En finir avec le socialisme : le libéralisme
En finir avec le socialisme : le libéralisme.
Nombreux sont ceux qui sentent plus ou moins confusément que le système français a échoué. Mais la confusion des idées est telle qu'on accuse souvent le libéralisme – ou même "l'ultralibéralisme" – d'être la cause des échecs actuels, alors que tous les gouvernements, qu'ils soient de droite ou de gauche, ont fait depuis plus de quatre décennies des politiques socialistes. Un seul système n'a pas été essayé : le libéralisme, qui serait pourtant le seul capable d'apporter des solutions satisfaisantes aux difficultés actuelles. C'est pourquoi il est essentiel de bien comprendre ce qu'est le libéralisme et de s'efforcer de le faire connaître.
1-Pourquoi le libéralisme ?
Il est justifié de recourir au libéralisme pour des raisons éthiques et pour des raisons pratiques. On peut tout d'abord souligner que le libéralisme est le seul système social à avoir un fondement éthique. En effet, il repose sur l'idée qu'une société d'hommes et de femmes libres est une société où l'on doit respecter les droits d'autrui. De ce point de vue le libéralisme a une portée potentiellement universelle. Imaginons en effet une société – si possible au niveau du monde entier – où personne n'essaierait par la contrainte de porter atteinte aux droits des autres. Cette société serait cohérente et pacifique. Chacun revendiquant seulement le droit d'agir librement dans le cadre de ses droits, les conflits seraient impossibles. Mais encore faut-il savoir comment sont définis les droits individuels et selon quel principe. Sans entrer dans le détail de la définition des droits, on peut préciser que les droits à respecter sont les droits légitimes des individus. Or il est justifié de fonder cette légitimité sur les actes créatifs des individus.
En effet, la liberté individuelle se définit comme le fait d'agir sans subir la contrainte d'autrui, ce qui peut s'exprimer en disant que l'homme est propriétaire de lui-même et non la propriété d'autrui (ce qui supposerait l'exercice de la contrainte). Or être propriétaire de soi-même c'est nécessairement être aussi propriétaire du produit de ses propres actions, de ses propres créations. Et bien entendu on peut légitimement utiliser soi-même, donner ou échanger ce dont on est propriétaire légitime. Il est d'ailleurs intéressant de remarquer que cette idée a été spontanément adoptée, par exemple, par le vieux principe juridique du droit du premier occupant : ainsi celui qui imagine une utilisation pour une terre jusque là inutilisée en est en quelque sorte le créateur et il en devient le légitime propriétaire.
On peut enfin souligner qu'il devient possible de définir les responsabilités légitimes de chacun une fois qu'on a défini précisément les droits légitimes de chacun. En effet, être responsable c'est supporter soi-même les conséquences de ses actes. Ceci implique que, dans le cas où l'on porte atteinte aux droits légitimes d'autrui, consciemment ou non, on doit réparer le préjudice qu'on lui porte.
Le respect des droits légitimes d'autrui - qui est le fondement du libéralisme – a donc une portée universelle. Mais par ailleurs tout individu peut considérer comme souhaitable de se comporter de telle ou telle manière avec autrui, c'est-à-dire qu'il se donne des devoirs spécifiques. Il peut, par exemple, décider d'être généreux avec tel membre de sa famille ou telle personne qu'il souhaite aider. Tout ceci relève de ce qu'on peut appeler la morale personnelle et doit être distingué de la morale universelle qui est la morale des droits légitimes. Cette morale personnelle est évidemment totalement respectable et le respect des droits légitimes d'autrui implique de respecter cette morale personnelle, à condition, bien sûr, qu'elle ne conduise pas à porter atteinte aux droits légitimes d'autrui. Ainsi, le don a une valeur morale lorsque le donateur utilise librement ce qu'il possède légitimement, mais pas lorsqu'il est effectué sous la contrainte (le fait qu'elle soit éventuellement légale ne la rendant pas pour autant légitime).
C'est pourquoi, contrairement à ce que serait une société parfaitement libérale, la social-démocratie est fondamentalement conflictuelle. Au lieu de laisser chacun décider ce qu'il souhaite dans le cadre de ses droits légitimes, les décisions sont de nature collective et elles conduisent à faire prévaloir les droits de certains (ou de certaines catégories de personnes) sur les droits des autres. Lorsque les dirigeants prétendent mettre en œuvre des exigences morales, ils le font aux dépens des droits de l'éthique universelle, en imposant des contraintes règlementaire ou en prélevant des impôts qui sont autant d'atteintes aux droits légitimes. En outre ces prétendues exigences morales sont en fait plutôt des alibis pour faire prévaloir les intérêts de certaines catégories d'électeurs aux dépens des autres. Tel est malheureusement bien souvent le véritable sens du terme "solidarité" si couramment utilisé dans le langage politique. Et c'est ainsi que l'Etat devient, comme le disait le grand Frédéric Bastiat, "cette grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde".
