COVID, confinement et liberté
COVID, confinement et liberté.
Conférence Webinaire du 18 décembre 2020
Il faut différencier deux choses sur la COVID-19 : d’une part, l’épidémie elle-même, liée au virus SARS-coV2, qui relève de la médecine, et d’autre part, la crise sanitaire, catastrophe planétaire, et en particulier française, liée au traitement politique de l’épidémie. Cette crise a commencé en France le 12 mars 2020, et dès le 16 mars, nous étions « en guerre ».
Que sait-on sur le virus aujourd’hui ?
Si tout le monde peut être touché, il est cependant plus important de connaître sa mortalité, et plus particulièrement, qui en meurt. Cette infection est peu mortelle quand elle est bien prise en charge, et surtout très précocement. Les derniers chiffres parus font état d’une mortalité de 0,05 ou 0,06 % et d’une létalité de 0,2 voire 0,1 %.
Les personnes qui décèdent du coronavirus sont essentiellement des personnes âgées, des personnes fragiles et des personnes atteinte de ce qu’on appelle des comorbidités, c’est-à-dire des maladies complémentaires qui aggravent la situation, comme le diabète, une bronchopathie chronique obstructive, une insuffisance respiratoire, une insuffisance cardiaque, un cancer etc.
L’âge moyen de décès est de 84 ans, majoritairement des hommes, et en général les personnes décèdent au-delà de l’espérance de vie théorique à la naissance. Cette espérance de vie est de 79,6 ans en 2019 pour les hommes et de 85,6 ans pour les femmes. C’est donc une maladie qui ampute peu l’espérance de vie, et ce d’autant moins que les personnes âgées qui en décèdent ont des comorbidités, donc une espérance de vie déjà plus courte que la moyenne. Pour connaître l’espérance de vie des personnes en fonction des comorbidités, on utilise ce qu’on appelle des scores de Charlson : plus ces scores sont élevés, plus les probabilités de décès dans l’année sont importantes. Cela ne veut cependant pas dire qu’il n’ y a pas de personnes jeunes qui en décèdent, mais en général, peu nombreuses, elles souffrent de comorbidités. Si, pour quelques-unes, il n’y en avait pas de connues, cela ne signifie pas qu’il n’y en avait pas.
Peut-on éviter ces complications, ces décès ?
C’est possible, à condition de prendre en charge très tôt cette pathologie, et ce quel que soit l’âge de la personne. Il est important de laisser les médecins faire leur travail, c’est-à-dire de les laisser libres de prescrire les médicaments qu’ils souhaitent et de laisser aux patients la possibilité de choisir s’ils acceptent ou non un traitement. La prise en charge de la pathologie telle qu’elle l’a été, une confiscation aux médecins par l’État, a conduit au confinement.
Un petit mot sur la contamination d’Emmanuel Macron, survenue en décembre 2020 : il est intéressant de noter qu’Emmanuel Macron a été contaminé malgré le confinement, malgré les mesures barrières qu’on suppose qu’il a prises, ce qui veut dire que l’infection a sa dynamique propre et donc que confinement et gestes barrières ne suffisent pas à la contenir. D’autre part, on peut remarquer le principe du « faites ce que je dis, pas ce que je fais », c’est-à-dire que l’État peut nous conseiller de ne pas être plus de six à table, de ne pas recevoir de gens (ce qui relève de la vie privée), en se dispensant lui-même de suivre ses recommandations. Or pour nous, l’État doit être exemplaire dans ce qu’il fait.
Le 16 mars, suite à la prise en main de l’épidémie par les politiques, nous étions donc « en guerre ». Une guerre bizarre puisqu’ au lieu de conseiller de se défendre avec les moyens existants, le conseil a plutôt été de se terrer chez soi. Cette mesure de confinement général n’avait jamais été prise jusqu’ici dans toute l’histoire de l’humanité, la pratique jusque là étant plutôt la mise en quarantaine des personnes malades, à l’écart des personnes saines. Ce confinement a été possible parce que le gouvernement a travaillé par la peur, en martelant quotidiennement des messages angoissants truffés de chiffres inquiétants, annonçant des centaines de milliers de décès à venir par exemple. Instiller la peur permet ensuite au gouvernement de faire passer ce qu’il veut.
L’avenir proposé était donc de vivre dans un monde désinfecté et stérile, ce qui n’est pas vraiment vivre. Vivre, ce n’est pas être dans un état physiologiquement non-mort, ce n’est pas ne pas avoir de souffrances physiques le plus longtemps possible, et surtout ce n’est pas rester non-mort dans un système où nous n’avons plus de libertés, en particulier la liberté de rencontrer nos amis, de prendre dans nos bras nos familles. S’il n’y a pas ces moments simples de bonheur, ce n’est pas l’humanité. Un univers stérile est un univers inhumain.
