Le Spectre des inégalités
"Inference" est une toute nouvelle revue internationale des sciences exclusivement publiée sur le net. Principalement publiée en anglais, mais avec des articles écrits également en français, elle vise à redonner à l'esprit critique et à l'expression d'un libre scepticisme rationnel toute leur place dans l'évaluation des théories et travaux scientifiques soumis aux effets de mode de la société politique et médiatique contemporaine.
L'article qui suit a été publié au mois d'octobre 2014 dans le premier numéro de cette nouvelle revue "on line", sous le titre "Le spectre des inégalités" (inspiré par la célèbre première phrase du Manifeste du parti communiste de Marx et Engels de 1847 : "un spectre hante l'Europe : le communisme").
Le spectre des inégalités
L’ÉCONOMISTE français Thomas Piketty a concentré l’attention des économistes professionnels, comme du grand public, sur la vielle question marxiste : les sociétés capitalistes conduisent-elles inexorablement à des conditions d’inégalités extrêmes ?
Cette question a elle-même connu, depuis Marx, une histoire intéressante : la vision prévalant depuis les travaux d’après-guerre effectués par l’américain Simon Kuznets, prix Nobel d’économie 1971, et la publication de son célèbre article « Economic growth and income inequality1 », est celle selon laquelle les inégalités de revenus sont inévitablement appelées à s’atténuer au fur et à mesure du développement économique. Selon cette théorie, la dynamique naturelle des inégalités s’apparente à une courbe en cloche : les inégalités s’accroissent au cours des premières phases de l’industrialisation avant de spontanément diminuer lors des phases plus avancées du développement économique sous l’effet conjugué des hausses de salaires, de la concurrence générée par l’apparition de nouveaux entrepreneurs et du renouvellement des élites économiques.
Or, c’est une vision très différente que nous livre Thomas Piketty dans son livre Le Capital au XXIe siècle2, au terme de quinze années d’un impressionnant programme de recherche de données et de statistiques mené par une équipe internationale d’économistes, et destiné à élargir le champ et l’étendue des observations dont nous disposons dans ce domaine. L’ouvrage dégage, en effet, trois conclusions à rebours de la pensée dominante :
1. d’abord, que la phase de compression des inégalités s’est terminée dans les années soixante, et que l’on assiste, depuis lors – c’est-à-dire depuis les années 1970-1980 –, à une forte recrudescence des inégalités, lesquelles seraient en passe de retrouver aujourd’hui des niveaux records correspondant, peu ou prou, aux chiffres très élevés qui caractérisaient la Belle Époque ;
2. ensuite, que s’il existe bel et bien des mécanismes susceptibles de réduire les inégalités dans le cadre d’une croissance capitaliste, il n’en reste pas moins que ceux-ci sont, aujourd’hui, de plus en plus contrebalancés par des forces mécaniques de divergence liées à des processus d’accumulation et de concentration du capital d’autant plus puissants que nous vivons vraisemblablement de nouveau une phase de croissance faible ;
3. enfin, qu’en se conjuguant, ces évolutions vont mécaniquement occasionner des niveaux d’inégalités extrêmes, allant même au-delà de chiffres jamais atteints depuis les débuts de l’ère industrielle, et rendant plausible l’avènement d’une catastrophe politique mondiale « potentiellement terrifiante3 ». D’où la proposition d’agir préventivement en alourdissant la fiscalité des plus hauts revenus et en instituant un impôt mondial sur la richesse.
Ce que, au lendemain de la guerre, nous croyions être une rupture radicale avec l’univers économique et social d’antan (l’avènement d’une croissance rapide, la disparition des rentes, la réduction tendancielle des inégalités grâce à la croissance, la diminution de l’impact des héritages, la progression du rôle joué par les facteurs liés au capital humain, la primauté de la promotion personnelle par le travail et le mérite) ne serait, en fait, qu’un accident contingent lié aux conséquences catastrophiques du premier conflit mondial. Tout ceci n’aurait été, en quelque sorte, qu’une illusion qui aujourd’hui s’effriterait grâce aux révélations chiffrées que nous présente cet ouvrage.
Mais tout ceci est-il vrai ? Quelle crédibilité devons-nous accorder à cet avertissement ? Et que vaut véritablement le livre ?
De l’art de la traque de données
Le Capital au XXIe siècle est bien écrit et bien construit. Bien qu’épais, le livre se lit facilement. Le ton en est convaincant. Enfin, il a été accueilli plus que favorablement par ce que le monde anglo-saxon de la science économique compte d’autorités académiques les plus en vue4. Il n’en reste pas moins que la thèse qui y est exposée présente de graves lacunes tant méthodologiques que théoriques, et que celles-ci tendent à considérablement atténuer l’effectivité de sa démonstration et à renforcer les perspectives politiques et idéologiques du livre au détriment de sa fiabilité scientifique.
L’argumentation de Thomas Piketty s’articule essentiellement autour de deux graphiques. Le premier d’entre eux (graphique I.1. L’inégalité des revenus aux États-Unis, 1910-20105) retrace l’évolution des inégalités de revenus aux États-Unis en se basant sur la trajectoire suivie par la part du décile supérieur de la hiérarchie des revenus (c’est-à-dire la part des 10 % de contribuables les plus riches) au sein du revenu national américain au cours de la période 1910-2010. Il s’agit d’une simple extension des séries historiques établies par Kuznets dans les années cinquante. On y retrouve la forte compression des inégalités que Kuznets avait observée entre 1913 et 1948, avec une baisse de près de quinze points de revenu national en défaveur du décile supérieur de la population (de 45-50 %, dans les années 1910-1920, à 30-35 % à la fin des années quarante). Puis, l’inégalité se stabilise à ce niveau dans les années 1950-1970.