En plus de la justification morale du libéralisme il existe des justifications pratiques et en particulier les deux suivantes :
Le problème de l'information : Toute activité humaine est une activité intellectuelle car l'être humain utilise sa raison pour agir. Pour atteindre ses objectifs il recherche et il crée des informations, de telle sorte que l'on peut dire que toute activité productive est une activité de création d'information. C'est pourquoi la planification centralisée et l'interventionnisme étatique reposent sur des illusions, car aucun gouvernant, aucun bureaucrate ne devrait pouvoir prétendre qu'il est capable de se substituer aux millions – ou au milliards - d'êtres humains qui créent constamment de nouvelles informations. Friedrich Hayek a particulièrement bien démontré comment ce qu'il appelle l'ordre spontané – c'est-à-dire l'ensemble de décisions et d'actions de tous les individus qui se coordonnent librement entre eux – permettait au mieux aux individus de poursuivre leurs propres fins et leur permettait de jouir des avantages d'une société pacifique et ordonnée. On peut aussi souligner de ce point de vue le rôle important joué par la concurrence. En effet l'existence de concurrents incite les producteurs à innover pour pouvoir maintenir ou accroître leurs parts de marché. La concurrence – que l'on devrait définir comme la liberté d'entrer sur les marchés – est un facteur d'innovation irremplaçable. Or, l'action étatique est très généralement anti-concurrentielle puisque l'Etat s'arroge des pouvoirs monopolistiques pour ses activités. De ce point de vue on peut dire qu'il existe un coût caché considérable de l'interventionnisme étatique, à savoir qu'il est un frein à l'innovation. Et ceci est particulièrement grave lorsque l'Etat occupe la place qu'il occupe en France. Mais, malheureusement, la prétendue législation en faveur de la concurrence néglige de s'attaquer aux seuls vrais monopoles, les monopoles étatiques .
Le problème des
incitations : Il est bien connu que la discipline de la responsabilité incite les individus à faire le meilleur usage possible de leurs ressources, pour eux et pour autrui. Ce que l'on appelle les "supply-side economics" (économie de l'offre) – et qu'il me semble préférable, précisément, d'appeler l'économie des incitations - repose sur cette idée qu'il convient de laisser jouer les incitations individuelles. En termes concrets la production et l'emploi sont d'autant plus importants qu'ils sont le résultat du jeu libre des incitations de personnes responsables.
2- Les solutions libérales
La France étant, malheureusement, l'un des pays les plus socialisés du monde, il n'est pas étonnant qu'on y trouve la stagnation économique et le chômage, mais aussi un climat social très conflictuel et un sentiment généralisé de pessimisme pour le présent comme pour le futur. Les politiques censées résoudre les problèmes échouent parce qu'elles reposent sur une sorte de mécanique collectiviste et qu'elles ignorent les principes fondamentaux de l'action humaine (qui sont le fondement du libéralisme). En outre, bien souvent, non seulement elles échouent, mais elles sont à l'origine de ce qu'on appelle des effets pervers et donc de cercles vicieux (dont on ne pourrait sortir qu'en adoptant des politiques libérales) : les résultats d'une politique étant contraires à ce que l'on attendait, les gouvernements adoptent de nouvelles politiques également nuisibles dans le vain espoir de corriger les effets pervers précédents. L'interventionnisme étatique se renforce ainsi et les problèmes s'aggravent.
Prenons le problème de la croissance. Celle-ci est le résultat – non prévisible de manière précise – des actes innombrables d'un nombre considérable de personnes qui cherchent à améliorer leurs conditions de vie et qui inter-agissent (en créant et en diffusant de l'information). Mais ces actes humains sont fonction du rendement attendu et des risques qui y sont attachés. Or, l'interventionnisme étatique diminue le rendement des activités humaines par la fiscalité et par le coût des règlementations. Il accroit le risque du fait du caractère arbitraire des changements de fiscalité et de règlementations. Dans ces conditions, il ne faut pas s'étonner que le taux de croissance soit extrêmement faible en France depuis des décennies; et il ne faut pas s'étonner non plus que le taux de chômage y soit très élevé car la propension à travailler et à embaucher dépend, elle aussi, du rendement et du risque attendus.
Les gouvernements invoquent facilement la crise financière et économique pour se dédouaner de toute responsabilité. Mais il ne faut pas oublier que la mauvaise situation économique française est une situation de long terme et qu'elle n'est pas seulement la conséquence de la crise récente. Cette situation subsistera malheureusement aussi longtemps qu'on n'aura pas adopté des solutions libérales consistant à diminuer profondément le poids des impôts et à supprimer un nombre considérable de règlementations contraignantes et coûteuses.
