capacité d’en gouverner un autre ? » (Ronald Reagan) [28] « Rien par force, tout par amour » était une devise de saint François de Sales. [29] « L'État représente la violence sous une forme concentrée et organisée. L'individu a une âme, mais l'État, étant une machine sans âme, ne peut jamais renoncer à la violence à laquelle il doit sa propre existence » (Gandhi). [30] « En dehors des récits de la Passion et des chants du Serviteur de Yahvé, les principautés et les puissances sont visibles dans leur splendeur extérieure, mais elles sont invisibles et inconnues dans leur origine violente, honteuse. L'envers du décor n'est jamais là et c'est cet envers que la Croix du Christ, pour la première fois, apporte aux hommes. Pour tout ce qui touche à leur fausse gloire, les puissances se chargent de leur propre publicité, mais ce que la Croix révèle à leur sujet, c'est la honte de leur origine violente qui doit rester dissimulée pour empêcher leur effondrement » (René Girard, Le triomphe de la Croix). [31] « Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux de mon bien ? », Mt 20,15 [32] « Il existe de bonnes raisons d'estimer qu'en de nombreuses circonstances « le marché libre soit l'instrument le plus approprié pour répartir les ressources et répondre efficacement aux besoins » (Comp. 347 ; Centesimus annus 34). [33] « La doctrine sociale de l'Église considère positivement les avantages sûrs qu'offrent les mécanismes du marché libre, aussi bien pour une meilleure utilisation des ressources que pour la facilitation de l'échange des produits; « surtout, ils [les mécanismes] placent au centre la volonté et les préférences de la personne, qui, dans un contrat, rencontrent celles d'une autre personne » (Comp. 347 ; Centesimus annus 40). [34] « Un vrai marché concurrentiel est un instrument efficace pour atteindre d'importants objectifs de justice: modérer les excès de profit des entreprises; répondre aux exigences des consommateurs; réaliser une meilleure utilisation et une économie des ressources; récompenser les efforts des entreprises et l'habileté d'innovation et faire circuler l'information de façon qu'il soit vraiment possible de confronter et d'acquérir les produits dans un contexte de saine concurrence » (Comp. 347). [35] Nadal, Djokovic ou Federer en ont bien conscience : à la fin d’une partie de tennis, ils tombent dans les bars l’un de l’autre ! [36] 39 Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos ! (Mt 5, 39-42) [37] Or Simon-Pierre avait une épée ; il la tira, frappa le serviteur du grand prêtre et lui coupa l’oreille droite. Le nom de ce serviteur était Malcus. Jésus dit à Pierre : « Remets ton épée au fourreau. La coupe que m’a donnée le Père, vais-je refuser de la boire ? » (Jn 18, 10-11) [38] À ces mots, un des gardes, qui était à côté de Jésus, lui donna une gifle en disant : « C’est ainsi que tu réponds au grand prêtre ! » Jésus lui répliqua : « Si j’ai mal parlé, montre ce que j’ai dit de mal. Mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » (Jn 18, 22-23) [39] Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin (Lc 4, 29-30). [40] Résumé : Il y a de longues années vivait un empereur qui aimait par-dessus tout être bien habillé. Il avait un habit pour chaque heure du jour. Un beau jour, deux escrocs arrivèrent dans la grande ville de l’empereur. Ils prétendirent savoir tisser une étoffe que seules les personnes sottes ou incapables dans leurs fonctions ne pouvaient pas voir et proposèrent au souverain de lui en confectionner un habit. L’empereur pensa qu'il serait exceptionnel et qu’il pourrait ainsi repérer les personnes intelligentes de son royaume. Les deux charlatans se mirent alors au travail. Quelques jours plus tard, l’empereur, curieux, vint voir où en était le tissage de ce fameux tissu. Il ne vit rien car il n’y avait rien. Troublé, il décida de n’en parler à personne, car personne ne voulait d’un empereur sot. Il envoya plusieurs ministres inspecter l’avancement des travaux. Ils ne virent pas plus que le souverain, mais n’osèrent pas non plus l’avouer, de peur de paraître