Cependant, on observe une très rapide inversion de la courbe depuis les années 1970-1980. Cette évolution est liée à un gain (considérable) de 15 points de revenu national du décile supérieur qui, selon l’auteur, traduirait « une explosion sans précédent des inégalités de revenus aux États-Unis6 ». La part des plus hauts revenus a retrouvé un niveau analogue à celui du début du XXe siècle, c’est-à-dire de l’ordre de 45-50 %. « L’allure de la courbe », poursuit Piketty, « est assez impressionnante, et il est naturel de se demander jusqu’où une telle évolution peut aller : par exemple, si les choses continuent au même rythme, la part du décile supérieur dépassera les 60 % du revenu national d’ici à 20307. »
Ceci dit, en poussant l’analyse un peu plus loin, et en dissociant, au sein de ce même décile, les 1 % les plus riches (soit le centile des personnes se trouvant au sommet de la hiérarchie des revenus) de ceux venant après eux, on observe alors que sur les 15 points supplémentaires de revenu national gagnés par l’ensemble du groupe, environ 11 points – soit près des trois quarts – n’ont en fait principalement profité qu’aux premiers 1 %, c’est-à-dire aux plus riches d’entre les plus riches8. Ces 1 % auraient ainsi bénéficié des trois quarts de la croissance américaine au cours des trente années ayant précédé la crise – c’est-à-dire de 1977 à 2007 –, tandis que 90 % des ménages américains auraient connu un taux de croissance du revenu moyen réduit à moins de 0,5 % par an.
Si ces chiffres sont impressionnants, ils n’en sont pas moins à prendre avec des pincettes – en particulier concernant le centile le plus élevé de la population, qui représente ici l’élément le plus spectaculaire de la démonstration de l’auteur. Pourquoi ? Il suffit d’observer la méthode qui a été employée pour collecter et créer ces séries de données : celles-ci ont été agrégées à partir d’une enquête réalisée sur un siècle d’archives fiscales (l’impôt sur le revenu ayant été introduit aux États-Unis en 1910). Or, évaluer et comparer la part de revenu national absorbée par les déciles ou centiles de revenus les plus élevés à partir de déclarations remplies par les contribuables sur une aussi longue période de temps ne peut que nous amener à nous interroger sur les implications que pourraient avoir, sur les chiffres de la part de revenu national, les différents changements et évolutions de la législation fiscale ayant été imposés tout au long de cette période (et ce, aussi bien concernant les taux que l’assiette des impôts déclarés par les différentes catégories de contribuables).
Alors que l’après-guerre s’était caractérisé par une remarquable stabilité de la législation fiscale américaine, l’arrivée du Président Reagan, en 1980, a néanmoins marqué l’avènement d’une longue série de nouvelles lois qui, notamment en 1981 (Economic Recovery Tax Act), 1986 (Tax Reform Act), 1997 (Taxpayer Relief Act) et 2003 (Jobs and Growth Tax Relief Reconciliation Act), ont grandement modifié les règles d’imposition des différentes catégories de revenus du capital ainsi que le mode d’imputation des divers revenus professionnels, la structure et le niveau des taux d’imposition, ou bien encore le régime des avantages fiscaux liés à certaines activités ou à des choix de placements.
Entérinées dans un contexte politique de baisse des taux – et notamment de ceux appliqués aux tranches de revenus les plus élevées (soit celles à très forte élasticité fiscale) –, ces mesures ont alors eu pour effet de provoquer un accroissement spectaculaire de la masse d’impôts payés par les contribuables des fractiles les plus élevés de la hiérarchie des revenus, sans que cela corresponde pour autant à un accroissement équivalent des écarts réels entre les revenus primaires. Par exemple, lorsque, en 1981, l’administration américaine a réduit de 70 % à 50 % le taux maximum de l’impôt sur les intérêts, sur les dividendes et sur les autres revenus d’investissements, cela a incité les épargnants les plus riches à troquer leurs portefeuilles d’obligations non imposables, mais rapportant peu (comme les obligations émises par les municipalités américaines), pour des placements à risque présentant des rendements bien plus élevés, mais imposables.
De même, jusqu’en 1986, la structure des impôts était telle que ceux parmi les contribuables appartenant aux tranches de revenus les plus élevées qui exerçaient une activité commerciale ou d'affaires étaient encouragés par le fisc américain à gérer leurs activités, ainsi que les revenus y afférents, via des structures juridiques soumises à l’impôt sur les sociétés – ceci leur permettant de bénéficier d’un prélèvement inférieur à ce qu’ils auraient payé au titre de l’impôt personnel sur le revenu.
Cependant, la réforme de 1986 a inversé la situation et incité ces mêmes contribuables à réintégrer les revenus liés à leurs différentes affaires sur leurs propres feuilles d’imposition, par le biais de formes sociétaires fiscalement transparentes et non directement assujetties à l’impôt sur les sociétés. Résultat : les chiffres collectés à partir des déclarations d’impôt archivées par le fisc enregistrent une croissance ne correspondant aucunement à une augmentation des revenus réels perçus par les déclarants. Ces chiffres créent ainsi l’illusion d’un accroissement de la part du revenu national revenant aux centiles les plus élevés alors que, dans les faits, certains types de revenus n’ont subi qu’un simple changement de régime légal.9
À l’inverse, à partir des années quatre-vingt, le fisc américain a sorti de l’assiette de l’impôt une part croissante des revenus des classes moyennes taxées au titre des revenus du capital ou des plus-values immobilières : franchise de 500 000 dollars américains pour les plus-values générées par la revente d’un bien immobilier ; déduction du revenu imposable des contributions versées dans le cadre d’un plan d’épargne retraite en entreprise 401(k)10, mais également dans le cadre d’un plan d’épargne individuel (IRAs11) ou d’un régime d’épargne universitaire. Ce qui contribue également à accentuer – mais de manière purement apparente – l’écart d’inégalité existant entre le sommet et le reste de la hiérarchie des revenus.
