De la défense de l'environnement à l'écologie, histoire d'une perversion

De la défense de l'environnement à l'écologie, histoire d'une perversion

Voyage au cœur du cyclone Écologie, dans l'antre d'un démiurge en fin de vie.

Par Bertrand Alliot

 

Conférence donnée lors du déjeuner débat du 13 mai 2023

Je suis très heureux de me trouver au cercle Frédéric Bastiat.

 

Je me présente : auvergnat vivant à Paris, j’ai une thèse en Sciences Politiques, une formation

d’environnementaliste, terme qui a disparu actuellement, et je suis un passionné des oiseaux depuis mon enfance. J’ai été 30 ans adhérent de la Ligue de Protection des Oiseaux et 15 ans un de ses administrateurs. Ses 60 000 membres en font la plus grande association de protection de la nature en France, avec 300 salariés.

 

J’ai démissionné du Conseil après qu’on m’a eu reproché d’avoir donné une interview à ’’Valeurs actuelles’’. La politique envahit tout, ce qui m’a déplu, d’où ma décision.

Je suis actuellement. porte-parole de l’association « Action Écologie » qui lutte pour l’écologie tout en évitant le catastrophisme ambiant. Vous pouvez regarder son site en tapant son nom.

 

Actuellement nous essayons de réinformer la population inondée d’éléments erronés, par les médias de grands chemins, comme on dit. Nous défendons l’idée que l’écologie est compatible avec le respect de notre art de vivre.

Dans cet esprit, j’ai fait une conférence il y a un mois, au congrès de la Fédération des chasseurs des Landes.

 

Je suis chroniqueur dans une revue écologique ’’Transition Énergie’’.

Enfin, j’ai publié il y a 3 ans un livre d’anthropologie sur l’espèce humaine à travers l’écologie ‘’Une Histoire naturelle de l’homme’’ que vous trouverez ici.

 

Merci de m’avoir envoyé des textes de Frédéric Bastiat, que, malgré ma thèse de Sciences Politiques, je ne connaissais pas. Contrairement aux productions de cette discipline qui sont souvent obscures et sans grand intérêt, sin pamphlet ‘’ La Loi’’, que j’ai lu, est très bien écrit, clair et percutant.

J’aimerais le citer : « l’État doit garantir la liberté. Dans un tel État le bien-être serait plus également réparti….Nul ne songerait à accuser des souffrances inhérentes à l’humanité le gouvernement qui y serait aussi étranger qu’il l’est aux variations de la température ». Ceci est savoureux dans le contexte actuel où l’État veut gérer le climat terrestre.

 

Bastiat poursuit d’ailleurs : « Sinon la législation deviendrait le champ de bataille de toutes les rêveries et toutes les cupidités. » ce qui est le cas dans l’écologie actuelle, rêverie et cupidité.

Mais ici Bastiat tombe dans le piège de tout auteur de sciences humaines : il a une théorie pour changer l’homme. Il faudrait être comme un naturaliste : si je veux observer des mésanges bleues, je n’essaierais pas d’essayer de modifier leur comportement.1

 

 

Après ces quelques mots sur Bastiat que vous m’avez fait découvrir, revenons à l’écologie.

Pour moi elle est à un tournant, ce tournant dont nous ne connaissons pas la durée, vue à travers notre espérance de vie, assez courte finalement.

L’écologie occupe le devant de la scène, et en tant qu’observateur, je dirais que nous sommes dans une crise mystique, religieuse, de l’écologie. Le dogme mis en place n’accepte pas le doute, à plus forte raison la contradiction. Cette religion a démarré au XIXe siècle sur la base de l’émerveillement des observateurs devant la beauté de la nature qu’on explorait dans le monde., pendant que, en Occident, l’industrie se développait par ailleurs et dégradait cette belle nature.

Ils en conclurent que l’aventure humaine allait mal finir. Pour eux, l’humanité va disparaître au terme de ce processus.

 

Comment définir l’écologie actuelle : les écologistes constatent une crise, qui nécessite une politique de salut publique, toute affaire cessante, en oubliant le reste, vu l’urgence.

Ainsi le petit Ministère de l’environnement qui s’occupait de problèmes de conservation de la nature, a grossi considérablement en récupérant les Transports, puis l’Énergie, le Logement. On voulait même y mettre l’Agriculture.

 

Si nous voulons arrêter cette inflation, il faut absolument mettre en cause le diagnostic. Mais les élites politiques, administratives, économiques, les associations, n’osent pas.

Sinon nous allons entrer dans une période de récession, puisque l’écologie c’est la lutte contre le CO2, le gaz de la vie. Les écologistes ne croient pas aux technologies d’adaptation, ce qui serait contraire à leur religion fondamentale.

 

En plus des politiques publiques écologistes, il existe aussi des activistes privés qui sont des survivalistes, comme M. Yves Cochet, Vert de gauche, qui a organisé son monde autour de lui avec sa maison, sa famille, sa mare, ses végétaux. Même chose à droite, mais avec un fusil pour se défendre, dans l’exemple américain.

