Le Discours Mondialiste de Draghi sur l'UE Appelle à la Concentration de Pouvoir

Le Discours Mondialiste de Draghi sur l'UE Appelle à la Concentration de Pouvoir

 

Par Finn Andreen, juin 2024


 

Un discours révélateur sur l’avenir de l’Union Européenne a été fait à Bruxelles le 16 avril 2024 par Mario Draghi. L’ancien Président du Conseil italien et ancien président de la Banque Centrale Européenne, donna à cette occasion des recommandations politiques, adressées directement aux membres de la Commission Européenne. Considérant les élections au Parlement Européen de 2024, le contenu de ce discours doit être exposé, car il incarne en grande partie la direction politique liberticide et mondialiste de l'Union Européenne.

Le discours s’intitulait « Un changement radical est nécessaire » ; un titre compréhensible compte tenu de la situation difficile dans laquelle se trouve actuellement l’UE. Ce serait un "changement radical" dans l'environnement politique actuel d’avoir plus de liberté, moins de régulation, moins de redistribution et moins d’impôts en Europe, afin de relancer l’Europe économiquement. Mais sans surprise, ce n'est pas du tout ce que Draghi avait à l'esprit, puisque c’est un étatiste de bout en bout. Ce qu'il propose est encore plus d’interventionnisme et de dirigisme.

Des Mauvaises Solutions au Manque de Compétitivité

Draghi déplore les difficultés que l'UE a eues à gérer la concurrence, malgré avoir “délibérément poursuivi une stratégie visant à abaisser les coûts salariaux les uns par rapport aux autres." Les résultats de cette stratégie délibérée ne sont pas si convaincant puisque les statistiques de l'UE concluent qu’ "au sein de la zone euro, les coûts horaires de la main-d'œuvre ont augmenté dans tous les États membres de l'UE". Il faut rappeler qu’un marché libre – c.-à-d. pas l'UE. - tend à effacer naturellement les différences de coûts au fil du temps par le flux de capital et de main-d'œuvre. Lorsque le gouvernement tente d'imposer ce processus, cela engendre des coûts sociaux additionnels.

Il se plaint également de la situation désastreuse de la compétitivité de l'UE dans les technologies de pointe. Pourtant, ce sont clairement les conditions réglementaires et fiscales suffocantes dans l'UE qui freinent l'innovation. Et Draghi a tort de généraliser ; il y a de grandes différences régionales au sein de l'UE pour ces raisons précisément. Les régions où la création d'entreprises est florissante devraient être récompensées simplement en les laissant attirer des capitaux et des talents conformément aux principes du marché libre.

Mais au lieu de lier l'innovation et l'investissement au degré de liberté économique, Draghi a noté que « l’épargne privée est très élevée dans l’Union mais elle est essentiellement canalisée vers les dépôts bancaires et ne finance pas la croissance autant qu’elle le pourrait sur un marché des capitaux plus vaste. C’est pourquoi l’achèvement de l’Union des marchés des capitaux (UMC) est un élément clef de notre stratégie globale de compétitivité. » Selon l'UE, l’UMC est une « initiative visant à créer un véritable marché unique des capitaux dans l'UE » qui doit être utilisé, selon le Premier ministre italien Enrico Letta, a « tirer des milliers de milliards des coussins collectifs du bloc, en offrant aux épargnants un moyen plus facile d'investir dans des actions ».

Cette proposition n'est pas surprenante, car les institutions européennes dépensières actuelles cherchent, même publiquement et sans honte, des moyens d'accéder à l'épargne personnelle dans toute l'UE. Ce n’est donc certainement pas un hasard de voir l’Elysée déclarer que « l'épargne des ménages devrait pouvoir financer plus directement les investissements massifs dont nous avons besoin pour stimuler notre compétitivité ». Un think-tank pro-UE a été explicite : « l'Union européenne est assise sur 33,5 billions d'euros d'épargne des ménages, soit un quart de son PIB collectif. Pourtant, une grande partie de cet argent est bloquée dans les banques parce que les ménages préfèrent l'argent liquide aux investissements du marché. » Les mots « assise sur » et « bloquée » indiquent des institutions qui veulent non seulement se débarrasser de l'argent liquide pour accroitre leur contrôle, mais qui veulent d'abord, aussi choquant que cela puisse paraitre, utiliser l'épargne des ménages pour compenser l'échec et la rigidité des politiques de l'UE qui étouffent l'investissement et la compétitivité depuis des décennies.

