Les matières premières dans le contexte de la crise 2020-21 Déjeuner débat 18 septembre
Après une année et demi d’interruption pour raison de crise dite sanitaire, retrouvez la convivialité des déjeuners débat du Cercle Frédéric Bastiat. Loin de la pensée unique flânez hors des sentiers battus, cultivez vos connaissances, découvrez des idées originales. Participez à de riches échanges avec des personnes intéressantes avec qui vous nouerez des relations sympathiques. Venez débattre librement avec des conférenciers de grande qualité, références en leur domaine. Vivez des instants chaleureux dans un cadre accueillant, propice à la réflexion et à la détente.Serait honoré par votre participation au déjeuner débat qui aura lieu
Le samedi 18 septembre 2021, apéritif d'accueil 11h30
A l’hôtel Sourcéo, à Saint-Paul-Lès-Dax
Le conférencier sera
Monsieur Philippe Chalmin
sur le thème
« Les matières premières dans le contexte de la crise 2020-21 »
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Cercle Cyclope Éditorial Juillet-août 2021
Par Philippe Chalmin
Le pétrole
C’est désormais le pétrole – et plus largement l’énergie – qui retrouve sa place de « vedette » sur les marchés de commodités. La rupture des discussions au sein de l’OPEP+ a poussé le baril de Brent à près de $ 80. Pendant ce temps-là, Gazprom en réduisant un peu ses livraisons en Europe a amené les prix européens du gaz naturel à leur plus haut depuis treize ans tandis qu’en Asie les prix du GNL restaient à des niveaux élevés. Enfin en Chine, charbon vapeur et charbon à coke battaient de nouveaux records malgré tous les efforts des autorités chinoises. Dans le cas du pétrole, il pourrait ne s’agir que d’un mouvement d’humeur émirati face au grand frère saoudien. Pour l’instant, l’OPEP+ a très bien géré la sortie de la crise pétrolière de 2020. Soutenue par la croissance et un grand vent d’optimisme dans les pays développés (« On the road again ! ») la consommation mondiale de l’OPEP+ est en nette reprise. Le retour progressif à la normale des quotas de production est équilibré et pourrait même permettre d’accueillir – le cas échéant – le pétrole iranien. La stratégie de l’Arabie saoudite est manifestement de maintenir le baril autour de $ 70 afin de prévenir un retour du pétrole de schiste américain, pour l’instant fort discret en termes de nouveaux investissements (au contraire même les « majors » s’en dégagent). Il faut quand même aussi rappeler que le marché du pétrole est excédentaire – en termes de capacités de production – de quelques 10 millions de bj. Pour le gaz naturel et le charbon, les tensions actuelles ont un incontestable parfum géopolitique. En Europe, en effet, Gazprom, qui va bientôt disposer du Nordstream II, profite d’un niveau de stocks relativement faible pour faire sentir à ses clients leur dépendance alors que les cargaisons de gaz naturel liquéfié se dirigent à nouveau vers l’Asie et de plus en plus vers la Chine, devenue en mai le premier importateur mondial de GNL. Mais ce gaz ne remplacera pas pour l’instant le charbon dont les prix ont d’autant plus flambé que les relations entre Chine et l’Australie se sont un peu plus refroidies.Le minerai de fer
Un produit par contre continue de circuler en abondance entre la Chine et l’Australie : c’est le minerai de fer pour lequel l’appétit chinois semble insatiable. En mai, l’Empire du Milieu n’a-t-il pas produit près de 100 millions de tonnes d’acier et la demande est telle que les prix de l’acier tant en Chine que dans le reste du monde sont à des niveaux record. En ce qui concerne le minerai de fer, la tonne rendue Chine (62 %) demeure confortablement au-dessus de $ 200, soit cinq fois les coûts de production et de fret des producteurs australiens de Pilbara.Le bois