Et il ne s’agit pas là d’effets mineurs. Alan Reynolds a en effet calculé, en 201212, que ces changements internes au régime fiscal américain expliqueraient plus de la moitié de l’accroissement de la part de l’ensemble des revenus attribués aux 1 % des contribuables les plus riches depuis 1983, et la quasi-totalité de l’accroissement enregistré depuis l’année 2000. Par ailleurs, la technique consistant à évaluer la part obtenue par les contribuables les plus riches en se basant sur le pourcentage du revenu national recèle un autre défaut. Ce procédé exclut en effet, par définition, la prise en compte des revenus de complément et de remplacement, et des transferts et subventions (publics ou provenant de programmes internes aux entreprises) qui représentent pourtant une proportion croissante du revenu réel des ménages les plus modestes.
Ceci a pour conséquence de générer une surestimation mécanique de l’accroissement de la part des fractiles les plus hauts de la hiérarchie des revenus et des patrimoines13 par rapport au reste de la population. Sachant qu’en seulement douze ans (2000-2012), la part de ces revenus non comptabilisés dans le total du revenu disponible réel des ménages américains est passée de 33 % à 38 %, cette surestimation représenterait alors, pour la période 1979-2010, un quart de l’augmentation de la part des 1 % telle que présentée dans le livre.14
Ces analyses sont loin d’être anodines dans la mesure où le graphique I.1 joue un rôle déterminant dans l’élaboration du scénario que Thomas Piketty prévoit pour les décennies à venir. Lorsque les mêmes calculs sont effectués sur des données européennes, et notamment françaises, on obtient alors des résultats très différents. La courbe en U américaine s’estompe pour laisser place, avec les valeurs européennes, à une courbe en L15. La tendance à l’amplification des écarts entre le bas et le haut de la hiérarchie des revenus observée aux États-Unis, et dans une moindre mesure au Royaume-Uni, y est, ici, à peine apparente, bien que l’auteur y décèle « une pente [qui] pousse dans la même direction16 ». C’est donc principalement en extrapolant la tendance mise en évidence aux États-Unis aux autres pays développés – et ce, même aux pays actuellement émergents – que l’auteur conclut à la menace d’un XXIe siècle qui pourrait se caractériser par des inégalités extrêmes, socialement et politiquement insoutenables, et contre lesquelles il conviendrait dès à présent de mobiliser les énergies mondiales afin d’éviter la survenue d’une « terrifiante catastrophe ».
Le logement et les patrimoines
LE SECOND graphique (graphique I.2. Le rapport capital/revenu en Europe, 1870-201017) retrace l’évolution du rapport capital/revenu en France, au Royaume-Uni et en Allemagne – c’est-à-dire l’évolution de la valeur totale des patrimoines privés (immobiliers, financiers et professionnels, nets de dettes) exprimée en années de revenu national, depuis les années 1870 jusqu’aux années 2010. On y observe une forte hausse des patrimoines depuis les années cinquante, et ce, à tel point que les patrimoines privés semblent en passe de retrouver, aujourd’hui, les sommets prévalant avant la Première Guerre mondiale. Cette seconde courbe en U de grande ampleur occupe une place centrale dans l’argumentation de Piketty. Cependant, là encore, il y a de quoi nourrir de sérieux doutes quant à la valeur démonstrative des séries telles que présentées par ce dernier.
La terminologie économique introduit traditionnellement une distinction entre le capital productif (tout ce qui concourt à augmenter les capacités de production physique) et le capital improductif (biens durables ayant essentiellement un usage d’agrément ou de consommation personnelle). Or, chez Piketty, la notion de capital englobe tout : aussi bien les maisons et les logements que les terres agricoles, les outils, les équipements, les machines, les titres financiers (actions et obligations), les brevets, ou bien encore la propriété intellectuelle. Mais choisir d’inclure le logement dans la mesure globale du capital en l’évaluant, lui aussi, selon la méthode de calcul classique de la comptabilité nationale – c’est-à-dire sur la base de la valeur des transactions d’acquisition et de cession – ne peut que fausser les résultats. Le logement est, en effet, un bien particulier en soi. C’est à la fois un bien de consommation et un bien d’investissement dont le rendement est déterminé par le niveau des loyers (aussi bien réels, lorsqu’ils sont perçus par des propriétaires-bailleurs, qu’implicites, lorsqu’ils représentent l’économie de dépenses que réalisent les propriétaires-occupants). C’est donc l’évolution des loyers – et plus précisément de la valeur capitalisée des loyers – par rapport aux revenus disponibles des ménages qui, pour la composante logement du capital, devrait être prise en compte dans le calcul du rapport capital/revenu.