imbéciles. Tout le royaume parlait de cette étoffe extraordinaire. Le jour où les deux escrocs décidèrent que l’habit était achevé, ils aidèrent l’empereur à l’enfiler. Ainsi « vêtu » et accompagné de ses ministres, le souverain se présenta à son peuple qui, lui aussi, prétendit voir et admirer ses vêtements. Seul un petit garçon osa dire la vérité : « Mais il n’a pas d’habits du tout ! » (ou dans une traduction plus habituelle : « le roi est nu ! »). Et tout le monde lui donna raison. L’empereur comprit que son peuple avait raison, mais continua sa marche sans dire un mot. [41] Premier livre de Samuel, chapitre 8 01 Quand Samuel fut devenu vieux, il établit ses fils juges en Israël. 02 Son fils aîné s’appelait Joël, et le second, Abiya ; ils jugeaient à Bershéba. 03 Mais ses fils ne marchèrent pas sur ses traces. Attirés par le gain, ils acceptèrent des cadeaux et firent dévier le droit. 04 Tous les anciens d’Israël se réunirent et vinrent trouver Samuel à Rama. 05 Ils lui dirent : « Tu es devenu vieux, et tes fils ne marchent pas sur tes traces. Maintenant donc, établis, pour nous gouverner, un roi comme en ont toutes les nations. » 06 Samuel fut mécontent parce qu’ils avaient dit : « Donne-nous un roi pour nous gouverner », et il se mit à prier le Seigneur. 07 Or, le Seigneur lui répondit : « Écoute la voix du peuple en tout ce qu’ils te diront. Ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi qu’ils rejettent : ils ne veulent pas que je règne sur eux. 08 Tout comme ils ont agi depuis le jour où je les ai fait monter d’Égypte jusqu’à aujourd’hui, m’abandonnant pour servir d’autres dieux, de même agissent-ils envers toi. 09 Maintenant donc, écoute leur voix, mais avertis-les solennellement et fais-leur connaître les droits du roi qui régnera sur eux. » 10 Samuel rapporta toutes les paroles du Seigneur au peuple qui lui demandait un roi. 11 Et il dit : « Tels seront les droits du roi qui va régner sur vous. Vos fils, il les prendra, il les affectera à ses chars et à ses chevaux, et ils courront devant son char. 12 Il les utilisera comme officiers de millier et comme officiers de cinquante hommes ; il les fera labourer et moissonner à son profit, fabriquer ses armes de guerre et les pièces de ses chars. 13 Vos filles, il les prendra pour la préparation de ses parfums, pour sa cuisine et pour sa boulangerie. 14 Les meilleurs de vos champs, de vos vignes et de vos oliveraies, il les prendra pour les donner à ses serviteurs. 15 Sur vos cultures et vos vignes il prélèvera la dîme, pour la donner à ses dignitaires et à ses serviteurs. 16 Les meilleurs de vos serviteurs, de vos servantes et de vos jeunes gens, ainsi que vos ânes, il les prendra et les fera travailler pour lui. 17 Sur vos troupeaux, il prélèvera la dîme, et vous-mêmes deviendrez ses esclaves. 18 Ce jour-là, vous pousserez des cris à cause du roi que vous aurez choisi, mais, ce jour-là, le Seigneur ne vous répondra pas ! » 19 Le peuple refusa d’écouter Samuel et dit : « Non ! il nous faut un roi ! 20 Nous serons, nous aussi, comme toutes les nations ; notre roi nous gouvernera, il marchera à notre tête et combattra avec nous. » 21 Samuel écouta toutes les paroles du peuple et les répéta aux oreilles du Seigneur. 22 Et le Seigneur lui dit : « Écoute-les, et qu’un roi règne sur eux ! » Alors Samuel dit aux hommes d’Israël : « Allez ! Chacun dans sa ville ! » [42] Force est de constater que nous nous tournons vers ce pouvoir chaque fois qu’un problème se présente. Le rapprochement entre le supposé « dérèglement climatique d’origine humaine » actuel et la sécheresse du temps d’Élie, ou le peuple élu se tournait vers Baal, est significatif. [43] Il faut le dire : il y a trop de grands hommes dans le monde ; il y a trop de législateurs, organisateurs, instituteurs de sociétés, conducteurs de peuples, pères des nations, etc. Trop de gens se placent au-dessus de l’humanité pour la régenter, trop de gens font métier de s’occuper d’elle. On me dira : Vous vous en occupez bien, vous qui parlez. C’est vrai. Mais on conviendra que c’est dans un sens et à un point