Jacques de Guenin, un Homme Libre
La France pays des Francs, c'est-à-dire des « hommes libres ». Jacques de Guenin méritait bien ce qualificatif d’« homme libre »
Je l’ai rencontré pour la première fois lors d’une réunion des candidats antisocialistes lors de la campagne des législatives 1988. Je ne savais pas alors que nos destins allaient se croiser et que nous ferions un long chemin côte à côte.
Ce qui m’a marqué en découvrant Jacques fut son immense culture, sa grande humanité. Je découvris très vite que sa grande douceur et son immense compassion pour ses frères humains étaient servies par le caractère bien trempé d’un homme de convictions.
Il avait un esprit brillant, une intelligence très fine et une pensée très élégante qu’il mettait au service de la Liberté.
Il existe deux catégories de personnes :
Celles qui vivent de leur travail et qui respectent le mode de vie d’autrui, même si cela ne correspond pas à leurs idées.
Celles qui spolient leurs semblables. Parmi ces derniers la catégorie la plus redoutable est constituée par les adeptes de la spoliation légale bien moins risquée que la spoliation illégale. La première raison est qu’elle est légale… la seconde est qu’elle est présentée comme morale puisque effectuée au nom de l’intérêt général, de l’égalité, de la justice sociale.
Aveuglés par ce miroir aux alouettes bien peu de gens sont à même de démasquer cette perversion de la loi. Jacques faisait partie de ceux-là.
Son modèle et auteur favori était Frédéric Bastiat. Un jour, en visite à Mugron, ville où Bastiat vécut, il constata dépité que trop peu de gens savaient qui était Bastiat et encore moins connaissaient la pensée de l'homme qui écrivait :
"Liberté ! Voilà, en définitive, le principe harmonique. Oppression ! Voilà le principe
dissonant ; la lutte de ces deux puissances remplit les annales du genre humain".
Beaucoup de gens aspirent à la liberté. Beaucoup en sont aussi effrayés, Jacques ne l’était pas. Jacques était de cette « race » d’Hommes qui se lèvent et se battent. C’est donc à Mugron, devant le buste de Frédéric Bastiat, qu’il ramassa l’étendard de la Liberté. L’étendard est un enseigne de guerre. Jacques savait que la liberté se mérite et que c’est un combat quotidien. Il s’y engagea totalement avec courage et abnégation.
Les armes de son combat étaient :
Le Cercle Frédéric Bastiat qu’il fonda en 1990. le Cercle a organisé plus de 100 conférences depuis sa création et jouit d’une notoriété certaine. Il a fait publier par le Cercle les Œuvres complètes de Frédéric Bastiat avec de nombreux inédits. Il a eu le bonheur, quelques jours avant de mourir, d’apprendre que le 7ème et dernier tome était enfin paru.
La plume. Il a écrit plusieurs ouvrages les principaux sont en 2004 ATTAC ou l’intoxication des personnes de bonne volonté et surtout en 2006 Logique du Libéralisme traduit en plusieurs langues. Il écrivait aussi dans un grand nombre de sites libéraux.
En quelques lignes il a su parfaitement théoriser la pensée libérale qui l’imprégnait. Tout Jacques est dans cette citation :
« La morale libérale est une morale altruiste : elle enseigne le respect de la liberté de l'autre. Vouloir qu'un individu soit libre, c'est s'interdire d'obtenir quoi que ce soit de lui par la tromperie, le vol ou la coercition. S'il veut rallier quelqu'un à ses idées, le libéral n'utilise pas d'autres moyens que l'exemple ou la discussion. S'il veut obtenir d'un autre un bien ou une prestation quelconque, il ne procède que par un échange librement consenti. » Jacques de Guenin. Logique du libéralisme
Jacques était un grand Monsieur et un Homme bien. Je suis fier d’avoir été son ami.
Patrick de Casanove
06 décembre 2015.
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