En principe, loyers et prix immobiliers devraient évoluer à peu près parallèlement – ce qui, de fait, ne devrait pas générer de différence majeure dans les résultats lorsqu’on se réfère indistinctement aux uns ou aux autres. Or, ce n’est pas ce qui apparaît pour la période contemporaine. En effet, si dans le cas de la France, on observe sur les dernières décennies une remarquable stabilité des loyers proportionnellement aux revenus disponibles, on assiste, en revanche, pour la même période, à une envolée de plus de 60 % des prix immobiliers, eux aussi rapportés aux revenus disponibles des ménages18. Ce contraste signifie que la spectaculaire ascension du logement (en tant que facteur principal de la hausse du rapport capital/revenu depuis vingt ans), telle qu’elle apparaît dans le livre19, reflète davantage un phénomène de hausse des prix – une bulle immobilière résultant de la conduite des politiques monétaires (rôle des taux d’intérêt aux États-Unis, naissance de l’Euro en Europe) mais aussi de la montée en surpuissance des politiques de planification foncière qui aggravent la pénurie en raréfiant l’offre de terrains disponibles – qu’elle n’est le résultat d’un processus de capitalisation cumulative des rendements du capital dans ce secteur. S’il est vrai que les bulles génèrent des effets de transferts producteurs d’inégalités, la hausse du prix des biens immobiliers ne contribue cependant pas à la hausse des revenus des propriétaires louant leurs biens. Les gains des uns sont souvent compensés par les pertes des autres. Ces effets sont donc d’un ordre très différent de ceux analysés par Piketty, et ne s’apparentent en rien à un mécanisme de divergence exponentielle.20
Une équipe de chercheurs de Sciences Po Paris a refait les calculs de Piketty en réévaluant la composante logement du rapport capital/revenu : les chiffres provenant de la comptabilité nationale ont été remplacés par de nouvelles évaluations fondées sur la valeur capitalisée des loyers. Une fois le capital logement correctement estimé, les résultats montrent que le rapport capital/revenu n’est, aujourd’hui, pas plus élevé qu’il ne l’était dans les années cinquante21.
Ces mêmes calculs ont ensuite été appliqués à d’autres pays – c’est-à-dire aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada et à l’Allemagne – disposant également de séries de prix et de loyers. Ils ont révélé que, depuis 1970, « hormis en Allemagne, où ce ratio apparaît plus bas qu’ailleurs (les Allemands sont moins propriétaires qu’ailleurs), le rapport entre le revenu du capital et le revenu total est resté relativement constant dans les pays étudiés22 ». D’autres travaux effectués directement à partir de données de l’OCDE confirment également ce diagnostic23. Par ailleurs, outre ce problème d’évaluation, on ne doit pas oublier que les propriétaires-occupants représentent, aujourd’hui, la majorité du parc immobilier : soit 56 % en France, et même 70 % en Grande-Bretagne.
On est donc très loin de la situation de la fin du XIXe siècle en Angleterre où, sur vingt millions d’habitants, on ne recensait que 36 000 propriétaires. Cela signifie que, même en retenant les chiffres de Piketty, et donc l’hypothèse statistique d’une nouvelle phase d’accroissement accéléré des inégalités telle que révélée par l’évolution du rapport capital/revenu, la situation ne ressemble en rien à celle de la période de la Belle Époque que le livre utilise comme étalon de ses réflexions. Sachant que la composante logement compte désormais pour plus de la moitié du capital national rapporté au revenu24, l’augmentation de la valeur totale des patrimoines depuis les années soixante-dix – et surtout depuis les années quatre-vingt-dix – traduirait donc bien davantage l’enrichissement relatif des classes moyennes par rapport au haut et au bas de la hiérarchie des revenus, que le retour d’une dynamique explosive d’accumulation en faveur d’une petite caste de super-rentiers.
En somme, il devient bien difficile de continuer à accorder du crédit à sa thèse centrale selon laquelle nous assisterions à la renaissance d’une grave et inquiétante dynamique de divergence.
La réémergence du Capital
LA PUISSANCE du livre ne tient pas seulement à sa richesse documentaire mais également à ce que la thèse qui y est développée s’appuie sur l’apport d’un modèle formel d’explication théorique, axiomatisé sous forme d’équations mathématiques, sans lesquelles il est aujourd’hui difficile, pour un économiste professionnel, d’être pris au sérieux. Ce modèle se présente sous la forme d’une inégalité et de deux formules macroéconomiques :
1. l’inégalité r > g, que Piketty présente comme « la contradiction centrale25 » du capitalisme, et où r désigne le rendement du capital et g, le taux de croissance de la production et du revenu ;
2. ce que le livre qualifie de « première loi fondamentale du capitalisme26 » : α = r × β, où α représente la part des revenus du capital dans le flux annuel des revenus et β, la valeur du stock de capital accumulé par rapport au revenu national ;
3. suivie d’une « deuxième loi fondamentale27 » : β = s / g, qui relie le rapport capital/revenu β au taux d’épargne du pays considéré, et au taux de croissance g du revenu national de celui-ci.
Dans son expression la plus concise, ce modèle exprime ceci :
1. si le taux de rendement du capital r surpasse fortement et durablement le taux de croissance g, il existe alors un très fort risque de divergence caractérisée de la répartition des richesses : le rapport du capital au revenu national β tend à s’accroître ;
2. ce mouvement entraîne mécaniquement une augmentation de α – c’est-à-dire de la part des revenus du capital au sein du flux annuel de revenus –, et déclenche donc un processus cumulatif d’enrichissement et d’accumulation du capital ;
3. sachant que le rendement du capital r est une donnée relativement stable sur le long terme, tout ralentissement durable du taux de croissance g provoque ainsi une accélération du processus d’accumulation capitalistique par rapport au reste de l’économie, puis, progressivement, au bout de quelques dizaines d’années, du fait de l’apparition de rendements décroissants, entraîne ensuite la convergence de ce même processus vers une valeur limite déterminée par l’équation dynamique β = s / g.
Tel est le processus économique qui, selon Thomas Piketty, déterminerait la valeur et le profil des courbes exposées dans son livre, et à partir duquel il déduit ses prévisions alarmantes pour l’avenir.
