La tentation de la spoliation du contribuable

La tentation de la spoliation du contribuable

Les politiques d’austérité ont échoué parce qu’elles reposent sur des erreurs: fuite en avant dans l’interventionnisme, réglementation accrue, entraves multiples aux échanges libres, réduction insuffisante voire accroissement de la dépense publique, dette, planche à billets. Certains s’étonnent que, dans des Etats très endettés comme la Grèce, la dette continue à se creuser bien que des sommes folles aient été englouties pour y remédier. Il ne pouvait en être autrement. Les politiques de sauvetage ont été mises en place uniquement pour que les Etats puissent continuer à s’endetter en ignorant ces signaux d’alarme du marché que l’on appelle «taux d’intérêt». Les politiciens ont non seulement ignoré ces signaux, mais les ont dénigrés. Ils ont mis en place des fonds et des garanties qui ne reposent sur rien, sauf sur la capacité des Etats à spolier les individus et sur celle de la BCE de faire tourner la planche à billets, en dépit de ses statuts. Leur seul but est, pour ne pas avoir à réduire le poids de l’Etat dans l’économie, de pouvoir continuer à s’endetter à des «taux raisonnables», pour dépenser sans compter un argent qu’ils n’ont pas. La prospérité n’a jamais résulté d’un accroissement de la dépense publique, ni de la dette. Pourtant, rien n’a été fait pour revenir, non seulement à l’équilibre budgétaire, mais à l’excédent budgétaire, seul moyen de diminuer l’endettement. En France, le gouvernement écrase les contribuables au prétexte de ramener le déficit budgétaire à 3% du PIB. Cela veut dire que, chaque année, plus de 60 milliards d’euros iront mécaniquement alourdir la dette. Or les intérêts de la dette sont déjà la première charge du budget du pays. Les politiques d’austérité ont échoué parce qu’elles reposent sur des erreurs: fuite en avant dans l’interventionnisme, réglementation accrue, entraves multiples aux échanges libres, réduction insuffisante voire accroissement de la dépense publique, dette, planche à billets. Toutes aboutissent au même résultat: faire payer le contribuable, le consommateur, et dédouaner le politique. Elles soustraient des sommes importantes de la libre initiative des individus pour les affecter au tonneau des Danaïdes que constituent les dépenses arbitraires de l’Etat. La situation s’aggrave, tout le monde en souffre quelle que soit sa situation. Tout le monde s’appauvrit: les particuliers, le pays, mais pas l’Etat ! Constatant l’échec de l’austérité, certains proposent pour s’en sortir le recours clair à l’inflation. D’autres proposent de ne pas rembourser les dettes publiques. Ils prétextent que cela s’est déjà fait et que l’économie est repartie par la suite. Après une guerre, l’économie repart aussi; pour autant, faut-il une guerre? Non, bien sûr! Relisez Bastiat, La Vitre cassée.L’alibi est que la dette serait détenue par les plus de 50 ans et que ce sont les jeunes qui paieraient le prix de la crise par un chômage considérable. Ils voient dans la crise une guerre des générations. Dresser les gens les uns contre les autres est une habitude du socialisme. Cette analyse est erronée. Les plus de 50 ans, puisqu’ils sont sur la sellette, ont travaillé, enrichi le pays, placé leurs économies et se sont constitué un patrimoine. Bien des personnes plus jeunes en font de même et épargnent. Ils sont conscients qu’ils doivent pallier les défaillances de l’Etat providence. Non seulement tous ces épargnants ne sont pour rien dans la crise qu’ils subissent eux aussi, mais l’épargne libre est un facteur de développement économique. L’Etat a sollicité les épargnants et a été bien content de les trouver pour financer ses gabegies, qui, elles, sont nuisibles au pays. Il faudrait maintenant qu’il ne tienne pas ses engagements en ne payant pas ses dettes ou en les payant en monnaie de singe. L’inflation ou décider de ne pas rembourser les dettes aboutit à un résultat final identique: l’épargne est détruite, l’épargnant ruiné. C’est de la spoliation légale. C’est une immense injustice, c’est immoral et c’est inefficace parce que les causes structurelles perdurent, ouvrant la voie aux futures crises. Les crises économiques n’ont rien d’inéluctable. Frédéric Bastiat comme Charles Coquelin ont montré dès le XIXe siècle qu’elles étaient dues aux interventions intempestives de l’Etat. Ce n’est pas aux individus de se sacrifier pour l’Etat, mais à l’Etat de se sacrifier pour les individus. Ceux qui doivent payer la crise, ce sont les politiciens, et la sanction doit être la limitation stricte de leurs pouvoirs. «Tous les intérêts légitimes sont harmoniques. Tous ceux qui adopteront ce point de départ, les intérêts sont harmoniques, seront aussi d’accord sur la solution pratique du problème social: s’abstenir de les contrarier et de déplacer les intérêts. Il ne faut pas étendre artificiellement la solidarité de manière à détruire la responsabilité; en d’autres termes, il faut respecter la liberté.» Frédéric Bastiat, Harmonies économiques, A la jeunesse française. L’objectif est l’excédent budgétaire, qui seul permet la diminution de l’endettement. Pour y parvenir, il faut créer des richesses et diminuer massivement les dépenses de l’Etat. Il faut la liberté économique qui permet croissance et prospérité. La vie prouve que la liberté économique est une source de prospérité et de paix, parce qu’elle tient très bien compte des motivations individuelles. Elle en tire parti au profit de tous. Elle ne saurait être réduite à son intérêt utilitariste. Elle est non seulement créatrice de richesses, mais elle satisfait pleinement à l’éthique: elle respecte les personnes, elle ne spolie personne. Selon la Heritage Foudation, qui publie tous les ans «The Index of Economic Freedom», la liberté économique comprend dix points: la liberté des affaires, la liberté du commerce, la liberté fiscale, le poids faible de l’Etat, la liberté monétaire, la liberté d’investissement, la liberté financière, les droits de propriété, l’absence de corruption, la liberté du travail. Elle cantonne naturellement l’Etat dans des limites strictes. Elle induit la réduction draconienne des dépenses de l’Etat qui se concentre sur ses fonctions régaliennes. Faute de rendre aux individus le libre choix de leur vie grâce à la liberté économique, la France et l’Europe vont droit dans le mur. Patrick de Casanove



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