Même le Financial Times a reconnu que : « la compétitivité et l'union des marchés des capitaux — sont les thèmes récurrents des communiqués de l'UE. L'accent mis sur la compétitivité est un réflexe de l'environnement géoéconomique décourageant. Une union des marchés des capitaux prometteuse élude la question de l'emprunt commun de l'UE. »

Il est clair que Draghi ne fait que prêcher aux convertis pour s'attirer les bonnes grâces d'une Commission Européenne qu'il pourrait bientôt diriger. A cause de son agenda politique en faveur de la concentration de pouvoir à Bruxelles, il ignore le fait que, comme Ludwig von Mises a noté, « l'argent n'est jamais inactif ». Les dépôts ne reflètent pas seulement les tendances naturelles et variables des individus à épargner, mais comme l'explique Mises dans L’Action Humaine, « si l'épargnant individuel utilise son épargne supplémentaire pour augmenter sa réserve de liquidités parce que c'est à ses yeux le mode d'utilisation le plus avantageux, il entraîne une tendance à la baisse des prix des marchandises et à l'augmentation du pouvoir d'achat de l'unité monétaire ». Ainsi, dans une société libre, i.e. pas l’UE, l’épargne joue un rôle naturel et important de calibreur, qu’il ne devrait incomber à aucune institution gouvernementale de créer ou de détruire.

C’est Toujours la Faute des Autres

Ces propositions politiques visant à améliorer la compétitivité ont été mises par Draghi dans un contexte de grande lutte de pouvoir entre les États-Unis, l'UE et la Chine. Pourtant, une telle concurrence géopolitique ne peut être dans l'intérêt des consommateurs européens qui verraient alors davantage de restrictions au libre-échange avec les entreprises de ces deux nations. La seule concurrence naturelle est économique - et non politique - et existe entre les entreprises et les individus sur le marché libre. L'objectif de l'UE est-il d'entrer dans une rivalité de grande puissance avec les États-Unis et la Chine, ou est-ce de permettre aux européens de prospérer en paix ? Il semble clair pour Draghi et la Commission européenne quelle est la priorité...

La situation difficile du projet européen est ainsi implicitement imputée par Draghi à des forces extérieures, à la Chine en particulier, mais de plus en plus aussi aux Etats-Unis. Pourtant, la cause se trouve d'abord et avant tout d'un interventionnisme étatique dans presque tous les domaines de la vie économique et sociale de l'UE. Draghi affirme que « d’autres régions ne respectent plus aucune règle et conçoivent proactivement des politiques visant à renforcer leur compétitivité ». Mais ceci n’est que l'hôpital qui se moque de la charité, car le soutien gouvernemental aux industries nationales est un des outils préférés des gouvernements occidentaux depuis de nombreuses décennies, sans parler du fait que l'UE sait bien éviter les « règles » quand elle le souhaite.

Le But est de Concentrer le Pouvoir Politique

L’agenda mondialiste sous-jacent de l'Union Européenne, basée sur l'idée hégélienne d’ « état universel homogène », est flagrant dans le discours de Draghi. Il y a des signes de cela partout dans son discours, comme lorsqu'il appelle à « la standardisation des données des patients », ou à s’accorder « sur une approche commune » dans le domaine de l'énergie, ou lorsqu'il parle de la « capacité d’emprunt commune ». Ses propositions tendent toutes vers la centralisation du pouvoir dans l'UE, et l'affaiblissement supplémentaire de la souveraineté des États membres. Ceci est clair quand il veut « bénéficier d’économies d’échelle », quand il se plaint de l’ « absence d’effet d’échelle » et que « la fragmentation…réduit notre efficacité ». Ces propositions et d'autres sont utilisées par Draghi pour justifier la concentration du plus en plus de pouvoir dans les mains des bureaucrates à Bruxelles.

Le succès de l'Europe ne dépend pas de telles politiques, au contraire ; elles ne feront que stimuler les dépenses et l'administration d’un État supranational en déficit démocratique, et n’aideront à peine les petits et moyens entrepreneurs qui sont l'épine dorsale de l’économie européenne. Il est en effet souhaitable que la compétitivité en Europe soit améliorée, mais cela ne sera possible que si l'UE et les États membres commencent à desserrer leurs emprises sur l’économie européenne.

Il est évident que l'UE est allée au-delà de son objectif initial, qui était d'assurer les quatre libertés à travers les nations européennes. Aujourd'hui, après les ratifications peu démocratiques des traités de Maastricht en 1992 et du traité de Lisbonne en 2008, Draghi souhaite que l'UE poursuive son programme de contrôle mondialiste. Cela aurait dû être le sujet le plus important de l'élection parlementaire européenne de juin 2024.

Le projet politique de l’Union Européenne, et des gouvernements européens qui l’ont soutenu, a ravagé toute la civilisation européenne à travers des décennies de politiques coercitives. Si l'Europe veut se relever économiquement, scientifiquement et culturellement, il faut d'abord éliminer cette chape de plomb qui pèse sur son économie.




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