C’est que la reprise économique en V, plus marquée qu’on ne s’y attendait, a entraîné des pénuries physiques de nombre de matériaux et donc des hausses de prix : on a beaucoup parlé du bois d’œuvre aux États-Unis, mais en réalité c’est toute l’industrie forestière qui est affectée ; ainsi le prix des cloisons en aggloméré est passé de moins de $ 100 à $ 600 les mille pieds planche. Acier, bois, matières plastiques, semi-conducteurs et bien sûr métaux non ferreux à l’image du cuivre, de l’étain, de l’aluminium et de toute la gamme des métaux touchés de près ou de loin par la transition énergétique, toutes les matières premières industrielles sont de la fête. Mais là, il faut aussi tenir compte d’une dimension spéculative, de l’anticipation par les marchés d’une demande qui n’est pas encore concrétisée. Remarquons d’ailleurs que pour nombre de ces produits, il semble bien que le point haut des tensions soit déjà passé depuis maintenant quelques semaines : à Chicago, le « lamber » est retombé de $ 1 600 à $ 750.Les produits agricoles
C’est manifestement aussi le cas des produits agricoles. Les marchés mondiaux pour les céréales et les oléagineux ont culminé en mai avant que ne se confirment les excellentes perspectives de la campagne 2021/2022. Le monde devrait battre des records de production et satisfaire même les besoins chinois (qui eux-mêmes pourraient être un peu en retrait par rapport à 2020/2021). Bien sûr, un accident climatique est toujours possible et il faudra suivre avec attention la pluviosité de l’été dans les grandes plaines américaines productrices de maïs et de soja. Mais pour l’instant, l’orientation des marchés à la baisse est très claire. Seul le café avec la perspective d’une « année-sans » au Brésil, devrait échapper à ces perspectives baissières. On le voit, on est loin du débat incontournable du moment sur un nouveau « Supercycle ». Pour nombre de marchés, la phase d’atterrissage a commencé et il faut même craindre que celui-ci n’ait rien de « soft ». Elle est retardée cependant par des goulots d’étranglement logistiques. L’engorgement du trafic maritime mondial – en particulier des conteneurs – se poursuit avec des ports saturés (Los Angeles, Rotterdam…) et des tarifs qui sur certaines lignes ont plus que décuplé.Le contexte sanitaire
En ce début d’été 2021, le monde est confronté à un paradoxe. On veut oublier la pandémie, croire qu’elle est derrière nous que la vaccination a tout réglé, alors même que de nouveaux variants apparaissent, que des pays entiers basculent à nouveau dans le confinement, que d’autres s’y préparent. Du point de vue économique la page serait tournée et la « crise de 2020 » presque oubliée. Les marchés, par le dynamisme de la demande, ont bien reflété cet optimisme, et on sent même une certaine euphorie estivale. Mais celle-ci reste bien fragile tant les retournements de la pandémie peuvent être brutaux.Les marchés de matières premières et de commodités reflètent au fond ces incertitudes, le chaud et le froid, « l’obscure clarté » plus que jamais d’actualité
Philippe CHALMIN
Est Professeur d’histoire économique à l'Université Paris-Dauphine depuis 1994 et Directeur du Master 212 « Affaires Internationales » depuis 1999.
Il est : • Fondateur et Président depuis 1985 de CyclOpe, la principale structure de recherche et d'études en France sur les marchés internationaux. • Chroniqueur économique sur BFM et BFM TV au Figaro, au Monde. • Président de l’Observatoire de la Formation des prix et des Marges Alimentaires auprès du Ministre de l’Agriculture et du Ministre de l’Economie et des Finances. • Auteur ou Directeur d'une quarantaine de livres et de très nombreux articles scientifiques. • Consultant auprès de la Banque Mondiale et de l'Union Européenne
Il a été de 1998 au 2000 Président de la Société d'Economie Politique dont il est aujourd’hui président d'honneur. Philippe CHALMIN est diplômé de HEC (1974), agrégé d’histoire (1977), Docteur ès lettres et sciences humaines – doctorat d’état d’histoire – (1981). Il suit tout particulièrement depuis la fin des années soixante-dix les évolutions du monde agricole et agro-alimentaire français comme en témoignent ses premiers travaux sur l’économie des filières jusqu’à ses réflexions plus récentes sur l’évolution des politiques agricoles notamment en Europe.
Pass sanitaire obligatoire
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