de vue bien différents, et si je me mêle aux réformateurs c’est uniquement pour leur faire lâcher prise. Je m’en occupe non comme Vaucanson de son automate, mais comme un physiologiste de l’organisme humain : pour l’étudier et l’admirer. Je m’en occupe, dans l’esprit qui animait un voyageur célèbre. Il arriva au milieu d’une tribu sauvage. Un enfant venait de naître et une foule de devins, de sorciers, d’empiriques l’entouraient, armés d’anneaux, de crochets et de liens. L’un disait : cet enfant ne flairera jamais le parfum d’un calumet, si je ne lui allonge les narines. Un autre : il sera privé du sens de l’ouïe, si je ne lui fais descendre les oreilles jusqu’aux épaules. Un troisième : il ne verra pas la lumière du soleil, si je ne donne à ses yeux une direction oblique. Un quatrième : il ne se tiendra jamais debout, si je ne lui courbe les jambes. Un cinquième : il ne pensera pas, si je ne comprime son cerveau. Arrière, dit le voyageur. Dieu fait bien ce qu’il fait ; ne prétendez pas en savoir plus que lui, et puisqu’il a donné des organes à cette frêle créature, laissez ses organes se développer, se fortifier par l’exercice, le tâtonnement, l’expérience et la Liberté. Dieu a mis aussi dans l’humanité tout ce qu’il faut pour qu’elle accomplisse ses destinées. Il y a une physiologie sociale providentielle comme il y a une physiologie humaine providentielle. Les organes sociaux sont aussi constitués de manière à se développer harmoniquement au grand air de la Liberté. Arrière donc les empiriques et les organisateurs ! Arrière leurs anneaux, leurs chaînes, leurs crochets, leurs tenailles ! Arrière leurs moyens artificiels ! Arrière leur atelier social, leur phalanstère, leur gouvernementalisme, leur centralisation, leurs tarifs, leurs universités, leurs religions d’État, leurs banques gratuites ou leurs banques monopolisées, leurs compressions, leurs restrictions, leur moralisation ou leur égalisation par l’impôt ! Et puisqu’on a vainement infligé au corps social tant de systèmes, qu’on finisse par où l’on aurait dû commencer, qu’on repousse les systèmes, qu’on mette enfin à l’épreuve la Liberté, — la Liberté, qui est un acte de foi en Dieu et en son œuvre. [44] En sociologie et en économie, un ordre spontané est un ordre social qui émerge spontanément du comportement et des interactions des individus, sans qu'aucune instance planificatrice ou créatrice n'ait structuré ou organisé un tel ordre. Ceci n'exclut cependant pas l'existence de règles élaborées qui contribuent à créer un cadre pour favoriser l'émergence de l'ordre spontané. Ainsi, selon Hayekl'ordre qui règne sur un marché libéralisé est un ordre spontané. Le langage peut également être considéré comme un ordre spontané. [45] (Cf. Catéchisme de l'Église Catholique, 1910) [46] Cf. Jean-Paul II, Encycl. Centesimus annus, 48: AAS 83 (1991) 852-854. [47] 01 PAUL, EN PRISON pour le Christ Jésus, et Timothée notre frère, à toi, Philémon, notre collaborateur bien-aimé, 02 ainsi qu’à notre sœur, Aphia, à notre compagnon de combat, Archippe, et à l’Église qui se rassemble dans ta maison. 03 À vous, la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ. 04 À tout moment je rends grâce à mon Dieu, en faisant mémoire de toi dans mes prières, 05 car j’entends parler de ton amour et de la foi que tu as pour le Seigneur Jésus et à l’égard de tous les fidèles. 06 Je prie pour que ta communion dans la foi devienne efficace par la pleine connaissance de tout le bien qui est en nous, pour le Christ. 07 En effet, ta charité m’a déjà apporté beaucoup de joie et de réconfort, car grâce à toi, frère, les cœurs des fidèles ont trouvé du repos. 08 Certes, j’ai dans le Christ toute liberté de parole pour te prescrire ce qu’il faut faire, 09 mais je préfère t’adresser une demande au nom de la charité : moi, Paul, tel que je suis, un vieil homme et, qui plus est, prisonnier maintenant à cause du Christ Jésus, 10 j’ai quelque chose à te demander pour Onésime, mon enfant à qui, en prison, j’ai donné la vie dans le Christ. 