La véritable démocratie ne peut être que la liberté
Par Finn, décembre 2024
Avec l’avènement de la démocratie représentative il y a plus d’un siècle dans la plupart des pays occidentaux, il était commun de croire que le « règne de quelques-uns » serait relégué aux oubliettes de l’Histoire. Cela n’a bien sûr jamais eu lieu, comme l’a compris au fil des décennies, une partie toujours plus grande de la majorité dirigée. L’oligarchie occidentale au pouvoir est devenue plus visible qu’auparavant, trop imprudente dans ses tentatives d’imposer son programme mondialiste au monde.
L’illusion de la démocratie représentative s’est également estompée à mesure que les conditions sociales et économiques se sont dégradées en Occident. D’un côté, les politiques monétaires et migratoires, mises en œuvre sur le long terme et sans légitimité démocratique, affectent jusqu’à la stabilité sociale et culturelle des sociétés occidentales. De l’autre, le processus démocratique lui-même a contribué à la croissance de l’interventionnisme étatique pendant plus d’un siècle, avec des effets désastreux.
Pour ces raisons, la démocratie représentative ne peut certainement pas être associée à la liberté, malgré les idées reçues. Cela reviendrait à reléguer au second plan l’essence de la liberté, à savoir la protection des droits de propriété. La démocratie n’est pas un rempart contre la violation de la propriété privée, au contraire. Comme l’écrivait Ludwig von Mises dans « Nation, Etat et Economie » (1919), « la démocratie est le meilleur moyen de réaliser le socialisme ».
En réalité, le système politique connu sous le nom de démocratie représentative n’est pas « démocratique » au sens étymologique de « règne du peuple ». Un véritable règne populaire ne peut jamais être instauré par un système politique ; le peuple ne peut gouverner que lorsqu’il est individuellement libre, politiquement et économiquement. Telle devrait être la véritable définition de la « démocratie ».
La véritable démocratie est le droit à l’autodétermination
Politiquement, le règne du peuple ne peut signifier que le droit à l’autodétermination. Mises le définissait ainsi : « La démocratie est l’autodétermination, l’autogouvernement, l’autogouvernance. » Mais il précisa que l’accent est mis sur l’individu : « Il ne s’agit pas du droit à l’autodétermination d’une unité nationale délimitée, mais du droit des habitants de chaque territoire à décider de l’État auquel ils souhaitent appartenir. »
En d’autres termes, les individus devraient avoir le droit de faire sécession d’un État, politiquement et légalement, s’ils le souhaitent. Ainsi, une véritable « démocratie » signifie aussi le droit à la sécession ; la liberté politique augmente pour toute minorité, région ou ville qui a le droit de décider de ne pas être gouvernée par une État-nation particulière.
La sécession pourrait naturellement conduire à l'indépendance de l'entité qui se sépare. Une telle autodétermination totale, notamment au niveau régional ou communal, constituerait un pas important vers la liberté pour les parties concernées, car les petits États sont généralement plus libres et plus riches que les grands, comme le montre le cas plutôt extrême du Liechtenstein .
La transition vers une telle autodétermination à partir de sociétés largement centralisées n’est évidemment pas simple. Une première étape pourrait consister à renforcer le principe de subsidiarité et la décentralisation fiscale.
Une sécession effective entraînerait probablement des problèmes épineux de revendications de propriété privée et d’éventuelle relocalisations volontaires d’individus qui refusent la sécession. L’obstacle politique est de taille : même si des sécessions ont lieu, de telles initiatives sont généralement violemment repoussées par l’État en place, y compris dans les « démocraties représentatives ». Et lorsqu’elles réussissent, c’est souvent avec le soutien intéressé de forces politiques extérieures.
La vraie démocratie, c'est le marché libre
Sur le plan économique, le pouvoir du peuple ne peut exister que dans le cadre d’un marché libre, où les échanges se déroulent sans aucune interférence de l’État. C’est ce que Mises appelle dans L’Action Humaine (1949) la « démocratie du marché ».
C'est l'intervention de l'Etat sur le marché qui donne le pouvoir politique à la minorité dirigeante et qui restreint de multiples façons le développement et le progrès de la société, notamment au niveau individuel. La majorité ne peut donc avoir d'influence accrue sur la direction de la société qu'en limitant ce pouvoir politique. Une augmentation de la liberté, c'est-à-dire davantage d'échanges volontaires et non forcés, nécessite donc une réduction du pouvoir de l'Etat sur la société.
Le marché libre est le seul ordre social basé sur la souveraineté populaire, entendue comme le droit de choisir. Seule l’économie de marché permet de prendre en compte les choix de millions d’individus, non pas une fois tous les deux ou trois ans dans les urnes, mais tous les jours, des dizaines voire des centaines de fois par jour pour chaque individu. Comme l’écrivait Mises, « le capitalisme est l’accomplissement de l’autodétermination des consommateurs ». La véritable démocratie ne peut donc exister que dans le marché libre.
Conclusion
Ces deux descriptions de la démocratie véritable, à savoir le droit à la sécession et le libre marché, représentent les deux faces d’une même médaille : l’autodétermination de l’individu au niveau politique et économique. La vraie démocratie ne peut donc être que la liberté, au sens de l’absence d’intervention de l’État dans la société.
Il est clair que la réalisation de cette véritable démocratie où que ce soit aujourd'hui serait pour le moins difficile. En effet, elle ne se réalisera peut-être pas sous les formes pures décrites ci-dessus. Cependant, même d'un point de vue pragmatique, une plus large reconnaissance par les majorités des principes et des avantages de l'autodétermination est devenue absolument nécessaire.
L’impasse étatique et le malaise social dans lesquels se trouvent actuellement les sociétés occidentales rendent urgente la compréhension de cette autre signification de la démocratie. L’opinion publique ne peut pas aujourd’hui être favorable à la liberté en raison de la restriction de la circulation des idées de liberté dans la société, combinée à la propagande étatiste dominante.
La dégradation des conditions économiques et politiques va de pair avec une crise majeure ou des violences politiques, voire les deux, qui peuvent rendre populaire l’idée selon laquelle la véritable démocratie ne peut être que la liberté. La période d’incertitude actuelle représente donc un risque de contrôle encore plus strict par le haut, mais aussi une opportunité de liberté qu’il faut saisir.
Article précédemment paru sur Mises Institute
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