La nécessité d’une prise en charge précoce
L’État ayant confisqué la prise en charge de l’épidémie, les médecins se sont vus interdire de prescrire les médicaments qu’ils souhaitaient. Le choix de confiner n’est pas un moyen médical mais un moyen politique, et les médecins n’ont pas eu la possibilité d’utiliser les moyens médicaux, surtout en traitement précoce. Le traitement médical précoce le plus essayé et mis en pratique était basé sur le recours à l’azithromycine et l’hydroxychloroquine, mais, non reconnu officiellement, il a été interdit aux médecins. Le confinement n’est pas un moyen médical, et ce n’est pas parce que des médecins l’ont réclamé qu’il le devient. Les médecins en revanche restent des êtres humains qui peuvent être inquiets et avoir peur de la situation.
Ce qui est intéressant de regarder, c’est que certes, le virus est nouveau, mais la manière médicale de prendre en charge les épidémies repose sur des principes très simples, connus depuis le XIXe siècle : protéger les plus faibles, dépister les malades, les mettre à l’écart et les soigner, ce qui est fait très naturellement par les médecins traitants. Il est aussi intéressant de constater que cette décision de confinement a été prise à un moment ou l’humanité n’a jamais été aussi puissante, développée technologiquement, scientifiquement, matériellement et médicalement pour prendre en charge les épidémies. Le seul outil proposé a donc été le confinement. Des gens sains ont été assignés à résidence et mélangés avec des malades, on leur a interdit de travailler, de se soigner etc. C’est la première fois que l’État intervient si profondément dans la vie privée. En France aujourd’hui, tout tourne autour du confinement. On ne discute plus de sa pertinence mais éventuellement de la manière dont on peut l’alléger. Or c’est bien de la pertinence du confinement qu’il faut parler.
L’État s’est interdit une prise en charge correcte.
On dit aussi que l’État n’avait pas d’autre choix, ce qui n’est pas vrai. On a vu qu’en traitant de manière précoce l’épidémie, on obtenait de bons résultats. L’État s’est interdit tous les autres choix disponibles.
Quand nous avons été confinés, le prétexte a été d’éviter la surcharge des hôpitaux, en particulier des services de réanimation, et de protéger les personnes âgées. Or enfermer tout le monde n’est pas le moyen le plus pertinent pour protéger les personnes à risque et éviter la surcharge hospitalière. En traitant les personnes tôt, moins de personnes iront à l’hôpital.
On peut considérer que c’est une maladie de médecine de premier recours,qui, prise en charge et traitée précocement par des médecins généralistes, donne moins de complications, donc moins de personnes dans les hôpitaux, et donc moins en réanimation. Il faut noter que la réanimation a fait des progrès, avec la possibilité de prendre en charge à domicile les personnes qui autrefois étaient en réanimation, grâce à l’oxygénothérapie à haut débit.
Enfin, on peut aussi créer des lits en réanimation. Certes, créer un lit est facile, créer le personnel qui va avec est plus compliqué, mais quand on a plusieurs mois devant soi on a la possibilité de former des praticiens à une prise en charge de maladies plus lourdes que d’habitude. Les médecins généralistes sont un peu les couteaux suisses de la médecine, ce sont des personnes aptes à faire beaucoup de choses donc on peut les inciter à prendre en charge des patients plus lourds que ceux qu’ils prennent en soins d’habitude.
Confinement meurtrier
Le résultat du confinement n’a pas été à la hauteur des espérances puisqu’il y a eu beaucoup de décès, dont certains ont été liés au confinement lui-même, avec des personnes atteintes du coronavirus qui n’ont pas été soignées assez tôt, des personnes qui auraient dû être soignées et qui ne l’ont pas été, des personnes dont les pathologies n’ont pas été diagnostiquées etc. Et maintenant ce qui apparaît aussi, ce sont tous les dégâts psychologiques sur les personnes actives qui ne peuvent plus travailler, et ce dans beaucoup de secteurs (restauration, monde du spectacle et de la culture en général etc., la liste est longue).
Ce confinement en dit long sur notre système de santé, qui n’a pas été suffisamment résilient et préparé pour pouvoir encaisser une épidémie telle que celle du SARS-coV2. C’est assez inquiétant car ce n’est pas la première épidémie que l’humanité affronte, mais c’est la première que le politique traite par un confinement, au prétexte que le système de santé ne pouvait pas faire face. C’est cette présomption qui est inquiétante : depuis plusieurs années, la gestion du système de santé est une gestion comptable et administrative, on a supprimé beaucoup de lits, avec pour résultat l’absence de marge de manœuvre.
Notre société est malade
Cette crise révèle aussi beaucoup sur notre société, qui s’est révélée extrêmement fragile puisqu’elle-même a eu du mal à encaisser le choc. Elle s’est vite soumise aux directions de l’État et s’est retrouvée perdue, sans repères. Enfin cela en dit long sur notre système politique, qui est extrêmement centralisé, où en pratique, une seule personne décide et dont on attend « la voix » pour savoir ce que l’on doit faire. C’est assez étonnant quand on considère un pays démocratique où les gens doivent être responsables d’eux-mêmes. Être suspendu aux décisions d’une autorité centrale est alarmant, et quand cette autorité conduit à une privation de plus en plus importante de libertés, nous arrivons à un système totalitaire.