Le modèle est simple et élégant. Mais il est également cohérent. De plus, aucun modèle de croissance néoclassique n’intégrait jusqu’alors production, accumulation et distribution dans un jeu d’équations aussi réduit. Cependant, pour qu’il délivre les résultats dynamiques décrits, encore faut-il que l’univers représentatif du monde auquel il s’applique remplisse certaines conditions très spécifiques. Cet univers requiert en effet que la baisse de rendement du capital qu’induit nécessairement l’expansion du processus d’accumulation ne soit ni trop forte, ni trop rapide. Si ces conditions ne sont pas remplies, et que la baisse est, par exemple, trop forte, la poursuite du mouvement d’accumulation se traduira alors, au bout de quelques années seulement (et non pas de plusieurs décennies), par une réduction de la part des revenus du capital dans le flux annuel de revenus, alors même que le total des avoirs des détenteurs de capitaux continuera, pour sa part, d’augmenter – c’est-à-dire l’inverse de ce qui est censé se produire.
Ce qui implique corrélativement que le coefficient d’élasticité du capital par rapport au travail soit inférieur à 1 – les deux concepts étant liés. Lorsque ce coefficient est supérieur à 1, il y a à la fois une hausse du rapport capital/revenu (effet de stock), et une augmentation des revenus du capital par rapport aux revenus du travail (effet de flux) – ce qui est nécessaire pour que le processus cumulatif se poursuive. Lorsqu’il est inférieur à 1, c’est le contraire qui se produit : la hausse du rapport capital/revenu s’accompagne d’une baisse de la part du capital au sein du flux de revenus – ce qui l’interrompt. Pour être certain que le processus s’applique dans les conditions d’enchaînement prévues, il faut donc vérifier que la condition d’élasticité positive était bien présente dans le monde d’hier, et qu’elle continuera à prédominer dans celui des décennies à venir.
Piketty est parfaitement conscient du problème. Sa réponse à cela est que « Sur très longue période, l’élasticité de substitution entre travail et capital paraît supérieure à un [...]. Sur la base des données historiques, on peut estimer une élasticité comprise entre 1,3 et 1,628 ». Cependant, cette réponse est sévèrement contestée par des économistes anglo-saxons (notamment Matthew Rognlie29) dont les travaux de thèse portent précisément sur le problème des élasticités de substitution. La littérature empirique existant sur cette question est relativement prolifique, et les conclusions qui y sont exposées, plutôt confuses. Il n’en demeure pas moins qu’un fait en ressort très clairement : à savoir que très peu de ces travaux débouchent sur des évaluations concluant à des élasticités élevées. Un consensus approximatif se dégage en effet sur des valeurs moyennes comprises entre 0,40 et 0,60.
Certes, la plupart de ces estimations sont effectuées à partir de mesures du capital évaluées en valeurs brutes (amortissements non déduits), alors que Piketty travaille en termes nets (hors amortissements). Néanmoins cette différence renforce le point de vue de ses adversaires dans la mesure où une élasticité nette est mécaniquement inférieure à sa mesure brute. Par ailleurs, lorsque l’auteur invoque « des données historiques », il ne s’agit, en réalité, que de ses propres données, de celles qu’il a lui-même calculées. Son argument est qu’en faisant apparaître une progression concomitante du rapport capital/revenu et de la part des revenus du capital par rapport aux revenus du travail, et ce, à propos de tous les pays sur lesquels les équipes de recherche qui lui sont associées ont travaillé, les observations empiriques de longue période confirment la tendance dominante d’une élasticité élevée. Mais cela n’est vrai que si la propriété spécifique du modèle relative à la stabilité des prix réels du capital se retrouve elle aussi dans le monde réel. Or, compte tenu de la nature hétérogène des composantes du capital, il s’agit là d’une hypothèse fort hasardeuse, comme l’a montré plus haut l’exemple des prix du logement.
Cependant, ce débat est trop récent pour que l’on puisse dores et déjà en tirer des conclusions fermes. Ces questions seront d’ailleurs certainement encore débattues pendant de nombreuses années parmi les économistes. Reste que ces interrogations d’ordre théorique et méthodologique incitent, elles aussi, à faire preuve d’une très grande prudence, voire d’une extrême réserve vis-à-vis du scénario présenté dans ce livre.
Management et richesse
PRUDENCE DONT il serait judicieux de faire preuve également devant les exposés de Thomas Piketty sur l’avènement, dans le monde occidental, d’une nouvelle génération de super-cadres et sur la faillite du modèle traditionnel de gouvernance capitaliste des entreprises. L’auteur défend la thèse selon laquelle les inégalités contemporaines seraient essentiellement dues à l’explosion des très hauts salaires proportionnellement à l’augmentation des autres rémunérations. Ce phénomène serait la conséquence d’une dégradation structurelle des mécanismes de contrôle internes aux très grandes entreprises : les Top Managers auraient ainsi pris le pouvoir sur les administrateurs et les actionnaires membres des commissions chargées de fixer leurs rémunérations. Ceci correspond-il aux faits ? Focalisé sur l’examen des statistiques fiscales, Thomas Piketty semble ici n’avoir guère pris la peine de confronter ses spéculations aux données mises à jour par des chercheurs travaillant sur d’autres sources.
