Hommage à Bernard Zimmern

Un hommage à Bernard Zimmern

Bernard Zimmern vient de nous quitter. On ne peut manquer de lui rendre un très vibrant hommage car la manière dont il a conçu son parcours auprès de nous est un exemple rare qui mérite les qualificatifs les plus élogieux. Doué d’une très grande intelligence, et animé d’un esprit combatif exceptionnel, Bernard Zimmern a toujours voulu prendre lui-même son destin en mains. C’est ainsi qu’étant à la fois polytechnicien et ENA il a mené toute sa carrière sans recourir aucunement aux facilités que ces deux diplômes, les plus prestigieux qui soient dans notre pays, lui offraient pour accéder aux plus hautes fonctions dans notre société. Il a donc tout simplement débuté sa carrière en intégrant l’équipe de recherche opérationnelle de la Régie- Renault, à Paris, puis, s’intéressant aux problèmes de management des entreprises, il a rejoint, quelques années plus tard, la CEGOS, le cabinet de consultants le plus important à l’époque, en France, où il fut pendant une dizaine d’années le directeur du département « Recherche et Développement ». Ensuite, son esprit inventif et son goût du risque l’amenèrent à se lancer dans une carrière d’inventeur, et ce fut très vite un succès extraordinaire : il a été en effet l’inventeur du compresseur rotatif, une invention importante qui révolutionna ce domaine d’activité dans le monde . Il a été l’auteur d’un nombre considérable de brevets, et avec les royalties que ses licences lui procurèrent il créa aux États-Unis où il s’était finalement installé, en 1983, une fondation. Avec les ressources de cette fondation il revint sur la France, et ayant découvert aux États-Unis l’intérêt pour une société de disposer de think- tanks, c’est-à-dire des cercles de réflexion indépendants bien organisés, il finança la création et le développement de l’IFRAP ( Institut français pour la recherche sur les administrations publiques), qui est devenu l’un des plus importants think -tanks français, et qui est mené aujourd’hui par sa talentueuse élève, Agnès Verdier Molinié. Ayant passé la main, en 2012, à sa plus proche collaboratrice, après que l’ IFRAP soit devenue une fondation, Bernard Zimmern créa l’IRDEME (Institut de recherche sur la démographie des entreprises) ,puis, un nouveau think- tank : « Entrepreneurs pour la France », un organisme qui a l’originalité de réunir un certain nombre d’anciens grands dirigeants d’entreprises qui s’attachent à apporter dans les débats sur les problèmes que rencontre notre économie le fruit de leur expérience professionnelle. Bernard Zimmern était un esprit très créatif, un véritable « cerveau droit » selon la classification du neuropsychologue américain Roger Sperry, soucieux d’œuvrer en permanence et jusqu’à ses derniers moments pour le bien commun de notre pays. Il a été l’auteur d’une dizaine d’ouvrages dans lesquels il fit valoir, en permanence, le rôle clé des créateurs d’entreprise dans une société pour qu’elle soit dynamique et prospère, en fustigeant assidument les intrusions néfastes de l’ État dans le fonctionnement de l’ économie. On sait qu’on lui doit, entre autres, des ouvrages comme « La dictature des syndicats » et « Changer Bercy pour changer la France ».Enarque lui-même, et adepte d’une société libérale, il était contre l’énarchie. Ce fut un économiste, un inventeur, et un philanthrope. On se souvient qu’il parvint à déceler les failles de la thèse de Piketty, universellement admise, sur le creusement des inégalités aux États-Unis. Sur un plan personnel, ceux qui l’ont bien connu savent qu’il était un homme généreux, et ,malgré parfois des apparences pouvant être trompeuses du fait que son esprit réagissait avec une extraordinaire vivacité , un être bienveillant et toujours respectueux, comme par nature, des personnes qui étaient ses interlocuteurs, pourvu qu’elles soient de bonne foi. Sa disparition est incontestablement une grande perte pour notre société. Bernard Zimmern était mon ami. Claude Sicard Article paru sur Contrepoints le 23 août 2020 Le 10 octobre 1997 Bernard Zimmern était venu donner une conférence au Cercle Frédéric Bastiat. Elle portait le titre de son livre " Changer Bercy pour changer la France ". Tous les assistants en gardent un grand souvenir. C'était un Monsieur.  

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