La dictature fonctionnaire accélère

La dictature fonctionnaire accélère

Article paru dans " La Semaine du Pays Basque " du 24 février au 2 mars.

 

Année après année, les prélèvements obligatoires augmentent plus vite que l’inflation, les réglementations deviennent plus contraignantes et les services au public se réduisent.

A Paris, il faut attendre près de huit mois pour obtenir un passeport. A Saint Jean de Luz, c’est environ six mois. La solution : faire plusieurs centaines de km pour aller dans les Landes, on peut déposer un dossier.

L’antenne de la Sécu qui rendait d’excellents services aux Luziens est désormais fermée. Quant à l’URSSAF à Anglet, impossible d’y entrer, d’avoir rendez-vous et de rencontrer ou parler à un être humain. Envoyer un message à un ordinateur, il vous répondra peut-être, mais en attendant payez !

L’administration se transforme en armée d’occupation : craignant pour elle-même, on la comprend, elle s’enferme et se coupe progressivement de tout contact avec la population.

 

La surveillance totale en marche

 

Tous les dix-huit mois, le Pouvoir fait voter une nouvelle loi sécuritaire par des députés dociles. En 2020, le Conseil d’État a entériné l’utilisation des logiciels de reconnaissance faciale. En 2021, la « loi de sécurité globale » a autorisé la surveillance par drone de l’espace public. Officiellement, elle interdit de la coupler avec des logiciels de reconnaissance faciale, de la croiser avec les données personnelles et de filmer à travers la fenêtre de votre logement. Sauf bien sûr, dit la loi, si c’est autorisé par le préfet, c’est à dire par le Pouvoir lui-même !

 

En Mars 2023, les députés vont examiner un projet de loi sur les Jeux olympiques de Paris 2024 qui prévoit notamment d’expérimenter jusqu’en 2025 la vidéo-surveillance avec algorithmes pour repérer les mouvements de foules ou les comportements « anormaux ».

Ainsi le Pouvoir entend autoriser pour la première fois en France la mise en place de caméras « augmentées », fixes ou sur drones. Concrètement, des algorithmes permettront de repérer et signaler aux forces de l’ordre les mouvements de foule, des comportements jugés anormaux mais aussi « les situations présumant la commission d’infractions ». Bref tout le monde tout le temps. Jugés anormaux par qui ? Par les représentants du Pouvoir qui nourrissent les algorithmes en y introduisant leurs propres biais et leurs objectifs. Demain, le Pouvoir nous condamnera en s’appuyant sur la crédibilité supposée d’une intelligence artificielle qu’elle aura en fait programmée à sa main.

Merci le projet de loi sur les retraites qui détourne notre attention de l’installation par nos députés de la surveillance totale !

 

Certains en redemandent

Dans notre Pays Basque, des associations locales et de défense de l’environnement en redemandent. Elles en appellent à la puissance publique pour savoir si les deux « food-trucks » installés sur les terrasses du Carlos Beach à St Jean de Luz sont conformes à la réglementation. Il se trouve que le code de l’urbanisme, qui compte désormais plus d’un million de mots, n’offre pas de définition précise : un « truck » est-il un camion rutilant de chromes tirant un container de 35t à travers les grands espaces américains ou une estafette Renault dotée d’un comptoir de vente latéral ?

Le Pouvoir, ici le procureur de la République sur saisine de la commune, s’engouffre dans la brèche et demande la condamnation du propriétaire du Carlos Beach à 300 000€ d’amende. Ce triste conflit de voisinage pose la question de savoir jusqu’à quel point le Pouvoir doit régir chacun de nos actes, approuver à l’avance chaque entreprise. Car il convient de rappeler qu’un régime où le Pouvoir doit tout approuver, où tout est interdit sauf ce qui est autorisé, s’appelle une dictature. C’est le règne de l’arbitraire, la fin de l’état de droit.

Aujourd’hui en France, pour l’instant, tout ce qui n’est pas interdit est permis. Dans le doute, on est libre. Ça change tout. Même si on n’est pas d’accord avec son voisin, tout ce qui n’est pas interdit lui est permis.

 

Quelle défense de l’environnement ?

 

Les associations de défense de l’environnement, qui ont un magnifique rôle d’alerter sur les dangers civilisationnels que nous courrons, se trompent de combat. Car le plus grave danger pour notre environnement, pour notre capacité à mener une vie digne et libre ne vient pas d’une paire de food-trucks sur une falaise mais bien de l’État français.

La caste des fonctionnaires qui s’en est emparée a absorbé ou détruit tous les contre-pouvoirs. Décomplexée, elle accélère l’installation d’une dictature et de la surveillance totale : elle nous enferme pas à pas dans un hallucinant réseau de contraintes étouffantes exercées à distance au moyen d’ordinateurs à leur main. Désormais inaccessible, elle met patiemment en place l’asservissement des Français pour son plus grand profit.

 

Je ne sais pas si l’enfer sera climatique, mais à coup sûr l’État français le construit sous nos yeux.

Du même auteur : " Eloge des fonctionnaires qui fonctionnent "

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