Medias, journalistes et hommes politiques sont indistinctement convaincus du fait que l’envol stratosphérique des rémunérations versées par les plus grandes sociétés américaines à leurs PDG – idée véhiculée par le livre – correspond à la réalité d’un monde de l’entreprise où l’écart entre les plus hauts salaires et le reste de l’échelle n’irait qu’en s’aggravant exponentiellement. Mais savent-ils que si elle a effectivement très fortement augmenté au cours des années quatre-vingt-dix, la rémunération moyenne des PDG des sociétés figurant dans le S&P 500(Standard & Poor’s 500, l’indice boursier basé sur les cinq cents plus grandes sociétés américaines cotées en bourse qui a remplacé le Dow Jonescomme indice boursier le plus représentatif du marché) a néanmoins baissé de 46 % entre 2000 et 201030 ? Et qu’au cours de la même période, la valeur médiane de ces rémunérations a pour sa part augmenté de 8 % (bien qu’ayant baissé de 7 % par rapport à 2001). La convergence de ces deux valeurs (moyenne et médiane31) signifie que, depuis l’an 2000, les conseils d’administration sont moins enclins à accorder à leurs PDG des émoluments toujours plus mirobolants.
Un suivi identique a été fait, en guise de comparaison, sur un échantillon de mille PDG d’entreprises moins importantes – c’est-à-dire ne figurant pas dans le S&P 500. Les deux échantillons font apparaître un profil d’évolution des rémunérations tout à fait comparable, ou ne démontrant, tout du moins, aucune disparité évidente. Dans un cas comme dans l’autre, le salaire moyen des PDG – qui, dans les plus grandes entreprises, est tout de même égal à 200 fois le revenu annuel moyen d’un ménage américain – est revenu, en 2010, au niveau qui était le sien en 1998. De plus, il faut noter que ces chiffres s’appliquent à de nouvelles générations de PDG dont la durée du poste a, dans le même temps, notablement diminué (de huit à six années en moyenne, si l’on inclut les fusions et acquisitions). Ceci traduit une hausse des risques du métier et ne correspond pas réellement à la vision de super-dirigeants à mêmes de contrôler ceux à qui ils doivent leurs mandats et de décider de leurs propres rémunérations de manière de plus en plus autonome. Enfin, en rapportant le gain moyen des PDG duS&P 500 au revenu moyen des contribuables appartenant au 0,1 % du sommet de la hiérarchie des revenus déclarés au fisc, tel que présenté dans le livre, on observe que le ratio a lui aussi beaucoup diminué depuis le pic de 2001, pour se stabiliser à un niveau correspondant à celui atteint au milieu des années quatre-vingt-dix32.
Autrement dit, le niveau relatif de leurs gains par rapport aux revenus des autres professions figurant dans le même centile fiscal – pour reprendre le langage de Piketty – est loin d’avoir connu une dérive exponentielle. Et en replaçant cette observation dans une perspective à plus long terme, nous constatons qu’en 2007, ce ratio était à peu près le même que celui calculé pour la fin des années trente, époque où la question de la montée en puissance du pouvoir managérial par rapport à celui des actionnaires était certes déjà évoquée par John Kenneth Galbraith, mais n’était certainement pas encore perçue avec la même acuité qu’aujourd’hui33.
Ces observations ne suffisent certes pas à invalider définitivement la thèse du livre : personne ne doute du fait que nous soyons là confrontés à un sujet de recherche voué à continuer d’alimenter les discussions professionnelles durant de longues années. Mais elles laissent néanmoins à penser que ce sont les disciplines classiques du marché et de la concurrence, les valeurs de compétence et d’efficacité professionnelles (ce qu’on appelle traditionnellement « les talents »), ou encore les apports de l’évolution technologique (qui permet de gérer efficacement des organisations à la dimension et à la complexité toujours plus grandes) qui perpétuent essentiellement l’évolution des plus hautes rémunérations, même au sein des plus grandes sociétés. Ces observations contredisent ainsi d’une part l’assertion de Piketty selon laquelle il faudrait dorénavant classer le concept néoclassique de productivité marginale parmi les outils de recherche obsolètes des économistes – obsolètes tout du moins pour expliquer les rémunérations des hauts managers. Et d’autre part, ne permettent certainement pas de souscrire à l’idée d’un effondrement en cours du modèle de gouvernance classique de nos entreprises. La réalité de l’économie et du fonctionnement des marchés reste très éloignée de la perception stylisée et réductrice ressortant du livre de Piketty, et soulignant d’autant sa démarche résolument macroéconomique et déterministe.
Il est certes incontestable que les salaires touchés par les quelques dirigeants les mieux payés des plus grandes entreprises atteignent, en valeur absolue, des sommes astronomiques – en 2010, trois PDG américains du S&P 500 ont gagné plus de cinquante millions de dollars américains chacun, en comparaison de dix millions par an, en moyenne, pour les autres patrons du S&P 500 ; ce qui, en soi, constitue une source de préoccupation légitime en matière d’éthique et de politique. Mais ce n’est certainement pas en se jetant à corps perdu dans la grande utopie d’une fiscalité mondiale franchement spoliatrice – les propositions de Piketty conduiraient à un taux effectif d’imposition marginal maximal de l’ordre de 330 % aux États-Unis34 – que l’on règlera le problème de l’extrême sensibilité dont font preuve les populations modernes face aux inégalités. Peut-être serait-il modestement plus efficace de commencer par s’intéresser, au niveau national, à l’ensemble des législations, régulations et réglementations qui – à l’image de ce qui se produit dans le domaine de la régulation foncière, comme évoqué plus haut –, par un usage abusif des rouages du système démocratique à l’interface des réseaux de connivence et de dépendance réciproque entre monde politique, bureaucratie, monde des grandes entreprises et société civile (syndicats, associations, ONG), nourrissent quotidiennement la quête, puis la création de nouveaux privilèges légaux et de nouvelles rentes de situation sociales ou professionnelles quasiment indestructibles. Or, ceci n’est jamais évoqué, même de façon subsidiaire, dans ce volume de près de mille pages (dans son édition française). Cet oubli des apports de la théorie des choix publics – associée au nom de James Buchanan, prix Nobel d’économie 1986 – n’est pas l’un des moindres défauts de cet ouvrage, se prévalant d’un savoir quasi-encyclopédique.