11 Cet Onésime (dont le nom signifie « avantageux ») a été, pour toi, inutile à un certain moment, mais il est maintenant bien utile pour toi comme pour moi. 12 Je te le renvoie, lui qui est comme mon cœur. 13 Je l’aurais volontiers gardé auprès de moi, pour qu’il me rende des services en ton nom, à moi qui suis en prison à cause de l’Évangile. 14 Mais je n’ai rien voulu faire sans ton accord, pour que tu accomplisses ce qui est bien, non par contrainte mais volontiers. 15 S’il a été éloigné de toi pendant quelque temps, c’est peut-être pour que tu le retrouves définitivement, 16 non plus comme un esclave, mais, mieux qu’un esclave, comme un frère bien-aimé : il l’est vraiment pour moi, combien plus le sera-t-il pour toi, aussi bien humainement que dans le Seigneur. 17 Si donc tu estimes que je suis en communion avec toi, accueille-le comme si c’était moi. 18 S’il t’a fait du tort ou s’il te doit quelque chose, mets cela sur mon compte. 19 Moi, Paul, j’écris ces mots de ma propre main : c’est moi qui te rembourserai. Je n’ajouterai pas que toi aussi, tu as une dette envers moi, et cette dette, c’est toi-même. 20 Oui, frère, donne-moi cette satisfaction dans le Seigneur, fais que mon cœur trouve du repos dans le Christ. 21 Confiant dans ton obéissance, je t’écris en sachant que tu feras plus encore que je ne dis. 22 En même temps, prévois aussi mon logement, car j’espère que, grâce à vos prières, je vous serai rendu. 23 Épaphras, mon compagnon de captivité dans le Christ Jésus, te salue, 24 ainsi que Marc, Aristarque, Démas et Luc, mes collaborateurs. 25 Que la grâce du Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit. [48] On trouvera une très belle analyse de cette lettre dans le livre d’Adrien Candiard « À Philémon. Réflexions sur la liberté chrétienne » - Éditions du Cerf, 2019. [49] Honore ton père et ta mère afin d’avoir longue vie sur la terre que le Seigneur ton Dieu te donne (Ex 20, 12). [50] Ex : « Il faut bien un État pour diriger le pays, pour organiser la société, pour établir des règles, pour construire des routes, assurer l’ordre, … », « Toutes les organisations (entreprises, associations, etc., ont nécessairement des dirigeants », « S’il n’y avait pas d’État, ce serait bien pire, ce serait la jungle », « Comme l’homme est mauvais, l’humanité imparfaite, il faut bien un État », etc. [51] Le Seigneur dit : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays, vers un pays, ruisselant de lait et de miel (Ex 3, 7-8). [52] 14 Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. 15 Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. 16 De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux (Mt 5, 14-16) [53] Surnom donné par certains à Emmanuel Macron. [54] Ce que regrettait Étienne de La Boétie, au XVIe siècle, dans son « Discours de la servitude volontaire ». [55] 15 Le Seigneur Dieu prit l’homme et le conduisit dans le jardin d’Éden pour qu’il le travaille et le garde. 16 Le Seigneur Dieu donna à l’homme cet ordre : « Tu peux manger les fruits de tous les arbres du jardin ; 17 mais l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas ; car, le jour où tu en mangeras, tu mourras » (Gn 2, 15-17). [56] Jn 8, 1-11 01 Quant à Jésus, il s’en alla au mont des Oliviers. 02 Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. 03 Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, 04 et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. 05 Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » 06 Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. 07 Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » 08 Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. 09 Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. 10 Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » 11 Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » [57] Mt 13, 24-30 24 Il leur proposa une autre parabole : « Le royaume des Cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ. 25 Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi survint ; il sema de l’ivraie au milieu du blé et s’en alla. 26 Quand la tige poussa et produisit l’épi, alors l’ivraie apparut aussi. 