 

L’écologie n’a pas changé depuis le XIXe siècle, mais elle a conquis le pouvoir chez les élites depuis une vingtaine d’années. L’environnement a disparu en fait, de la scène, car il voulait réduire les pollutions, les nuisances et les risques, corriger des effets pervers. De même on ne parle plus de développement durable car ce mouvement considère qu’il n’y a pas de crise (green washing).

 

Pourquoi l’écologie a-t-elle gagné ? Par l’affaiblissement des religions en Occident, ou par besoin d’un grand récit mythique comme l’humanité les a toujours aimés

Pourquoi cette conquête des élites ? Il y avait eu, il y a quelques décennies, une alerte sur le danger démographique, mais cela n’a pas marché. Par contre le sujet de la météo, avec ses informations incessantes et universelles, a pu réalimenter le mythe de la catastrophe, en sélectionnant les cas qui confirment la théorie écologiste et en écartant les autres. De même avec le rôle du CO2, notion facile à comprendre, mais difficile à quantifier pour le public.

Des voix s’élèvent cependant contre la thèse anthropique, comme l’un des derniers prix Nobel de Physique, John Clauser.

 

La responsabilité des médias dans le blocage de l’opinion est énorme : exemple aux pôles, où les premières mesures ne datent que 1979. Al Gore, Prix Nobel de la Paix avait dit en 2007 qu’en 2014, il n’y aurait plus de banquise au pôle Nord en été. En fait il y a toujours une surface supérieure à 8 fois la surface de la France.

Les médias insistent sur les phénomènes climatiques exceptionnels, mais leur nombre n’a pas augmenté. Je suis persuadé qu’il n’y aura pas de catastrophe climatique.

Je cite souvent l’exemple de Macron passant à la télévision pour le 2eme confinement qui nous dit : « Quoique nous fassions, il y aura 9000 personnes en réanimation dans un mois », inspiré sans doute par une note d’un scientifique. Il y en eu la moitié. Or le Covid est une maladie connue, sinon complètement maîtrisée. Par contre, le climat est chaotique et impossible à prévoir au-delà de quelques jours. Le nombre de paramètres est hallucinant et nous ne savons pas le gérer.

 

Conclusion : si la catastrophe est imminente, il faut décroître, et organiser cette décroissance. En outre, seul l’Occident, et encore, est prêt à cette solution d’où le faible impact de tout effort des pays développés, devant le refus du reste du monde.

Si l’état du monde ne change pas fondamentalement, rien ne changera. Les milliards de dollars qui se déversent en action écologique sont déversés pour rien. Le problème fondamental est que l’évaluation de ces actions est impossible.

 

La contestation est en grain de se mettre en place sur le web. Si le problème climatique fait un flop, que devient l’écologie ? Heureusement pour ses promoteurs, il y a des sujets de substitution.

 

Ainsi, la biodiversité : il y aurait un effondrement de la biodiversité, du nombre des espèces. En Europe, où les données sont claires, on connaît des chutes de population : ainsi les hannetons, les hirondelles. Mais quel est l’impact pour la nature ? En fait il y a un retour de beaucoup d’espèces, les ongulés sauvages, sangliers, chevreuils, cerfs. Les cigognes blanches ont été multipliées par 6 en 30 ans. Le castor, la loutre, le loup d’Europe se multiplient. Si des papillons disparaissent, le moustique-tigre prospère, comme les guêpes. Il faut constater l’incroyable capacité de la nature de reconquérir des espaces perdus. Les oiseaux réoccupent en ce moment les carrières dont l’exploitation est abandonnée.

 

Autre sujet de substitution : l’eau, sujet sensible dans le Sud-Ouest. En fait il y a des cycles, car ici l’eau sera toujours ici un problème. Comme au Cap, en Afrique du Sud.

Pourquoi ces théories catastrophistes ont réussi. Il nous faut parler du GIEC, comme il faudra parler de son pendant en biodiversité qui est en train de se mettre en place.

Le GIEC est devenu « La Science », mot inquiétant pour un esprit scientifique où le doute et la contestation des idées reçues est la règle.

 

Y aurait-il une oligarchie qui veut gouverner seule ? Peut-être ?

Autre explication : ’’ le Morel’’ de Romain Gary dans ‘’Les racines du ciel’’ qui veut défendre les éléphants et qui fait un tel battage qu’il devient connu du monde entier, grâce au battage des médias. Des gens profitent de Morel, ici les nationalistes africains.

Aujourd’hui, en profitent certains : par exemple Jean-Marc Jancovici qui vend des bilans carbones à tour de bras.

 

En conclusion, je pense que la contestation de ce mythe a démarré. On reviendra à la politique d’environnement, qui est une gestion du quotidien qui permet de participer et donc de contrôler l’action.

 

Je vous remercie

 

1 Note du Cercle Frédéric Bastiat sur ce sujet : Bastiat n’a pas de théorie pour changer l’Homme. Il prend l’Homme tel qu’il est. Il définit l’économie politique comme « une science toute d’observation ». Il laisse bien mésange bleue tranquille.

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