En Conclusion
CE QUI EST finalement le plus remarquable, dans Le capital au XXIe siècle, c’est le génie d’entrepreneur (politique) dont fait preuve son auteur. Le succès et l’immense notoriété qu’a quasi-immédiatement rencontré le livre sont bien moins dus aux qualités intrinsèques de son contenu, dont nous venons de résumer les faiblesses les plus significatives, qu’au fait que, comme John Maynard Keynes quatre-vingts ans plus tôt avec sa Théorie générale, il apporte aux dirigeants de son temps la caution théorique et scientifique qu’ils recherchent pour légitimer le développement de nouvelles ambitions intrusives de l’État contemporain. Dans une émission radiophonique diffusée sur France Culture en septembre 201335, Thomas Piketty reconnaît et assume le fait que son ouvrage est un livre politique : dont acte.
Henri Lepage
Le Capital au XXIe siècle
Thomas Piketty
Éditions du Seuil, collection « Les livres du nouveau monde », 976 pages, 25 €
1. Simon Kuznets, « Economic growth and income inequality » (La croissance économique et les inégalités de revenus), The American Economic Review XLV, no. 1 (1955). ↩
2. Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle (Paris, France : Le Seuil, collection « Les livres du nouveau monde », 2013). ↩
3. L’expression « potentiellement terrifiante », très souvent reprise indifféremment en anglais comme en français dans les critiques de l’ouvrage de Piketty que l'on trouve dans les médias, est en réalité extraite de la traduction anglaise du Capital, où elle apparaît, page 571, sous cette forme : « potentially terrifying ». L’édition française n’en porte aucune trace. ↩
4. Par exemple, Paul Krugman, prix Nobel d’économie 2008, n’hésite pas à parler de « Piketty Revolution », tout comme on parle couramment de « révolution Keynésienne ». Paul Krugman, « Why we’re in a new gilded age » (Les raisons pour lesquelles nous vivons un nouvel âge d’or), The New York Review of Books, 8 mai 2014. Robert Solow, prix Nobel 1987, universellement connu comme le pionnier des théories néoclassiques de la croissance, s’il ne va pas aussi loin dans les éloges, n’hésite pourtant pas à aller également dans ce sens dans un article au titre manifeste : « Piketty is right » ! Robert Solow, « Thomas Piketty is right: everything you need to know aboutCapital in the twenty-first century » (Thomas Piketty a raison : tout ce que vous devez savoir sur Le Capital au XXIe siècle) New Statesman, 27 avril 2014. Quant à Lawrence Summers (ancien chef du Conseil économique national du président Barack Obama), il salue tout particulièrement l’extraordinaire travail de recherche empirique mené en amont du livre qu’il considère comme un véritable tour de force représentant, à lui seul, « une contribution scientifique digne d’un prix Nobel ». Lawrence Summers, « The inequality puzzle » (Le casse-tête des inégalités), Democracy Journal 33, été 2014. ↩
5. Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle (Paris, France : Le Seuil, collection « Les livres du nouveau monde », 2013), 52, graphique I.1. ↩
6. Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle (Paris, France : Le Seuil, collection « Les livres du nouveau monde », 2013), 464. ↩
7. Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle (Paris, France : Le Seuil, collection « Les livres du nouveau monde », 2013), 464. ↩
8. Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle (Paris, France : Le Seuil, collection « Les livres du nouveau monde », 2013), 461, graphique 8.6. ↩
9. Martin Feldstein, « Piketty’s numbers don’t add up » (Les chiffres de Piketty ne tiennent pas debout), The Wall Street Journal, 14 mai 2014. ↩
10. Le 401(k) est un plan d’épargne retraite par capitalisation qui tire son nom de la section 401(k) du code des impôts américain. Largement utilisé aux États-Unis, il permet d’épargner pour sa retraite en défiscalisant l’argent investi et les revenus du capital jusqu’à ce qu’ils soient retirés du compte. ↩
11. Les IRAs sont des comptes d’épargne individuels proposés aux employés n’ayant pas accès à des plans d’épargne retraite en entreprise – n’ayant donc pas droit au 401(k). Ils bénéficient également d’un régime de déductions fiscales équivalant à celui du 401(k). ↩
12. Alan Reynolds, Cato Working Paper No. 9, « The misuse of top 1 percent incomes shares as a measure of inequality » (De l’usage impropre des parts de revenus du centile le plus élevé en tant que mesure de l’inégalité), Cato Institute, 4 octobre 2012. ↩
13. En toute logique, la valeur capitalisée de ces transferts sur l’ensemble du cycle de vie devrait être intégrée à l’évaluation du patrimoine des ménages pour refléter la hiérarchie réelle des inégalités. Si cela était pris en compte, le niveau de concentration du capital tel que mesuré par Piketty serait certainement très inférieur aux chiffres donnés, et les comparaisons avec le passé n’auraient plus rien à voir avec ce que disent les courbes. ↩
14. Alan Reynolds, Cato at Liberty blog, « Piketty problems : top 1% shares of income and wealth are nothing like 1917-1928 » (Les problèmes de Piketty : les parts de revenus et de richesse du centile supérieur ne correspondent pas à ceux des années 1917-1918), Cato Institute, 20 mai 2014. Voir aussi : Alan Reynolds, « Why Piketty’s wealth data are worthless » (Les raisons pour lesquelles les données de Piketty sur la richesse n’ont aucune valeur), The Wall Street Journal, 9 juillet 2014. ↩
15. Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle (Paris, France : Le Seuil, collection « Les livres du nouveau monde », 2013), 429, graphique 8.1. ↩
16. Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle, (Paris, France : Le Seuil, collection « Les livres du nouveau monde », 2013), 53. ↩
17. Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle (Paris, France : Le Seuil, collection « Les livres du nouveau monde », 2013), 54, graphique I.2. ↩
18. Voir le graphique intitulé : Évolution des prix immobiliers et des prix à la location depuis 1984, extrait de l’article suivant : Odran Bonnet et coll., « Le capital logement contribue-t-il aux inégalités ? », LIEPP Working Paper avril 2014, no. 25, Département d’économie de Sciences Po Paris et Laboratoire interdisciplinaire d’étude des politiques publiques, 17 avril 2014. ↩
19. Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle (Paris, France : Le Seuil, collection « Les livres du nouveau monde », 2013), 189, graphique 3.2. ↩
20. Willem Buiter, « Housing Wealth isn’t Wealth » (Patrimoine immobilier ne veut pas dire fortune), Economics: The Open-Access, Open-Assessment E-Journal, Kiel Institute for the World Economy, vol. 4(22), juillet 2008, 1–29. ↩
21. Odran Bonnet et coll., « Le capital logement contribue-t-il aux inégalités ? », LIEPP Working Paper avril 2014, no. 25, Département d’économie de Sciences Po Paris et Laboratoire interdisciplinaire d’étude des politiques publiques, 17 avril 2014. ↩
22. Odran Bonnet et coll., « Le capital logement contribue-t-il aux inégalités ? », LIEPP Working Paper avril 2014, no. 25, Département d’économie de Sciences Po Paris et Laboratoire interdisciplinaire d’étude des politiques publiques, 17 avril 2014. ↩
23. Stefan Homburg, « Critical remarks on Piketty’s Capital in the twenty-first century », (Notes critiques à propos du Capital au XXIe siècle de Piketty), Discussion Paper 530,Institute of Public Economics, Leibniz University of Hannover, Allemagne, mai 2014. ↩
24. Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle (Paris, France : Le Seuil, collection « Les livres du nouveau monde », 2013), 189, graphique 3.2. Graphique reconstitué en vue de faire apparaître plus clairement l’importance relative du logement dans le total du capital national. Source : Odran Bonnet et coll., « Le capital logement contribue-t-il aux inégalités ? », LIEPP Working Paper avril 2014, no. 25, Département d’économie de Sciences Po Paris et Laboratoire interdisciplinaire d’étude des politiques publiques, 17 avril 2014. ↩
25. Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle (Paris, France : Le Seuil, collection « Les livres du nouveau monde », 2013), 942. ↩
26. Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle (Paris, France : Le Seuil, collection « Les livres du nouveau monde », 2013), 92. ↩
27. Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle (Paris, France : Le Seuil, collection « Les livres du nouveau monde », 2013), 262. ↩
28. Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle (Paris, France : Le Seuil, collection « Les livres du nouveau monde », 2013), 349–350. ↩
29. Matthew Rognlie, « A note on Piketty and diminishing returns to capital » (Une note sur Piketty et les rendements décroissants du capital), 15 juin 2014. ↩
30. Steven Neil Kaplan, « Executive compensation and corporate governance in the U.S. : Perceptions, facts and challenges » (Les indemnités des dirigeants et la gouvernance d’entreprise aux États-Unis : perceptions, faits et défis), Chicago Booth Research Paper no. 12-42, Fama-Miller Working Paper, University of Chicago Booth School of Business ; National Bureau of Economic Research (NBER), 22 août 2012. Voir les graphiques intitulés : Figure 1 & Figure 2. Ces rémunérations sont celles qui figurent dans l’enregistrement des décisions prises par les conseils d’administration. Elles peuvent différer des sommes effectivement perçues par les dirigeants. Elles incluent salaires, primes, distributions gratuites d’actions ainsi que la valeur estimée des stock-options. ↩
31. Steven Neil Kaplan, « Executive compensation and corporate governance in the U.S. : Perceptions, facts and challenges » (Les indemnités des dirigeants et la gouvernance d’entreprise aux États-Unis : perceptions, faits et défis), Chicago Booth Research Paper no. 12-42, Fama-Miller Working Paper, University of Chicago Booth School of Business ; National Bureau of Economic Research (NBER), 22 août 2012. Voir le graphique intitulé : Figure 1. ↩
32. Steven Neil Kaplan, « Executive compensation and corporate governance in the U.S. : Perceptions, facts and challenges » (Les indemnités des dirigeants et la gouvernance d’entreprise aux États-Unis : perceptions, faits et défis), Chicago Booth Research Paper no. 12-42, Fama-Miller Working Paper, University of Chicago Booth School of Business ; National Bureau of Economic Research (NBER), 22 août 2012. Voir le graphique intitulé : Figure 2. ↩
33. Steven Neil Kaplan, « Executive compensation and corporate governance in the U.S. : Perceptions, facts and challenges » (Les indemnités des dirigeants et la gouvernance d’entreprise aux États-Unis : perceptions, faits et défis), Chicago Booth Research Paper no. 12-42, Fama-Miller Working Paper, University of Chicago Booth School of Business ; National Bureau of Economic Research (NBER), 22 août 2012. Voir le graphique intitulé : Figure 4. ↩
34. Stefan Homburg, « Critical remarks on Piketty’s Capital in the twenty-first century »(Commentaires critiques à propos du Capital au XXIe siècle de Piketty), Discussion Paper 530, Institute of Public Economics, Leibniz University of Hannover, Allemagne, mai 2014. ↩
35. « Innovation ou partage des richesses : quelle gouvernance économique pour la France ? » Les Matins, France Culture, Radio France, Paris, 19 septembre 2013. ↩
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