27 Les serviteurs du maître vinrent lui dire : “Seigneur, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?” 28 Il leur dit : “C’est un ennemi qui a fait cela.” Les serviteurs lui disent : “Veux-tu donc que nous allions l’enlever ?” 29 Il répond : “Non, en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps. 30 Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier.” » [58] Si quelqu’un entend mes paroles et n’y reste pas fidèle, moi, je ne le juge pas, car je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver (Jn 12, 47). [59] Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34). [60] Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait” (Mt 25, 40). [61] « Au fait, l’État n’est pas manchot et ne peut l’être. Il a deux mains, l’une pour recevoir et l’autre pour donner, autrement dit, la main rude et la main douce. L’activité de la seconde est nécessairement subordonnée à l’activité de la première. À la rigueur, l’État peut prendre et ne pas rendre. Cela s’est vu et s’explique par la nature poreuse et absorbante de ses mains, qui retiennent toujours une partie et quelquefois la totalité de ce qu’elles touchent. Mais ce qui ne s’est jamais vu, ce qui ne se verra jamais et ne se peut même concevoir, c’est que l’État rende au public plus qu’il ne lui a pris » (Frédéric Bastiat, Pamphlets). [62] La charité dépasse la justice, parce que aimer c’est donner, offrir du mien à l’autre ; mais elle n’existe jamais sans la justice qui amène à donner à l’autre ce qui est sien, c’est-à-dire ce qui lui revient en raison de son être et de son agir. Je ne peux pas « donner » à l’autre du mien, sans lui avoir donné tout d’abord ce qui lui revient selon la justice. Qui aime les autres avec charité est d’abord juste envers eux (Benoît XVI, Caritas in veritate, 6). La « charité » de l’État consiste à offrir à l’autre ce qui ne lui appartient pas, une partie de ce qu’il a volé à l’autre par l’impôt. [63] La plupart des lieux pollués sont propriété collective, et non pas privée : le sous-sol, les rivières, la mer, les forêts du domaine public. Les mégots de cigarette traînent dans la rue, pas chez les particuliers. Les cathédrales qui brûlent sont celles dont l’État s’est attribué la propriété et la responsabilité de les entretenir. [64] J’ai le souvenir d’avoir entendu mon évêque, il y a un certain temps, me dire : « Pour moi, le libéralisme, c’est le fric roi ! » [65] Je recommande, par exemple, la lecture de « CATHOLIQUE ET LIBÉRAL – Les raisons morales d’une économie libre » (Père Robert Sirico - Éditions Salvator, 2018). [66] Le petit Larousse, 2001 [67] Comp. 153 et Jean XXIII, Encycl. Pacem in terris [68] « Mais Dieu se rit des prières qu'on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s'oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. Que dis-je? Quand on l'approuve et qu'on y souscrit, quoique ce soit avec répugnance » (Bossuet, « Histoire des variations des églises protestantes ») [69] Exemple tiré de « Prions-en-Église » pour le 27/01/2019 : « Pour les femmes et les hommes qui font de la politique : que leurs paroles publiques soient vraies et que leurs actes soient porteurs de respect et de justice envers tous. » Comme nous l’avons vu, les actes des dirigeants politiques, fondés sur la contrainte, ne peuvent être porteurs, ni de respect, ni de justice. [70] L'œuvre de miséricorde grâce à laquelle on répond ici et maintenant à un besoin réel et urgent du prochain est indéniablement un acte de charité, mais l'engagement tendant à organiser et à structurer la société de façon à ce que le prochain n'ait pas à se trouver dans la misère est un acte de charité tout aussi indispensable, surtout quand cette misère devient la situation dans laquelle se débattent un très grand nombre de personnes et même des peuples entiers; cette situation revêt aujourd'hui les proportions d'une véritable question sociale mondiale (Comp. 208). [71] Fêté le dernier dimanche de l’année liturgique.

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Thierry Jallas



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