La liberté est un droit naturel pour Frédéric Bastiat, l’homme est naturellement libre, et vivre sans liberté, ce n’est pas vivre. En supprimant la liberté, l’État montre qu’il ne respecte pas les Français, qu’il ne respecte pas leur travail, qu’il ne respecte pas la transmission de leurs savoirs, qu’il ne respecte pas leur projet de vie et que les personnes ne peuvent plus disposer de ce qui leur appartient. Ils ne peuvent pas disposer du fruit de leur travail, ils ne peuvent pas assumer leurs responsabilités. La responsabilité, c’est être libre de choisir ce que l’on veut faire et ensuite de l’assumer. La responsabilité est un acte libre. Tous les pays n’ont pas géré l’épidémie avec un confinement, les pays asiatiques en particulier, et ils s’en sont mieux sortis. Quand on respecte les droits naturels, on s’en sort mieux au niveau épidémique.
Bien gérer une épidémie
Bien gérer une épidémie, c’est préserver l’activité économique, laisser les gens libres de vivre leur vie et avoir en même temps un système de santé qui est suffisamment solide pour pouvoir encaisser le choc épidémique. Il faut qu’il y ait une mortalité faible et une économie qui tourne. Si on sacrifie la liberté, ou l’économie, et qu’on se retrouve avec un nombre de morts plus important que prévu, la prise en charge est ratée.
Que pourrait-on faire ? Il faut dans un premier temps que le côté médical reprenne le contrôle de la gestion de l’épidémie. Il faut laisser les médecins reprendre en charge l’épidémie sans que l’État se mêle des prescriptions. Ensuite, il faut s’assurer que notre système de santé puisse s’occuper de tous les malades. Il faut prendre en charge les malades de manière précoce, les soigner, et laisser les autres personnes tranquilles, avec la responsabilité de gérer leur vie : si une personne n’a pas assez confiance et souhaite rester chez elle, alors elle y reste ; si une personne a confiance et souhaite aller au restaurant ou au cinéma, alors elle y va et respecte les geste barrières. C’est de la responsabilité. Il n’y a pas besoin de fermer les commerces, les restaurants, si les gens sont responsables de leur vie. Les personnes fragiles ont elles aussi le droit de décider si oui ou non elles souhaitent voir leurs proches par exemple, d’être libres d’assumer leur choix de vie. On ne peut pas priver de liberté des personnes qui sont malades ou fragiles au prétexte qu’elles ont des fragilités.
Si les confinements s’enchaînent comme seuls moyens de traiter l’épidémie, avec une économie déjà affaiblie, la France ne sera jamais en état de supporter d’autres épidémies ou d’autres catastrophes. Le moyen choisi est délétère, tue le pays et détruit complètement les gens.
L’État doit se limiter à protéger les Droits Naturels
Pour Frédéric Bastiat, l’État doit se concentrer sur la protection de la liberté, de la propriété et de la personnalité, donc se concentrer sur ce qu’on appelle les fonctions régaliennes. Bastiat ajoute qu’il peut aussi s’occuper de quelques fonctions qui sont au-delà des capacités individuelles. La question qui se pose est est-ce que la gestion d’une épidémie peut-être en partie étatique ? Les libéraux les plus durs diront que non, mais si on écoute Bastiat, on peut dire oui à partir du moment où on considère que ça peut rentrer dans la fonction de sécurité. On peut par exemple confier cette gestion à un corps particulièrement sollicité dans les missions de sécurité, à savoir l’armée. Le Service de santé des armées a un régiment médical et un régiment NRBC, ce qui est très peu. Si on veut donner une marge de manœuvre à l’État et rester dans le régalien sécurité, on pourrait très bien confier à un service de santé « musclé » la prise en charge des coups durs comme l’armée a l’habitude de le faire.
La liberté est un principe et on ne recule pas sur les principes.
Il faut défendre la liberté, la responsabilité et le libre choix des gens. Il faut arrêter de gouverner par la peur. Il faut que l’État cesse d’infantiliser les gens. Les Français sont des adultes responsables. Il faut que la politique cesse de vouloir se mêler de ce qui ne la regarde pas et se concentre sur ce qui la concerne vraiment, à savoir la fonction régalienne, la sécurité et la justice. Il faut rétablir la confiance et donc rendre aux Français leurs libertés.
Si les Français retrouvent l’espoir, ils retrouveront la confiance, notamment dans la vie. Ils pourront recommencer à bâtir des projets de vie, à avoir des rêves. Il faut être conscient que retrouver la liberté est tellement important qu’il ne faut jamais renoncer à se battre pour elle.
Patrick de Casanove
18 décembre 2020
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