Le fonctionnement du marché du travail donne un exemple particulièrement clair des cercles vicieux créés par les politiques socialistes. Ainsi, on prétend protéger les salariés, particulièrement dans une situation de chômage élevé, en rendant les licenciements difficiles. Mais les employeurs potentiels hésitent d'autant plus à embaucher des salariés qu'ils savent qu'ils auront du mal à les licencier s'ils ne leur donnent pas satisfaction. En outre, en forçant des employeurs à garder des salariés qui ne correspondent pas à ce qu'ils souhaitent, on crée un climat social défavorable dans l'entreprise, ce qui nuit à la qualité de la production. La protection des salariés a donc un effet pervers en accroissant le chômage, mais plus le chômage augmente plus les autorités publiques renforcent cette prétendue protection. Dans un monde de plein-emploi – ce qui serait le cas dans une économie libérale – le licenciement est moins dramatique pour les salariés, car ils trouvent facilement un autre travail, et ce sont au contraire les employeurs qui craignent de voir partir leurs meilleurs salariés, attirés par des offres plus alléchantes ailleurs. Dans ce cas, les salariés ne sont pas formellement protégés par la loi, mais ils sont en fait dans une situation de plus grande sécurité et de plus grande prospérité. Mais si les pouvoirs publics prétendent protéger les salariés c'est d'une part parce qu'ils ne comprennent pas les fondements de l'action humaine et, d'autre part, parce que, les salariés étant plus nombreux que les employeurs, ils sont tentés de donner d'apparentes satisfactions aux plus nombreux par démagogie électorale.
C'est pour les mêmes raisons qu'il existe un salaire minimum. Celui-ci – qui ne coûte rien aux politiciens – est en fait une barrière à l'entrée sur le marché du travail, en particulier pour les jeunes. Il vaudrait mieux pour ces derniers qu'ils commencent à travailler avec un salaire plus faible correspondant à leur faible productivité initiale et qu'ils puissent ainsi progresser dans leur carrière.
La crise financière et économique récente fournit un exemple éclatant des méfaits de l'interventionnisme étatique. Sans vouloir entrer dans les détails, elle a été fondamentalement la conséquence de politiques monétaires déstabilisantes. Plus profondément, elle a été provoquée par le fait que la destruction du capitalisme par l'interventionnisme étatique a réduit l'épargne et, en particulier, les fonds propres, c'est-à-dire les droits de propriété de nature capitaliste. Les autorités monétaires sont alors appelées à la rescousse pour permettre aux banques de distribuer des crédits de nature illusoire, en contrepartie de la création de monnaie. Malheureusement, cette crise a été le plus souvent interprétée - à tort – comme une crise du capitalisme et on en a tiré la conclusion que l'Etat devait intervenir pour permettre la sortie de crise. Il a donc accru ses dépenses et ses déficits publics – créant une crise de la dette après la crise financière – et les banques centrales ont de nouveau lancé des politiques monétaires expansionnistes (et destructrices). Ainsi, les crises financières et économiques créées par l'interventionnisme étatique sont à l'origine d'un accroissement de l'interventionnisme. Il y a donc, de ce point de vue également, un cercle vicieux de la politique économique.
Pour sortir des difficultés actuelles, il faut éviter évidemment les fausses solutions –pourtant souvent évoquées - par exemple la relance par la demande et la consommation - alors que la croissance demande de l'accumulation de capital, donc de l'épargne – le protectionnisme, l'expansion monétaire ou la sortie de l'euro. Une baisse profonde et rapide de la fiscalité – en particulier des impôts les plus "désincitatifs", tels que l'impôt progressif ou l'ISF – est nécessaire, de même qu'une vigoureuse politique de dérèglementation. On prétend souvent que l'actuel gouvernement socialiste s'est converti à ce qu'on appelle "l'économie de l'offre" et même qu'il est devenu "social-libéral". Ce n'est là qu'une illusion dangereuse.
Une seule voie est possible pour la France : sortir du socialisme et donc appliquer de véritables solutions libérales consistant à rendre aux individus leur pouvoir de décision et à respecter leurs droits de propriété en mettant fin ou en atténuant considérablement la spoliation fiscale dont ils sont actuellement victimes. Mais pour que ce miracle politique ait lieu il faut probablement que les idées justes soient mieux connues, mieux diffusées et mieux comprises. De ce point de vue le rôle des sites internet libéraux ou des cercles de pensée, tels que le Cercle Bastiat, est fondamental.
1 commentaire(s)
Robot Bastiat
[…] et le temps qui m’est imparti. Je commencerai donc par un rappel succinct des origines du libéralisme et de son rapport particulier à la loi et au droit. Ce sont des notions que chacun ici maitrise, […]