Les dix points du « Manifeste communiste » de Marx et Engels
Les dix points du « Manifeste communiste » de Marx et Engels.
Ce que le communisme, c'est-à-dire le socialisme originel, celui des Soviets, des Maoïstes ou des Khmers rouges, n'a pas réussi à obtenir par la force, L'État-providence l'obtient furtivement depuis des décennies avec pour résultats ruine et misère, auxquelles conduit inévitablement la servitude volontaire ou pas.
Marx et Engels avaient établi un beau programme en dix points pour les pays avancés, qui fut plutôt celui des pays qui ne l'étaient pas et qui fit parmi les récalcitrants des millions de victimes, qu'il est de bon ton de ne jamais évoquer pour ne pas désespérer ceux qui croient encore en l'avenir radieux socialiste.
Les dix points du Manifeste
Ces dix points les voici tels qu'ils sont traduits dans l'édition du Manifeste communiste (1848), établie par Maximilien Rudel en 1965 et publiée dans la Bibliothèque de la Pléiade en 1969 :
1) Expropriation de la propriété foncière et affectation de la rente foncière aux dépenses de l'État.
2) Impôt sur le revenu fortement progressif.
3) Abolition du droit d'héritage.
4) Confiscation des biens de tous les émigrés et rebelles.
5) Centralisation du crédit entre les mains de l'État, au moyen d'une banque nationale à capital d'État et à monopole exclusif.
6) Centralisation entre les mains de l'État de tous les moyens de transport et de communication.
7) Multiplication des manufactures nationales et des instruments de production ; défrichement des terres incultes conformément à un plan d'ensemble.
8) Travail obligatoire pour tous, constitution d'armées industrielles, particulièrement dans l'agriculture.
9) Combinaison de l'exploitation agricole et industrielle ; mesures tendant à faire disparaître graduellement la différence entre la ville et la campagne.
10) Éducation publique et gratuite de tous les enfants. Abolition du travail des enfants dans les fabriques, tel qu'il existe aujourd'hui ; éducation combinée avec la production matérielle, etc., etc.
La mise en place des dix points
A la lecture de ces dix points, il faut remarquer qu'ils ne sont pas encore tous complètement mis en place, suivant celle qu'occupe l'État-providence dans un pays :
1) Des propriétés foncières privées peuvent toujours exister mais elles sont souvent soumises à de telles taxes ou à de telles réglementations que les propriétaires n'en disposent pas librement.
2) L'impôt sur le revenu fortement progressif est la règle dans la plupart des pays avancés, sauf dans nombre de ceux qui ont connu le communisme et ont fini par s'en affranchir après la chute du Mur.
3) Le droit d'héritage n'est peut-être pas aboli mais les droits de succession sont souvent tellement élevés qu'il semble plutôt que ce soient les États qui héritent que les véritables ayant-droits.
4) C'est une tentation très forte pour les États de s'en prendre aux biens des exilés, fiscaux ou pas; les États les plus endettés y succombent et traquent les rebelles sous prétexte fallacieux de fraude.
5) Des banques privées existent toujours mais elles sont tellement soumises à des réglementations et au monopole des banques centrales qu'elles sont en réalité sous tutelle et très encadrées.
6) Suivant que l'État-providence est plus ou moins présent dans un pays, les transports publics y sont plus ou moins dominants et la liberté d'opinion y est plus ou moins menacée par la judiciarisation.
7) S'il y a moins d'entreprises nationales proprement dites, encore que les États se réservent souvent le monopole de la production et de la politique énergétiques, il n'est pas exclu de nationaliser en cas de crise.
8) Le travail n'est peut-être pas obligatoire pour tous, mais les règles du marché du travail, notamment dans des pays comme la France, sont telles que ce serait plutôt le chômage structurel qui le serait.
9) La diminution de la population agricole n'est pas due principalement à l'intervention de l'État : c'est une évolution des activités humaines et de la création de richesses dues aux innovations.
10) L'école publique et gratuite (en fait rien n'est jamais gratuit), faute de concurrence, est fortement inégalitaire, mais elle a l'avantage de formater des générations d'élèves à la pensée unique socialiste.
Conclusion
La tendance à la réalisation complète des points qui figurent dans Le Manifeste communiste, au cours des dernières décennies, est bien réelle dans les pays avancés. Ce qui veut dire d'ailleurs qu'ils ont reculé devant le mythe égalitaire.
Malheureusement, la crise sanitaire actuelle pourrait bien être le prétexte à la parachever, d'autant que les populations, bien malgré elles, s'habituent à ne plus jouir des libertés individuelles qui leur restent encore.
Le 25 septembre 1993, aux Lucs-sur-Boulogne, Alexandre Soljenitsyne prononçait un discours lors de l'inauguration de l'Historial de Vendée, qui éclaire très bien le choix essentiel pour une société entre liberté et égalité, idéaux qui, avec fraternité, figurent dans la devise républicaine française :
" Dans la vie sociale, liberté et égalité tendent à s'exclure mutuellement, sont antagoniques l'une de l'autre. La liberté détruit l'égalité sociale - c'est même là un des rôles de la liberté -, tandis que l'égalité restreint la liberté, car, autrement on ne saurait y atteindre. Quant à la fraternité, elle n'est pas de leur famille. Ce n'est qu'un aventureux ajout au slogan et ce ne sont pas des dispositions sociales qui peuvent faire la fraternité. Elle est d'ordre spirituel."
La liberté, si elle détruit l'égalité sociale, permet la création de richesses et réduit la pauvreté, tandis que la société voulue par Marx et Engels en restreignant fortement la liberté nivelle par le bas et se résume à tous égaux, mais pauvres.
Francis Richard
Lausanne, le 25 avril 2020
Sur le Web : http://www.francisrichard.net/2020/04/les-dix-points-du-manifeste-communiste-de-marx-et-engels.html
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