Jacques Garello nous a quitté

Jacques Garello nous a quitté

Jacques Garello a donné sa dernière conférence mercredi 15 janvier sur un sujet essentiel à ses yeux : les liens entre libéralisme et catholicisme. Il l’a fait chez lui à Marseille, dans sa paroisse, au plus près du « terrain », selon le principe de subsidiarité, qui lui était cher. Il est mort le lendemain matin : cette conférence était donc son testament.

Deux mots en expliquent le sens : vérité et liberté.

La vérité :

Jacques a cherché toute sa vie la vérité et il l’a sans cesse partagée.

-Vérité de la foi. Il était croyant, ne le cachait pas, même dans ses articles de la Nouvelle Lettre ; vérité de l’Eglise, du Credo, du Christ « chemin, vérité et vie. »

-Vérité sur la nature humaine : Jacques avait une conception anthropologique complète, naturelle et chrétienne. L’homme, créé à l’image de Dieu, est fondamentalement libre, responsable, c’est à dire assumant les conséquences de ses actes, ayant le droit de propriété, droit naturel pour Jacques comme pour toute la doctrine sociale de l’Eglise, ces trois éléments assurant à l’homme sa dignité. C’est ce qu’il appelait son carré magique : liberté, responsabilité, propriété, dignité. Il aimait dire : « liberté des actes, dignité des personnes ». Pour lui, l’homme était créateur, créant ce qui n’existait pas encore, notamment en économie, tel l’entrepreneur chez Israël Kirzner ; l’homme était serviteur, car l’économie, c’est le service des autres, ce qui se rapproche des harmonies économiques de Frédéric Bastiat ; enfin, comme chrétien, Jacques savait que l’homme était pécheur, capable du bien, mais attiré vers le mal.

-Vérité enfin de la science économique, à laquelle il a consacré toute sa vie et qu’il nous partageait dans ses cours, conférences, articles, ouvrages…Une science dont il a su tirer toutes les conséquences théoriques et pratiques.

La liberté :

C’était l’autre volet essentiel pour Jacques, la liberté à laquelle il a consacré tous ses combats. Il aimait rappeler que Jean-Paul II disait que la liberté, prérogative essentielle de l’homme, devait s’appliquer à tous les domaines, y compris donc, bien entendu, à l’économie. Mais une liberté responsable, qui permet à l’homme d’être propriétaire des fruits de son activité, ce qui conforte sa dignité.

Vérité et liberté font alors penser à cette phrase qu’il aimait tant, dans l’évangile de Jean (8, 32) : « La vérité vous rendra libre ». Il avait compris que la vérité trouve son plein sens dans la liberté et que la liberté était le chemin le plus sûr vers la vérité.

Jacques aimait bien citer les scholastiques et en particulier l’école de Salamanque, car il savait, comme Hayek et les grands économistes, que cette école avait déjà tout compris des mécanismes économiques.

Mais il aimait avant tout citer Thomas d’Aquin et nous avions discuté d’une formule étonnante de Saint Thomas, formule un peu provocatrice, mais Jacques aimait bien parfois provoquer, qu’on trouve dans la Somme théologique (Ia, q. 44, a. 4, sol. 1) : « Ipse solus est maxime liberalis », Dieu seul est infiniment libéral.

En effet, Jacques avait compris que Dieu était l’être le plus libre et agissait toujours librement, par amour.

Il savait que Dieu avait créé le monde en toute liberté, par amour, que Dieu avait créé l’homme à sa ressemblance, librement, par amour, et que Dieu avait envoyé son fils, librement et que son fils Jésus avait donné sa vie librement, par amour pour nous.

Car Jacques avait compris que la finalité ultime de la liberté, c’était l’amour.

Aujourd’hui, Jacques est dans les bras de Dieu, Maxime liberalis. Je suis certain qu’auprès de Dieu, l’infiniment libéral, Jacques est pleinement chez lui.


 


 


 




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